La Respiration Holotropique, du rythme à la profondeur

Première partie
La respiration holotropique (du grec « holos-tropos »: qui nous emmène en tout lieu possible) est une pratique thérapeutique visant à créer un état de conscience modifié profond, assez proche de celui provoqué par les plantes-médecine dans les initiations chamaniques.

Respirer…

C’est un processus assez long (entre 3 et 4 h pour une séance en groupe), et paradoxalement la phase d’hyperventilation qui induit l’état de transe ne dure que quelques minutes, une dizaine en général. Pourquoi alors parler de «respiration» pour qualifier cette pratique spirituelle ? Quelle est la place réelle de la respiration, dans l’ensemble du processus ?

Selon moi, elle est double. Tout d’abord, il convient de comprendre ce que signifie «respirer», au niveau symbolique et philosophique, afin de mieux cerner l’intention de la respiration holotropique. Ensuite, il faudra réfléchir à la question de l’intensité, afin de ne pas se fourvoyer sur la portée de l’hyperventilation, dans la pratique de la respiration holotropique. Enfin, je détaillerai les différentes phases d’une séance, que l’on peut à loisir mettre en parallèle avec les phases du cycle de respiration d’un humain.

Le cycle de la respiration

Pour commencer, il me semble nécessaire de revenir au processus sinusoïdal de la respiration: inspiration/expiration. Dans ce processus cyclique, possédant une amplitude et une fréquence propre à chaque individu, on peut découvrir non pas 2 mais 4 phases, possédant chacune son importance propre :

La phase d’inspiration, celle qui est en général la plus conscientisée chez l’homme (bien qu’elle reste bien souvent automatique, contrairement à celle du dauphin, qui doit inspirer consciemment s’il ne veut pas s’asphyxier), correspond à un processus d’expansion, dans lequel l’individu s’étend, s’étire, pour aller chercher à l’extérieur l’oxygène dont il a besoin. Chez l’humain, l’inspiration semble correspondre à cette volonté d’élargir les frontières qui séparent le corps propre et son environnement proche. Il s’agit bien, comme Jung le disait déjà, d’une forme d’inflation, de gonflement (tel celui du crapaud), de tentative de prendre un peu plus d’espace pour y faire entrer un peu plus de ce qui peuple le milieu ambiant: de l’air.

Mais à travers cet air, qui pourrait sembler vide ou creux au regard ignorant, c’est l’énergie d’inspiration que je cherche à capter. Le concept-même «d’inspiration» suffit à montrer l’objet de cette quête qui me pousse à sortir de moi-même, de mon espace de sécurité et de stabilité, pour me porter vers l’extérieur comme un mendiant, en quête de ce que je ne peux créer par moi-même. En inspirant profondément, j’accepte de me livrer à ce qui me dépasse, j’accepte donc mon insuffisance(le contraire de la suffisance du crapaud, dont je reparlerai bientôt) et ma vulnérabilité: ma finitude. Et en accueillant en moi ce qui m’est à l’origine étranger – que ce soit uniquement de l’oxygène ou des idées inspirantes et des émotions étrangères – j’accepte de recevoir ma nourriture plutôt que de m’auto suffire: j’accepte ma dépendance. L’épisode symbolique de la Manne, dans le désert hébraïque de l’Ancien Testament, ne signifie pas autre chose, selon moi.

Suspens…

A cette phase d’inspiration, succède une phase d’apnée haute, une phase de suspension de ma respiration, poumons pleins, qui ne dure en général que quelques secondes, mais qui peut durer beaucoup plus longtemps, si je retiens ma respiration. Cet air qui m’emplit et m’inspire, je pourrais être tenté de le garder, de le conserver, de m’en emplir à tel point que je n’aurai plus jamais besoin, symboliquement, d’inspirer à nouveau. C’est là l’inflation propre au crapaud de Jung, cette présomption qui est aussi un refus de sa finitude, ce que les grecs appelaient très justement « hybris » : orgueil et démesure. On trouve aussi cette tentative de conserver, pour ne pas avoir à demander à nouveau, dans l’épisode de la Manne, nourriture divine qui bien heureusement se corrompt si un humain tente de la conserver pour sécuriser le lendemain.

