Biocarburants ou, comment affamer la planète

Notre planète s’essouffle et n’arrive plus à faire face. Les énergies fossiles s’épuisent, le réchauffement climatique un réel problème et l’environnement est devenu une priorité.
biocarburants
Certaines consciences se réveillent mais n’est-il pas trop tard ! Les chercheurs tentent donc de trouver des solutions alternatives entre autres au pétrole. De nouvelles sources d’énergies apparaissent que l’on nomme biocarburants, un nom qui ne révèle en rien un caractère biologique, nous pourrions les appeler les agrocarburants tout simplement car ils proviennent de la transformation de plantes spécifiques en culture.
Et si ces nouveaux carburants étaient aussi néfastes à l’environnement et pas forcément écologiques et au contraire une grave menace masquée de vert !

Qu’entend-on par biocarburant
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Un biocarburant ou agrocarburant, est un carburant produit à partir de la biomasse végétal composée de matériaux organiques non fossiles.
biocarburantsLes biocarburants que l’on propose d’adopter sont tout d’abord la filière huile et ses dérivés appelé le biodiésel (obtenu à partir de plantes oléagineuses) et la filière alcool appelé l’éthanol (obtenu à partir de la fermentation de cellulose, d’amidon ou de lignine hydrolysée (un des principaux composants du bois). Parmi les nombreuses cultures qui s’adaptent à cette fin figurent le soja, le maïs, le colza, l’arachide, le tournesol, le palmier à huile, la canne à sucre, le peuplier et l’eucalyptus.
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L’expression « biocarburant » vient du grec « bios » qui veut dire vie, vivant et de carburant spécifiant son origine à partir de matériaux organiques (biomasse) à l’inverse des carburants obtenus à partir de ressources fossiles.
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L’expression « agrocarburants » est cependant privilégiés par certains scientifiques en opposition au préfixe « bio » utilisé pour la production de l’agriculture biologique. Que ne ferait-on pas avec le préfixe « bio » pour se déculpabiliser !
Certains courants écologistes puristes quant à eux les ont tout simplement baptisés les « Nécrocarburants » afin de dénoncer les risques écologiques et sociaux engendrés par le développement intensif de ces nouveaux carburants à l’échelle de la planète.
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La gloutonnerie de consommation d’énergie des pays du Nord n’est pas prête de s’arrêter, leur seul problème : trouver des terres agricoles pour produire la matière première nécessaire à l’élaboration des biocarburants, où se tourner si ce n’est vers les pays du Sud, encouragés par les divers gouvernements qui prônent la création d’emplois, mais le revers de la médaille est dur pour les populations.
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biocarburantsAprès le déboisement s’ajoutent les émissions découlant de la culture, le traitement et le transport des biocarburants, qui se font surtout à base de pétrole et d’autres éléments émetteurs de gaz à effet de serre : la fabrication des machines utilisées, le carburant utilisé pour les faire fonctionner, la production et l’utilisation d’engrais et de produits agrochimiques toxiques, de nombreuses espèces végétales sont oléifères comme le palmier à huile, le colza, le jatropha ou le ricin. Les rendements à l’hectare varient d’une espèce à l’autre. L’huile est extraite par pressage (écrasement) à froid, à chaud, voire (pour un coût plus élevé) avec un solvant organique ; l’utilisation de camions et de bateaux pour les transporter jusqu’à destination, etc. Autrement dit, le bilan net du carbone dans les zones consacrées à la production de biocarburants risque même d’être négatif, augmentant ainsi la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; or, c’est précisément cela que l’on prétend éviter.
En définitive, non seulement l’utilisation de biocarburants ne résout pas le problème du changement climatique mais elle implique d’aggraver encore d’autres problèmes également graves
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La production du Brésil en éthanol a bondi de 22 % entre 2006 et 2007. Environ 15 % de cet éthanol est destiné à l’exportation, le reste étant consommé par les 3 millions de voitures sur les routes du pays qui peuvent carburer au E100 (100 % éthanol).
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L’éthanol est obtenu à partir de la fermentation des sucres plus précisément à partir de la bagasse pour la canne à sucre, résidu fibreux restant après le broyage des tiges.
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Bon marché et peu polluant les avantages découlent également du fait que 75 % de la canne à sucre destinée à produire de l’éthanol est coupée à la machette.
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Plus d’un demi-million de travailleurs œuvre dans ce secteur extrêmement éprouvant physiquement, au point où 21 d’entre eux sont morts sur les lieux de travail depuis 2004, très probablement d’épuisement, rapporte Bloomberg. La plupart d’entre eux étaient pourtant âgés entre 25 et 35 ans. Les accidents du travail sont innombrables, 83 000 entre 2005 et 2008. Les salaires alléchants deux fois plus élevés que ceux des travailleurs agricoles sans formation, ceci explique cela… acceptation de conditions de travail qui vont de difficiles à exécrables : chacun d’entre eux doit maintenant couper 12 tonnes de canne à sucre chaque jour. Cette production était de 6 tonnes il y a trente ans.
Outre l’effort physique, ces travailleurs sont confrontés à des maladies pulmonaires attribuables au fait que les champs de canne sont brûlés avant d’être coupés, afin d’éliminer la végétation « inutile » et ainsi faciliter la coupe.
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Plusieurs d’entre eux seraient affectés par la fibrose pulmonaire, qui aurait entraîné la mort de certains travailleurs selon le reportage de Bloomberg.

