ce qu’il signifie, ce qu’il représente, ce qu’il implique.
Qu’est-ce que le Spiritisme ?
Et bien non, ce néologisme inventé par Hippolyte-Léon Denizard Rivail, dit Allan Kardec, signifie tout simplement à l’origine : communication avec des êtres vivants, évoluant, sur des plans de conscience, des états vibratoires différents du nôtre sur la Terre. Ces êtres-là, nous les appelons : Esprits, Anges, Entités…
En fait, le mot « Spiritisme » est bien plus que cela : c’est l’expression même de la dualité, du Yin et du Yang, tellement il a généré de sentiments aussi contradictoires que l’Amour et la Peur.
Peu de mots peuvent se prévaloir d’une telle aura où autant de contradictions se rencontrent.
Peu de mots sont autant chargés d’émotions aussi diamétralement opposées que l’Amour et la Peur, voire la Haine.
Et pourtant, de quoi pouvons-nous avoir peur au travers de ce mot ? De nous-même !
De l’usage que nous en faisons et la signification que nous voulons bien lui donner.
Bien heureusement, la doctrine qu’il représente à grandement évoluée depuis maintenant quelque 160 années et, est devenue une véritable philosophie de Vie, alors qu’à ses balbutiements, elle n’était qu’un champ d’expérimentation. C’est d’ailleurs l’expérimentation, la recherche de la vérité qui a amené Hippolyte-Léon Denizard Rivail à s’y intéresser…
Le Spiritisme est une philosophie qui répond aux questions fondamentales de l’être humain : d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Dieu est le principe de toutes choses, c’est une force d’amour, créatrice, infinie et éternelle. La survivance de l’âme est démontrée par les phénomènes médiumniques. Les médiums sont les intermédiaires par qui les Esprits peuvent se manifester aux humains.
L’au-delà est le milieu naturel de l’Esprit, c’est une dimension hors de la matière dans laquelle se retrouvent les âmes humaines ayant vécu sur Terre ou sur d’autres mondes.
Le Spiritisme ne correspond pas aux critères habituels qui définissent une religion : le Spiritisme n’est pas fondé sur la croyance ou la foi, il résulte des expériences de communication avec les Esprits.
Origine du Spiritisme
Durant la nuit du 31 mars 1848, dans une petite ferme réputée hantée, à Hydesville, près de la ville de Rochester dans l’État de New York, Margaret et Kate, filles du pasteur David Fox, établissent un contact par conversations par coups frappés avec un supposé « Esprit » nommé Mr. Splitfoot (M. Pied fourchu). Mrs. Fox participe à son tour au jeu de ses filles. Elle pose alors diverses questions à Mr. Splitfoot sur l’âge de ses filles. L’entité donne une bonne réponse. Ensuite elle lui demande de combien d’enfants elle est la mère. L’entité donne une mauvaise réponse : sept coups sont frappés au lieu de six. Mrs. Fox repose la question et ajoute « Combien de vivants ? » Six coups. Et « combien de morts ? » après une pause, on entend un un coup plus puissant. L’Esprit a tenu compte d’un enfant mort à trois ans. L’entité n’a donc pas fait d’erreurs. L’entité déclare ensuite se nommer Charles B. Rosma, colporteur assassiné dans cette maison et dont le cadavre avait été enterré dans la cave d’où proviennent les coups. On fouille le sol de la cave à une profondeur d’un mètre cinquante. Mr. Fox et ses voisins découvrent du charbon de bois, de la chaux vive, des cheveux et, après expertise, des ossements humains.
Les « événements de Hydesville » donnent ainsi naissance à un véritablement phénomène de société. Moins de six ans après, en 1852, l’engouement pour le Spiritisme atteint son comble aux États-Unis : trois millions d’adeptes, d’innombrables médiums ainsi que de nombreuses revues spécialisées. Parmi les adeptes se trouvent des personnalités telles que Victor Hugo et Arthur Conan Doyle, ainsi que de nombreux savants et intellectuels. Le mouvement gagne l’Europe : Helena Blavatsky, Leonora Piper, Allan Kardec, Raspoutine, Houdini et Arthur Ford.
En 1852, une mission de médiums américains parcourt l’Angleterre. L’année suivante, quand la mode des « tables tournantes » touche la France, le Mesmérisme, le Swendenborgisme et le Fouriérisme ont déjà préparé le terrain au « spiritualisme moderne », comme on disait à l’époque. Tous les salons de la bonne société du Second Empire discutent du sujet et tentent des expériences paranormales.
En 1888, les sœurs Fox avouent avoir fabriqué le premier contact, se rétractent, puis déclarent que toute cette histoire n’était qu’une supercherie. Les adeptes du Spiritisme moderne ayant trouvé d’autres médiums, ces déclarations sont peu entendues. Kate meurt en juillet 1892, à l’âge de 56 ans. Margaret meurt en mars 1893, à 59 ans, totalement ruinée.