Cette tentative de thésaurisation, encouragée dans le capitalisme moderne mais propre à la nature-même de la respiration humaine, n’est donc qu’une phase d’un processus vital, qui doit s’achever normalement dans la 3ème phase par l’abandon de ce que je ne peux pas retenir. La suspension de la respiration n’est pas en soi négative, bien au contraire: elle correspond à cet état d’énergie haute, propice à l’action, dont j’ai besoin pour m’épanouir. Chez le dauphin, par exemple, l’apnée haute constitue la plus grande partie du processus temporel de respiration, puisqu’il passe la majeure partie de sa vie en apnée, sous l’eau. L’essentiel, pour l’humain qui ne peut pas vivre tout le temps en apnée haute, est d’accepter la finitude de cette 2de phase, le passage à une autre phase, bien différente: l’expiration.

Expirer

L’expiration est naturellement la phase qui succède à la suspension de la respiration en apnée haute. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, du fait du caractère apparemment passif et automatique de cette phase, il s’agit bien d’un travail à part entière, d’un travail actif et parfois difficile: le travail de l’abandon et de la condensation. Abandonner ce qui ne m’est plus utile, ce qui est superflu ou ce qui est en trop, relâcher l’air que j’étais tenté de comprimer pour m’en emplir, c’est déjà en soi tout un travail pour celui qui voudrait fonctionner en autarcie.

Mais accepter de rendre à la Terre ce qui ne m’appartient pas originellement, c’est aussi accepter de se dépouiller de ce qui, conservé et parfois chéri en mon sein, pourrait constituer symboliquement (et parfois très concrètement) une sorte de cancer intérieur. Car quand j’inspire et que je reçois mon air de l’extérieur, ce ne sont pas que des idées ou des émotions positives que j’accueille en moi. Le monde étant ce qu’il est actuellement, l’énergie que j’accueille à chaque inspiration contient des éléments antagonistes dont je me passerais bien, si je le pouvais. Les personnes hypersensibles ou perméables à leur environnement, les empathes de toutes sortes, le savent à leur insu, et préfèrent parfois s’isoler plutôt que de souffrir de telles vagues d’énergie déséquilibrée.

Or bien souvent, on ne nous a pas appris à déposer, relâcher, rendre à la Terre toute cette énergie nocive que l’on peut accumuler. On ne sait pas l’exprimer, ou alors mal: et on blesse. Alors on la garde en soi, cette énergie de tension, et on finit par croire qu’elle nous appartient, qu’elle nous constitue: on s’identifie à elle. Apprendre à rendre ce qui ne nous appartient pas, ce à quoi on s’accroche ou ce à quoi on s’identifie: voilà tout le travail de l’expiration. Celui qui rend sa dernière expiration le sait bien, si du moins il lui reste suffisamment de conscience pour effectuer le travail de deuil, d’épluchage de soi, qu’est la mort. Les différents «livres des morts» (égyptien, tibétain, etc.) ne disent pas autre chose, me semble-t-il.

Le travail de l’expiration est donc aussi celui d’une condensation, d’une réduction à l’essentiel, d’un l’expiration est donc aussi celui d’une condensation, d’une réduction à l’essentiel, d’un abandon de tout ce qui est accessoire, superflu, poids inutile.

Rest in peace

Et que reste-t-il quand on a accepté de tout lâcher, pour ne pas s’alourdir et s’encombrer de choses inutiles? Il reste cette 4ème phase de la respiration, cette pause finale avant de recommencer le cycle: le repos. «Rest in peace», «repose en paix» est-il inscrit sur les tombes. Cela décrit assez fidèlement l’état de celui qui se repose dans la paix de la vacuité qui succède au travail de l’expiration. Souvent, dans notre vie trépidante, nous passons ce moment essentiel sans même le voir: nous inspirons à nouveau, impatients de vivre. Mais parfois, dans la phase hypnagogique qui précède le sommeil, ou alors en méditation profonde, ou encore juste après la phase d’hyperventilation qui débute une séance de respiration holotropique : nous restons avec délectation dans cet état-frontière d’apnée basse, poumons vide. Vides de désir et d’élan de vie, vides de tensions et d’intentions: en repos. Personnellement, profiter quelques instants de cette vacuité est un des plus grands bonheurs dont j’ai pu jouir en cette vie.

Bien sûr, l’apnée basse ne peut durer une éternité, comme pourrait pourtant le promettre un hypothétique «Nirvana» (étymologiquement, «extinction ultime» dans la religion hindouiste, une fois débarrassés de nos «karmas» et du cycle du «samsara», le cycle des renaissances). Vouloir rester en repos, ne plus se relever, ne plus inspirer, cela est pour moi symptomatique d’une dépression – certes nécessaire quand on a accumulé trop de pression liée à la durée de notre apnée haute (c’est-à-dire de notre hyper-activité) – et pourtant excessive et potentiellement dangereuse, comme tout déséquilibre.