Ethanol : Source d’énergie ou de mort ?
Extrait d’un article rédigé Bruno Ribeiro de Paiva et Xavier Plassat (Brasil de Fato, février 2008)
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biocarburantsAu Brésil, près de 6000 travailleurs esclaves ont été libérés en 2007 par les équipes du Groupe Mobile de Contrôle et les organes régionaux de contrôle du travail. Ces travailleurs subissaient des conditions de travail et de vie tellement dégradantes qu’elles s’apparentaient à une « condition analogue à l’esclavage ».
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Le corps plié en deux et la machette à la main, Manoel Rodrigues da Silva coupe de la canne à sucre dans un champ de canne s’étendant à perte de vue. Soudain, la tête lui tourne, il est forcé de s’arrêter. Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. Il a déjà souffert de migraines et douleurs corporelles le forçant à arrêter de travailler plusieurs jours d’affilée, et même à être interné à l’hôpital. Sa rémunération et son travail dépendent de la quantité de canne à sucre qu’il coupe chaque jour. Le champ de canne à sucre fournit l’usine Cosan S.A, la plus grande usine exportatrice d’un combustible que les politiciens vendent au monde extérieur comme une alternative propre et renouvelable. Ainsi commence le reportage de la revue américaine Bloomberg Markets (novembre 2007) consacrée au boom controversé de l’industrie de l’éthanol brésilien.
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biocarburantsSelon les données du Ministère du Travail, près de 6000 travailleurs esclaves ont été libérés en 2007 au Brésil par les équipes du Groupe Mobile de Contrôle et les organes régionaux de contrôle du travail. Ces travailleurs subissaient des conditions de travail et de vie tellement dégradantes qu’elles s’apparentaient à une « condition analogue à l’esclavage. (…)
Pour la troisième année consécutive, le nombre le plus élevé d’esclaves libérés se trouvait dans le secteur de la canne à sucre.

Comme quoi l’éthanol brésilien semble pour sa part cacher une réalité qui n’est pas toujours rose pour ses travailleurs…
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biocarburantsMalheureusement les problèmes ne s’arrêtent pas là. La production toujours plus grandissante de la canne à sucre suite à la demande exponentielle de carburant végétal entraîne une forte accélération de la déforestation en Amazonie dont l’écosystème est le plus riche du monde en termes de biodiversité.
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En effet, d’après L’Institut National Brésilien pour la Recherche Spatiale, le rythme de la déforestation s’est fortement accéléré, en Amazonie, au cours des derniers mois de l’année 2007. Les premières analyses des images satellites laissent apparaître une perte d’environ 3,200 km2 entre les mois d’août et décembre, et selon l’Institut, l’étude définitive des données pourrait faire ressortir une surface détruite deux fois supérieure.
Les chiffres provisoires, des six derniers mois, publiées hier jeudi par l’organisme brésilien sont sans équivoque :
– août 2007, perte de 243 Km2.
– Septembre 2007, perte de 611 Km2.
– Octobre 2007, perte de 457 Km2.
– Novembre 2007, perte de 974 Km2.
– Décembre 2007, perte de 948 Km2.
Gilberto Camara, le directeur de l’Institut, a précisé qu’un rythme aussi important de déforestation n’avait jamais été mesuré sur cette période de l’année.
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biocarburantsAprès cette publication, le gouvernement brésilien a dû reconnaître que, contrairement à ses annonces récentes qui se voulaient rassurantes, la situation devenait à nouveau très préoccupante.
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Cette évolution semble directement liée à la forte croissance de la demande mondiale en carburants d’origine végétale, demande qui nécessite l’exploitation de surfaces agricoles de plus en plus importantes. Argument supplémentaire pour tous ceux qui dénoncent, l’absurdité et le danger de faire rouler des véhicules avec des agrocarburants

