La permaculture

Pourquoi la permaculture ? L’équilibre de la vie dans la nature est de plus en plus fragilisé. Si cet équilibre est menacé la conséquence directe en est l’incapacité de la nature à produire pour subvenir à nos besoins.

Les méthodes actuelles

Les méthodes actuelles d’agriculture industrielle comme la monoculture menacent cet équilibre car elles appauvrissent chaque année de plus en plus les sols. Cette agriculture nécessite un labourage fréquent qui asphyxie les sols et l’utilisation importante de produits chimiques, les fertilisants et les pesticides conduisent à la disparition de nombreuses espèces animales et de nombreuses plantes.

Les nappes phréatiques sont contaminées, le goût et la valeur nutritive des produits sont dénaturés, bref le potentiel alimentaire de la société s’appauvrit. Il est assez paradoxal de constater que cette culture intensive est inefficace car très chère à produire. Elle utilise plus de ressources d’énergie qu’elle n’en produit. Les coûts de transport, d’entreposage et de mise en marché augmentent d’année en année et sans l’aide de subvention elle ne pourrait se maintenir en l’état.

Un véritable partenariat Nature-Homme

Face à ce constat des voix s’élèvent pour redonner à la terre sa vocation première de mère nourricière dans le respect et l’harmonie des différents écosystèmes sans détruire l’environnement. Un nouveau concept de développement durable se profile.

La permaculture, à ne pas confondre avec la culture naturelle, (contraction des mots agriculture et permanent) ou comment redessiner l’agriculture est une méthode de culture qui permet un nouveau mode de production agricole des plus économes en énergie (pas de machinerie et carburants pollueurs) respectueux des êtres vivants. En effet, cette nouvelle pratique agronome consiste à organiser et planifier les plantations de plusieurs espèces végétales afin de créer un nouvel écosystème autonome.

Chacun y trouve son compte. Un véritable partenariat entre la nature et l’homme. Les animaux, que ce soit les insectes, les oiseaux, les plantes coopèrent naturellement ensemble permettant ainsi de maintenir l’équilibre de l’environnement.

Les besoins de tous sont comblés.

Par exemple : en pratique, une mare assure le stockage de l’eau pour arroser le potager, fournit un abri aux canards et oiseaux de passage, produit des plantes et nourrit des poissons, réfléchit la lumière du soleil de manière optimale… Car l’énergie produite naturellement par chaque élément doit aussi être utilisée à son maximum, interceptée et stockée (si possible) pour les utiliser lorsque le besoin s’en fait sentir.

En bref, la permaculture est une philosophie de vie et une vision globale et écologique du monde dont l’objectif est l’intégration de l’activité humaine au sein de l’espace naturel avec lequel elle co-évolue.

Un peu d’histoire

C’est un professeur d’agronomie et agronome américain du nom de Cyril G. Hopkins qui en 1910, utilise le premier le mot « permanent agriculture » et le développe dans son livre : « Soil Fertility and permanent Agriculture ».

Cependant un éminent scientifique, Franklin Hiram King se penche également sur l’étude des sols et publie en 1911 « Farmers Forty centuries : or permanent Agriculture in China, Korea and Japan ».

Ce livre a d’ailleurs été reconnu, comme une référence qu’aucun étudiant en sciences sociales ne doit ignorer, par les fondateurs de la culture biologique (Albert Howard, Rudolf Steiner pour ne citer qu’eux…).

Les cofondateurs de la permaculture moderne
Plus près de nous, c’est dans les années 70 que deux écologistes australiens reprennent le concept de « permanent agriculture ».

Bill Mollison et David Holmgrem face au constat de l’appauvrissement de lafertilité des sols, dû à une agriculture intensive et destructrice de l’après-guerre qui pollue et empoisonne les rivières réduisant ainsi la biodiversité, se penchent sur la possibilité de revenir à des techniques agricoles plus stables, mettent en place une approche de « design » appelé « permaculture » et publient Permaculture One.