L’apnée du sommeil, cette pathologie qui touche de nombreuses personnes pendant la nuit, est là pour nous rappeler l’asphyxie qui menace celui qui peine à retrouver son élan de vie, sa «libido», son désir d’inspirer à nouveau. Vouloir rester vide, comme vouloir rester plein, cela est un idéal qui peut facilement se transformer en une morbide illusion. Heureusement, le plus souvent c’est le mouvement de la vie qui reprend le dessus chez l’humain, incapable comme le dauphin de s’empêcher volontairement d’inspirer. Peut-être faut-il y voir un enseignement sur le niveau de maturité d’un être aquatique à qui est donné la pleine responsabilité de son cycle respiratoire, contrairement à l’adolescent humain qui lutte parfois contre son fonctionnement naturel. Mais ceci n’est qu’une hypothèse…

Un cycle qui ressemble fort à une roue à 4 temps…

Inspiration, suspension, expiration, repos. 4 phases qui peuvent se retrouver à différents niveaux dans nos cycles naturels, qu’ils soient solaires (les saisons), lunaires (les « règles » féminines) ou tout simplement quotidiens. Inspiration: c’est le bourgeonnement du printemps, de la lune ascendante, du début d’un nouveau cycle pour la femme, d’une activité inspirante qui germe dans mon cerveau, etc.

Suspension : c’est l’effervescence de l’été, la chaleur sensuelle de la pleine lune, l’ovulation féminine, l’hyper excitation sensorielle et nerveuse. Expiration: c’est le relâchement de l’automne, des feuilles qui commencent à tomber au sol, c’est la lune descendante, le moment de revenir en soi et de faire le bilan. Enfin vient, normalement, le repos de l’hiver, le froid qui pousse à l’intériorité, la nouvelle lune qui pousse à l’introspection, enfin le vide qui succède à l’expulsion des sangs obsolètes.

4 phases, 4 énergies, qui peuvent encore être liées au 4 éléments, aux 4 directions, aux 4 humeurs d’Hippocrate, dans une sorte de «roue médecine» que les indiens d’Amérique considèrent comme la structure du monde. Avant de chercher à respirer plus intensément, je vous conseille de mettre en pratique cette roue médecine dans votre propre vie. Chacun à votre rythme. On ne respire jamais au-delà de sa capacité, à l’instant t. Même si cette capacité à inspirer, expirer, suspendre et relâcher peut évoluer du simple au double…

Pourquoi vouloir respirer plus ?

Avant d’entrer dans l’analyse d’une séance de respiration profonde, il me semble nécessaire de distinguer deux formes d’intensité: celle quantitative et celle qualitative. Une confusion entre ces deux concepts pourrait faire penser que la respiration holotropique n’est qu’une forme d’hyperventilation, dont le but est de s’hyper-oxygéner, afin d’atteindre un profond état d’excitation. Or à mon avis, c’est exactement l’inverse que recherche la respiration profonde. Ceci est paradoxal et mérite des explications.

En général, quand je cherche à mettre plus d’intensité dans ma vie, c’est de manière quantitative que je conçois cette intensité: je veux boire pour atteindre un état d’excitation, acheter un gros cube pour jouir de l’ivresse de la vitesse, ou faire du cardio pour me sentir vivant, etc. Dans tous ces cas, je cherche à ajouter quelque chose à ma vie, pour la rendre plus trépidante. Pour reprendre l’analyse précédente, je suis en pleine recherche d’été : je veux vivre à fond, et suspendre cet instant d’intensité le plus longtemps possible, ou alors le reproduire le plus souvent possible. C’est ce que l’on appelle une addiction, car plus je cherche cette intensité, plus je risque de m’y habituer, et donc de ne pas en profiter, ce qui me pousse à augmenter la quantité de produit ou d’activité, pour une sensation toujours moindre. C’est un cercle vicieux.

Au contraire, si je fais du yoga, de la méditation ou toute autre discipline qui me pousse à « enlever des couches », plutôt que d’en rajouter, je suis dans une recherche d’intensité qualitative. Je cherche à épurer mes sensations, pour avoir le loisir de jouir pleinement du moindre petit mouvement de ma conscience. Le «carpe diem» épicurien («jouis de l’instant»), dans ce cas, ne sonne plus comme le fait de remplir sa vie, mais plutôt la vider de tout ce qui est superflu, pour mieux profiter de chaque instant présent: ce qui est exactement ce que prône Epicure, d’ailleurs! En bref, l’intensité qualitative est dans la finesse du ressenti, alors que l’intensité quantitative est dans l’accumulation de sensations fortes.