L’éthanol à partir de maïs aux États-Unis une menace écologique
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La production croissante d’éthanol à partir du maïs aux Etats-Unis menace, en y créant une “zone morte” qui s’agrandit, selon une étude canado-américaine. L’intensification prévue de la production américaine d’éthanol constituerait “un désastre pour le Golfe du Mexique”, prédit Simon Donner, de l’université de Colombie-Britannique, co-auteur avec Chris Kucharik de l’université du Wisconsin de cette étude publiée sur le site des Annales de l’Académie nationale américaine des sciences (PNAS).
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En effet, note-t-il, en se déversant dans les cours d’eau sous forme de nitrates, les engrais azotés utilisés dans la culture de maïs favorisent le développement d’algues dont la décomposition absorbe l’oxygène dissous dans l’eau.
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biocarburantsLes engrais utilisés dans des Etats comme l’Illinois (nord), l’Iowa (centre), le Nebraska (centre) ou le Wisconsin (nord), constituent la première cause de pollution du fleuve Mississipi et de ses affluents, qui se jettent dans le Golfe du Mexique.
Chaque été, le déversement de nitrates crée dans le Golfe du Mexique une “zone morte”, étendue d’eau dépourvue d’oxygène, observée pour la première fois il y a une trentaine d’années, et atteignant aujourd’hui quelque 20.000 km2.
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Ce phénomène d’eutrophisation rend l’eau impropre à la vie aquatique. “Les organismes des fonds marins qui ne peuvent pas bouger vont probablement mourir, tandis que les poissons vont s’enfuir”, explique M. Donner à l’AFP.
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Cette situation affecte aussi la pêche, mais cette activité “n’a pas la même valeur économique que la production de maïs” pour les Etats-Unis, regrette-t-il.
L’étude, basée sur des modèles informatiques, conclut que si les Etats-Unis respectent leur plan en matière de production d’éthanol, la pollution azotée qui affecte le Mississipi et son affluent, la rivière Atchafalaya, augmentera de 34 %.
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En 2007, le président George W. Bush avait fixé un objectif de production annuelle 1.300 milliards de litres d’éthanol, carburant “vert” sur lequel son pays compte pour réduire sa dépendance pétrolière, d’ici 2017. Et le Sénat américain a annoncé un plan pour une production encore plus intensive d’ici 2022.
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Les Etats-Unis comptent déjà plus de 140 raffineries produisant quelque 19 milliards de litres d’éthanol par an.

Huile de palme en Indonésie
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biocarburantsUne catastrophe écologique planétaire, conduisant à la destruction d’écosystèmes, dont les emblématiques orangs-outans.
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biocarburantsC’est aussi ce qui se passe en Indonésie avec l’huile de palme, mais à la puissance 10. L’équivalent d’un terrain de football de forêts disparaît en Indonésie toutes les dix secondes, soit deux millions d’hectares tous les ans. 90 % des forêts indonésiennes ont été rasées
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Les Indonésiens rasent les forêts et assèchent les tourbières pour planter des palmiers, ce qui libère des quantités hallucinantes de GES. Le plus grand archipel terrestre est ainsi devenu le troisième émetteur mondial de CO2 ! Sa biodiversité, l’une des plus riches à l’échelle planétaire, s’envole en fumée.

Cet article est complété par : « Biocarburants, pas forcément écologiques !« 
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Jackie Thouny


1 Commentaire
  1. ABSIL dit :

    Je cherche à puiser l’énergie de l’eau par une autre méthode que la fusion nucléaire que j’ai longuement étudiée.
    Je peux produire de l’hydrogène de façon écologique et peu coûteuse mais il n’en est pas de même pour l’oxygène.
    Celui ci pourrait , parait-il, être extrait de l’eau en même temps que l’hydrogène par une technologie qui utiliserait des ultra-sons. Avez vous connaissance de cette technologie et de la fréquence ultrasonique requise.
    merci de votre aide ;
    Avec mes meilleures salutations
    F. ABSIL

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