Ce n’est qu’en 1904 que l’on découvrit d’autres ossements humains sous le mur de la cave, avec à proximité une boîte de colporteur en fer-blanc. Bien qu’aucun Charles B. Rosma ne fût déclaré disparu, cette découverte fut considérée par les adeptes comme la preuve d’une véritable communication au-delà de la mort.
Naissance du Spiritisme
En mai 1855, un enseignant d’origine Lyonnaise, vivant à Paris : Hippolyte-Léon Denizard Rivail, découvre ces séances insolites pendant lesquelles on « magnétise les tables ». Depuis quelques années, dans les salons Parisiens ou Lyonnais, les gens s’amusent à « interroger les morts » à l’aide de tables… Elles semblent « répondre » aux questions posées par des coups frappés sur le sol, en se déplaçant, en se dressant en l’air…
C’est alors que René Taillandier, membre de l’Académie des sciences, Tiedeman-Manthèse, Victorien Sardou et Didier, éditeur, lui remirent cinquante cahiers de communications qu’ils avaient accumulées depuis cinq ans, dans le but de les synthétiser. L’étude de ces cahiers fut décisive pour Rivail. Il ordonna les messages par thèmes et prépara de nombreuses questions pour éclaircir les lacunes.
Il étudia attentivement les manifestations physiques des tables, lors des séances et observa qu’une force intelligente les déplaçait et il chercha la nature de cette force qui fut identifiée comme étant les « Esprits des hommes » déjà morts.
« Jusqu’alors les séances chez M. Beaudin n’avaient eu aucun but déterminé; j’entrepris d’y faire résoudre les problèmes qui m’intéressaient au point de vue de la philosophie, de la psychologie et de la nature du monde invisible. J’arrivais à chaque séance avec une série de questions préparées et méthodiquement arrangées… il y était toujours répondu avec précision, profondeur et d’une manière logique. Dès ce moment les réunions eurent un tout autre caractère. Parmi les assistants, se trouvaient des personnes sérieuses qui y prirent un vif intérêt, et s’il m’arrivait d’y manquer, on était comme désœuvré, les questions futiles avaient perdu leur attrait pour le plus grand nombre. Je n’avais d’abord en vue que ma propre instruction ; plus tard, quand je vis que cela formait un ensemble et prenait les proportions d’une doctrine, j’eus la pensée de les publier pour l’instruction de tout le monde. Ce sont ces mêmes questions qui, successivement développées et complétées, ont fait la base du Livre des Esprit. (…) ».
« Mon travail était en grande partie terminé, et prenait les proportions d’un livre, mais je tenais à le faire contrôler par d’autres Esprits, à l’aide de différents médiums. (…) Les circonstances m’ayant mis en rapport avec d’autres médiums, chaque fois que l’occasion se présentait, j’en profitais pour proposer quelques-unes des questions qui me semblaient les plus épineuses. C’est ainsi que plus de dix médiums ont prêté leur assistance pour ce travail. C’est la comparaison et la fusion de toutes ces réponses coordonnées, classées et maintes fois remaniées, dans le silence de la méditation, que je formai la première édition du Livre des Esprits, qui parut le 18 avril 1857. ».
Le « Livre des Esprits » connut un succès immédiat et fut bientôt épuisé et réédité. Cet ouvrage, vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde, est considéré par les Spirites du monde entier comme la Codification du Spiritisme.
La Codification du Spiritisme
Codification car la philosophie qui découlait des communications avec les Esprits n’était pas le fruit de la pensée d’un homme. Celui-ci n’avait que recueilli et ordonné les révélations des Esprits.
La Doctrine que codifia Allan Kardec a un caractère scientifique, religieux et philosophique. Cette proposition d’alliance de la Science avec la Religion est exprimée dans une des maximes de Kardec, dans le livre « La Genèse« : « Le Spiritisme, marchant avec le progrès, ne sera jamais débordé, parce que, si de nouvelles découvertes lui démontraient qu’il est dans l’erreur sur un point, il se modifierait sur ce point ; si une nouvelle vérité se révèle, il l’accepte. »
Maxime du Spiritisme
C’est-à-dire l’égalité parmi les hommes devant Dieu dans la tolérance, la liberté de conscience et la bienveillance mutuelle.
Selon Léon Denis, grand philosophe spirite contemporain d’Allan Kardec, « Les Esprits nous ont enseigné que la charité est la vertu par excellence… ». Dans le langage ordinaire, la charité est une vertu qui porte à désirer et à faire le bien du prochain. ; c’est un acte inspiré par l’amour du prochain.
La Charité est l’une des trois vertus dans le Christianisme, les deux autres étant la Foi et de l’Espérance. C’est la reine des vertus : l’amour de du prochain.
Devise d’Allan Kardec
Gravée sur le fronton de sa tombe, au cimetière du Père Lachaise, à Paris.