Très paradoxalement, en respiration profonde, on va chercher la finesse du ressenti et l’épuration du superflu; et pourtant on va pour cela utiliser l’hyperventilation, c’est-à-dire une respiration paroxystique en termes d’amplitude et de rythme. Pourquoi cela? Pour le comprendre, on peut faire un lien avec la privation sensorielle, par exemple provoquée par le caisson d’isolation sensorielle. Ce caisson, inventé par John Lilly me coupe de toutes les sensations qui habituellement viennent emplir le champ de ma conscience: il fait noir, aucun bruit, une eau à température du corps et chargée en sel, le corps qui flotte en apesanteur, sans rien toucher… Savez-vous ce qu’il se passe très rapidement, quand on enlève toute sensation? Et bien celles qui se cachent à l’intérieur de moi (elles peuvent faire partie de mon histoire, ou autre, comme nous le verrons bientôt) sont enfin écoutées, entendues: elles font la fête. Et ce n’est pas très agréable, loin de là: je suis dans un état psycho-émotionnel de débordement. Tout sort, et je ne peux rien gérer. Ce n’est pas très addictif, car je fais tout pour éviter ce débordement interne habituellement: je me contrôle. Mais là je ne peux plus. Il ne me reste plus que deux possibilités: résister de toutes mes forces à ce qui se présente à moi; ou bien accueillir, en entier, toutes ces sensations internes.

En respiration holotropique, c’est exactement la même chose: l’hyperventilation va très vite me mettre dans un état de perte de contrôle, de débordement, voire de bouleversement. Soit je résiste, et cela va me faire mal (tétanies, angoisses, etc.), soit j’accueille ce qui se présente, et j’accède vraiment avec finesse à ma propre intériorité: ma profondeur.

C’est pour cela que je parle de respiration profonde.

Comment se déroule une séance de respiration holotropique ?

Une cession de respiration holotropique dure en moyenne 4 h et passe globalement par 4 phases suivant une chronologie précise.

Chercher son ancrage

La première phase est une amorce à la modification de l’état de conscience. Elle est composée d’une musique très rythmique, tribale, à l’énergie terre affirmée. Les percussions sont prédominantes, le rythme est profond et grave, plutôt que léger et rapide. L’idée est d’amener la personne à descendre le plus profondément possible dans son corps, et à retrouver sa propre énergie en utilisant des vibrations de basse fréquence.

Au tout début de cette phase, une fois que chaque respirant s’est allongé sur son matelas personnel (espace de sécurité inviolable), les yeux bandés, l’hyperventilation est mise en place pour provoquer une transe qui se prolongera, sans l’aide de la respiration, durant tout le processus. Ce travail d’hyperventilation ne dépasse pas, en général, 5 à 10 min, si la personne s’engage pleinement et de tout son être dans le processus. Elle est encouragée à cela par la personne qui l’accompagnera durant tout le processus (chaque respirant est en duo avec une autre personne qui la veille tout au long du processus, avant d’inverser les rôles pour la respiration suivante).

Entrer en résonnance

Au bout d’une heure en moyenne, la musique change et devient beaucoup plus émotionnelle. En général, Grof utilise des musiques très épiques, largement répandues dans les films d’aventure ou de guerre. Le ressenti subjectif est alors souvent de l’ordre d’une urgence, d’un danger imminent, d’une situation difficile à affronter. Il s’agit d’aller au combat, symboliquement (nous verrons plus loin ce que peut représenter ce combat gigantesque…). Les musiques peuvent aussi être chargées d’émotion de colère, de tristesse ou de peur. La seconde phase est en général l’occasion d’une décharge émotionnelle intense, c’est de loin l’étape la plus agitée de tout le processus. Elle ressemble pour moi, bien qu’incomparablement plus longue et désordonnée du fait de la profondeur de la transe, à la 2de phase de la médiation dynamique d’Osho, visant à la libération des émotions. Je me souviens encore de ma première séance de respiration holotropique, et surtout de l’instant où je me suis imaginé, tout à coup, être réellement au beau milieu d’un hôpital psychiatrique.