Ce nouveau concept va peu à peu évoluer au fil des années et passé d’un système de design de méthodes agricoles à un processus de design plus général de création de sociétés humaines durables ou encore selon Simon Henderzon, Cortez Island BC « La permaculture est l’utilisation de l’écologie comme base pour concevoir des systèmes intégrés de production de nourriture, de logement, de production d’énergie et de développement social. Elle offre une approche pratique et créative face aux problèmes de la diminution des ressources et de la menace sur les supports de vie dans le monde. »

La Permaculture s’est développée depuis ses origines en Australie pour devenir un mouvement mondial.

La permaculture repose sur trois principes d’éthique, fondamentaux

  1. Respecter la Terre source de vie, car sans elle l’homme n’est plus rien. L’homme doit vivre en parfaire harmonie avec la terre et tout faire pour la préserver dans sa complexité et sa diversité.
  2. Prendre soin des hommes, s’entraider les uns les autres pour se diriger vers des manières de vivre qui ne nous génèrent pas de problèmes (stress, cancers, stérilité…) ni pour la planète terre (réchauffement climatique, diminution de la biodiversité, érosion des sols…). En effet, les êtres humains sont ceux qui ont le plus d’impact sur la Terre. Il est par conséquent particulièrement important de leur procurer tout ce dont ils ont besoin d’une manière qui préserve la bonne santé de la planète.
  3. Partager équitablement et créer l’abondance, redistribuer les surplus, consommer de façon raisonnable et égale. S’assurer que les ressources limitées de la terre sont consommées de façons réfléchies et adapter sa croissance démographique selon sa capacité à produire la nourriture de façon soutenable.

Le design en permaculture

Les douze principes de design selon David Holmgren.

  1. Appliquer l’autorégulation et accepter les rétroactions (feedback) – il faut décourager les activités inappropriées pour s’assurer que le dispositif continue de fonctionner correctement.
  2. Intercepter et stocker l’énergie – en développant des dispositifs qui collectent les ressources lorsqu’elle s sont abondantes et que nous pouvons utiliser à besoin.
  3. Utiliser et répondre créativement au changement – on peut avoir un impact positif sur des changements inévitables en observant avec attention et en intervenant au bon moment.
  4. Concevoir en passant des motifs généraux (structure) aux détails – en prenant du recul on peut observer les motifs dans la nature et la société et les reproduire. Ils peuvent alors devenir la colonne vertébrale de nos designs et les détails mis en place à mesure que nous progressons.
  5. Intégrer plutôt que ségréger – en mettant les bons éléments aux bons lieux, des relations se développent entre ces éléments et ils travaillent ensemble pour s’entraider.
  6. Observer et interagir – En prenant le temps de s’engager avec la nature on peut concevoir des solutions qui correspondent à la situation.
  7. Obtenir un résultat – s’assurer qu’on reçoit réellement des récompenses utiles pour le travail qui est fait.
  8. Ne pas produire de déchets – en trouvant une valeur à chaque ressource disponible et en les utilisant toutes, rien n’est un déchet.
  9. Utiliser et valoriser la diversité – la diversité diminue la vulnérabilité à une variété de menaces et tourne à son avantage la nature unique de l’environnement dans lequel il réside.
  10. Utiliser et valoriser les ressources et les services – faire la meilleure utilisation de l’abondance de la nature pour diminuer notre comportement consommateur et notre dépendance vis-à-vis des ressources non renouvelables.
  11. Utiliser les bordures et valoriser le marginal – l’interface entre deux choses est l’endroit ou les événements les plus intéressants se produisent. Ce sont fréquemment les éléments qui ont le plus de valeur, et qui sont les plus divers et productifs.
  12. Utiliser des solutions petites et lentes – Les dispositifs lents et petits sont plus faciles à maintenir que les gros, en faisant un meilleur usage des ressources locales et en produisant des résultats durables.

Les étapes du design : la méthodologie O’BREDIM

Une fois les éthiques acceptées et les principes dans sa sacoche, le permaculteur est prêt à se lancer dans l’aventure et faire un design pour un dispositif reconnu, par exemple le quartier d’une ville. Pour cela, la permaculture utilise le fameux O’BREDIM, acronyme qui veut dire Observation, Bordures, Ressources, Examen, Design, Implémentation et Maintenance.