Beaucoup cherchent la spiritualité dans des religions, dans des dogmes, dans les autres même, mais la spiritualité, la vôtre, est en vous, c’est là que commence la spiritualité, en la recherchant dans son être intérieur, car déjà là il y a beaucoup d’énigmes à résoudre, à déblayer pour voir votre lumière. Le « Connais toi toi-même » de Socrate n’est pas un hasard. En effet, une bonne connaissance de soi-même commence par l’approfondissement des raisons enfouies au tréfonds de votre être et qui portent en elles-mêmes le poids des erreurs passées. Le spirituel passe par la compréhension et l’acceptation du pourquoi de son incarnation.
Apogée, déclin et progression du Spiritisme en France
Seulement à Lyon, plus de 10 000 adeptes du Spiritisme y sont dénombrés en 1860. Les spirites Lyonnais sont fervents et appliquent la devise « Hors la Charité, point de salut » à la lettre. Des œuvres pour les nécessiteux, des bons de pains et même une crèche spirite, unique en France, y sont fondés. En 1962, ils étaient 30 000 répartis en une trentaine de groupes ; ce n’est plus le cas.
Comme l’écrivait en 1904 Victorien Sardou, le fameux auteur de pièces de théâtre (il en a écrit une centaine dont la célèbre Madame Sans-Gêne), spirite fervent qui a été président d’honneur du congrès spirite tenu à Paris en 1900 :
« Si le spiritisme n’était que duperie, il y a beau jour qu’il n’en serait plus question, tandis qu’il compte aujourd’hui ses adhérents par millions, et que plus nombreux encore sont les timorés, qui n’osent avouer leur croyance par respect humain, intérêt professionnel, lâcheté et surtout sottise. ».
En 1913, le professeur Richet, éminent physiologiste français prix Nobel de médecine de renchérir : « Au lieu de paraître ignorer le spiritisme, les savants doivent l’étudier. Physiciens, chimistes, physiologistes, il faut qu’ils prennent la peine de se mettre au courant des faits affirmés par les spirites, une longue et laborieuse étude est nécessaire, elle sera féconde. ». Puisse-t-il être entendu par les oreilles de nos contemporains même si l’on imagine mal nos savants matérialistes se plonger dans une telle étude. Cependant les ponts entre la science et la spiritualité sont de plus en plus nombreux et empruntés par des pionniers.
Le mouvement se structure au fil des années puis disparaît à l’orée de la Seconde Guerre Mondiale. Au début des années 80, il se recompose peu à peu et des passionnés s’efforcent désormais de reconstituer l’histoire de ceux qui firent de Lyon l’un des plus importants centres Français du Spiritisme.
Que reste-t-il du Spiritisme à Lyon après la Seconde Guerre Mondiale ? Comme partout en France et dans les autres pays Européens, celui-ci a beaucoup régressé. Qui pourrait imaginer que des milliers de spirites Lyonnais se réunissent pour former une fédération comme cela a eu lieu il y a seulement soixante ans ?
Cette éclipse sera néanmoins de courte durée, car vers la fin des années 80 et courant des années 90, l’esprit du Spiritisme soufflait de nouveau sur la terre d’Allan Kardec et, de nombreux Centres Spirites furent créés à Lyon et ses alentours, ainsi que dans de nombreuses autres villes en France.
Au Brésil
Quelques définitions
Spiritisme : du latin spiritus : esprit. Cette doctrine est fondée sur la survivance de l’Esprit et du périsprit après la mort. Elle admet la communication possible avec l’au-delà, en évoquant les morts.
Doctrine Spirite : Allan Kardec expose la doctrine spirite dans ses ouvrages. L’homme est constitué de trois principes : un corps, un esprit et un périsprit. Au moment du décès, l’Esprit quitte le corps accompagné du périsprit.
Périsprit : le corps astral ou fluidique est désigné par les spirites sous le vocable périsprit qui s’écrit également péri-esprit. On peut le concevoir comme un lien entre le corps et l’esprit. Au moment du décès, le périsprit et l’Esprit quittent le corps. C’est par l’intermédiaire du périsprit que les communications avec l’au-delà peuvent s’établir. En fait il s’agit de l’ensemble des corps subtils correspondants aux 4e, 5e, 6e et 7e chakras.
Communication Spirite : lors d’une réunion spirite, la communication s’établit par l’intermédiaire des périsprits du médium et de l’Esprit.
Réincarnation : les spirites croient en la réincarnation, ce qui permet, de progresser de vies en vies. Ces expériences successives nous permettent d’acquérir de nouvelles expériences et ainsi d’acquérir une certaine sagesse à chaque nouvelle incarnation.
Principales sources
• Allan Kardec : Le Livre des Esprits
• Allan Kardec : Le Livre des Médiums
• Allan Kardec : Œuvres Posthumes
• Henri Sausse : Biographie d’Allan Kardec
• Mickaël Ponsardin : Lyon et le Spiritisme, ed. Philman
• Wikipedia : www.fr.wikipedia.org