C’était tout simplement révulsant pour moi. J’ai pu penser, à cet endroit, que certains ne reviendraient peut-être pas du voyage. En réalité, tous avaient vécu les choses de manière très personnelle, et ce que j’avais pu prendre pour une détresse ou une souffrance profonde était ensuite relaté comme un instant profondément libérateur par celui qui l’avait vécu…

S’élever vers les cimes…

La troisième heure change considérablement par rapport aux deux précédentes. Il s’agit souvent d’une musique beaucoup plus tendre et douce, céleste, invitant à élever la fréquence de nos propres vibrations. Les émotions deviennent plus légères, mais tout aussi intenses. J’ai parfois été envahi d’une joie et d’une félicité telles que je pouvais comprendre, dans mon corps, ce que les grecs nommaient «enthousiasme»: cet élan qui nous amène à l’euphorie, par l’amour profond de ce qui est, de ce qui nous dépasse. J’ai pu retrouver ces émotions, bien que moins puissantes peut-être, dans la 5ème phase de la méditation dynamique d’Osho ou, de manière plus aléatoire mais tout aussi profonde, dans des cérémonies avec les plantes maîtresses. Ce qu’il me reste de cette 3ème étape, c’est le bonheur de pleurer de joie, de reconnaissance, de gratitude, d’Amour.

Revenir dans son corps

Enfin, la dernière heure est consacrée à revenir doucement, avec une extrême délicatesse, au niveau de conscience «standard» (pour ne pas employer le terme galvaudé de «normal»). Les musiques ont ce mélange de douceur et de densité qui aide le corps à peser à nouveau, à retrouver sa propre densité, à revenir au niveau vibratoire de la matière. Le «réveil» est plus ou moins lent selon les personnes, et il n’est pas rare d’en voir pour lesquelles le processus n’est pas fini. Elles sont alors accompagnées à retourner dans cet espace où tout est possible (littéralement, il s’agit de l’espace «holo-tropique» !), pour aller chercher ce qu’elles ont encore à contacter pendant cette séance. Il m’est arrivé personnellement d’être dans ce cas de figure, et de retourner chercher une «info» alors que je pensais le processus terminé. L’un des accompagnants, devinant peut-être mon état, m’avait doucement dit: «tu peux y retourner si tu veux»! Et j’avais alors vécu une expérience d’une profondeur que je ne pouvais pas soupçonner. Une rencontre qui est encore vivante à chaque fois que j’y pense. J’étais réellement bouleversé, dans un état de vulnérabilité mêlé à une reconnaissance infinie, et ce durant de longues heures…

Que conclure de cette première analyse ?

Notre premier souffle a été une inspiration. Notre dernier souffle sera une expiration. Entre ces deux limites, on pourrait envisager la vie comme cette phase d’apnée haute, dans laquelle il faut se battre en permanence, ne rien lâcher, continuer la course folle en avant, jusqu’à rendre le souffle. Et la mort serait le repos lié à l’apnée basse, vide d’énergie, transition entre deux incarnations, en attente d’une nouvelle inspiration.

Cette symbolique me plait bien, mais je ne crois pas qu’il faille considérer la vie incarnée comme une longue apnée haute. Ce que j’ai voulu montrer dans ce livret, c’est que le cycle de la respiration est fractal: on peut retrouver à chaque étage la même roue, les mêmes 4 phases de la sinusoïdale. Se ménager des espaces d’expiration, des espaces de repos est salutaire. Suivre les cycles de la nature peut être salutaire. Le cycle solaire, sur une année; le cycle lunaire, sur un mois environ… Et puis lecycle quotidien du jour et de la nuit; enfin le cycle renouvelé en moyenne 15 fois par heure: j’inspire, je suspens, j’expire, je me repose… Tout cela contribue à un rythme, à un équilibre, à une forme de stabilité qui n’est pas de la rigidité, mais plutôt de la fluidité.

Et si je n’arrive pas assez à expirer? Si je retiens tout en moi? Si j’ai du mal à retrouver mon souffle, si j’ai l’impression de ne jamais inspirer à fond ? Tout cela est bien trop fréquent, nous faisant penser que nos pathologies respiratoires sont «normales». Non ! Dans ce cas, peut-être la respiration holotropique peut me permettre de retrouver du souffle, ou au contraire de lâcher un peu d’air, un peu de lest. Il s’agit bien d’une authentique «respiration» du point de vue de mon cycle de vie. Redonner du souffle à la vie, voilà pour moi ce qu’est la respiration holotropique. Il reste maintenant à détailler le contenu d’une séance en termes de ressentis, et à explorer les profondeurs de l’inconscient que la respiration holotropique permet de révéler en une véritable «cartographie». Un univers passionnant, un article à part entière !

Patrick Sorrel
Philothérapeute et praticien en respiration profonde - Grenoble (Isère) France
Facilitateur d'apprentissage et enseignant en philosophie
Tél.: 06 10 99 89 34
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Commentaires (1)
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  • Geiser Micheline

    Merci pour tout la richesse des informations que vous mettez à notre disposition!
    Et … Bonne et heureuse année! Heureuse transformation en conscience, dans la joie et la sérénité!

    Bien cordialement

    Micheline Geiser