C’est un outil de planification que la permaculture emprunte au génie civil et auquel elle applique ses principes et éthiques, pour faire le design d’un site (une maison d’habitation, une région, une zone industrielle…).

  • Observation vous permet dans un premier temps de voir comment le site fonctionne a l’intérieur de lui-même, d’avoir une compréhension de ses interrelations initiales. Certains recommandent une observation du site sur une année avant toute intervention. Pendant cette période l’ensemble des facteurs, comme la topographie, la flore locale, les flux d’énergies, etc. peuvent être inclus dans le design. Une année permet d’observer le site au travers des quatre saisons, même s’il faut prendre en compte le fait qu’il peut y avoir de substantielles variations entre les années.
  • Bordures sert à désigner les limites physiques du site.
  • Ressources inclus les personnes impliquées, les finances, ce que vous pouvez faire pousser ou produire dans le futur, ce que vous voulez voir et faire sur le site.
  • Evaluation de ces trois premières étapes vous permet désormais de vous préparer pour les trois suivantes. C’est une phase ou on prend en considération l’ensemble des choses a portée de main avec lesquelles on va travailler, existantes ou qu’on souhaite avoir, et ou on regarde en détails leurs besoins spécifiques, afin d’identifier ses propres besoins en terme d’information (besoin d’un personne ressource compétente dans un domaine).
  • Design est toujours un processus créatif et intense et on doit utiliser au maximum ses capacités à voir ainsi qu’à créer des relations synergiques entre l’ensemble des éléments listés dans la phase ressources.
  • Implémentation est littéralement la première pierre posée à l’édifice, lorsque on aménage soigneusement le site selon la chronologie et de l’agenda décidé.
  • Maintenance est indispensable pour garder le site à son maximum de santé, en faisant des apréciséments mineurs si indispensable. Un bon design évitera le besoin de recourir à des apréciséments majeurs.

C’est à l’agriculture que la permaculture s’applique en premier lieu, d’où l’étude et la compréhension des éco-dispositifs. Les recherches en permaculture se sont orientées vers des dispositifs de culture productifs s’inspirant du fonctionnement des éco-dispositifs naturels, c’est-à-dire comprendre et copier l’efficacité de la nature. En effet dans la nature chaque élément est interdépendant.

Pour une forêt, chacun a un rôle à jouer pour que l’autre puisse continuer de croître et vivre : les arbres, l’étage intermédiaire, la couverture du sol, le sol, les champignons les insectes et les autres animaux. Les plantes poussent à des hauteurs différentes. Les plantes débourrent et produisent des fruits à différents moments de l’année. Chacun dans la nature apporte sa contribution à une bonne harmonie.

Vous pourrez trouver des informations complémentaires sur le site de l’association française de permaculture créée en 2008 et qui a pour nom « Brin de Paille ». Une université du nom de « Université Populaire de la Permaculture » a également vu le jour sous l’impulsion d’un designer en permaculture Steve Read. Des stages certifiés de 72 heures sont organisés pour former des professeurs en design. Un véritable compagnonnage est entrain de voir le jour auprès des étudiants à travers la France.

Jackie Thouny
Conseillère en loisirs culinaires, Voiron (Isère) France

Principales sources

• Culture & techniques : www.agritechnique.com
• Brin de Paille : www.asso.permaculture.fr
• Wikipedia : www.wikipedia.org

Tout savoir pour bien débuter en permaculture

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Commentaires (1)
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  • véronique

    Bonjour,

    A Jackie Thouny en particulier,
    Quelle surprise ! Et merci pour ce très bel article sur la permaculture ! Merci pour la permaculture ! Merci de participer à la diffusion de la connaissance de la permaculture !
    Merci d’avoir cité Gourmandises Sauvages qui participe aussi à la connaissance de la permaculture, en organisant des conférences & des initiations, comme de plus en plus d’associations et de personnes en France, qui pour certaines peuvent d’ors & déjà organiser des Cours de design en permaculture afin d’aller plus loin et de s’approprier ce merveilleux concept ou cette merveilleuse philosophie de vie, répondant aux problématiques majeures actuelles.
    Que la permaculture soit !