C’est lui qui a codifié la Doctrine Spirite,
à partir de messages reçus par les médiums, d’Esprits Supérieurs.
Hippolyte-Léon Denizard Rivail, enseignant-chercheur
Il est au début de sa vie un pédagogue disciple de Johann Heinrich Pestalozzi. Il importe en France ses idées et son type d’école. En 1820, il s’installe à Paris et ouvre en 1824, au 35 de la rue de Sèvres, un cours privé fondé sur les méthodes de Pestalozzi. Il publie de nombreux ouvrages de pédagogie :
– Cours pratique et théorique d’arithmétique d’après la méthode de Pestalozzi, avec des modifications, Paris, Pillet aîné, 1824, 2 vol. in-12.
– Plan proposé pour l’amélioration de l’instruction publique, Paris, Dentu, 1828.
« On peut, dit-il dans un passage qui résume sa thèse, conclure de ce qui précède :
1° que l’éducation est une science bien caractérisée ;
2° que si l’on trouve si peu de personnes qui l’envisagent sous son véritable point de vue, cela tient à l’absence d’études spéciales sur cet objet ;
3° que le retard de l’éducation doit être attribué à ce qu’il y a peu de personnes à même d’apprécier son véritable but, ce qu’elle est, ce qu’elle pourrait être, et par conséquent ce qu’il faudrait faire pour l’améliorer. L’éducation est actuellement dans l’état où se trouvait la chimie il y a un siècle. C’est une science qui n’est pas encore constituée et dont les bases sont encore incertaines. »
Et il termine en disant : « Trois choses me paraissent d’une nécessité absolue pour l’amélioration de l’éducation en général, savoir:
1° l’organisation d’études spéciales à l’art de l’éducation, ou, autrement dit, l’établissement d’écoles pédagogiques ;
2° le changement du plan des études classiques ;
3° l’affranchissement de l’obligation où sont les chefs d’institution de conduire les élèves aux cours des collèges royaux, obligation très préjudiciable, puisque les instituteurs sont forcés malgré eux de suivre la routine. ».
Hippolyte-Léon Denizard Rivail est revenu à la charge trois ans plus tard, dans un Mémoire sur l’instruction publique, adressé à la commission chargée de réviser la législation de l’enseignement (Paris, 1831, 16 pages). On a aussi de lui une Grammaire française classique sur un nouveau plan, Paris, Hachette, 1831.
Hippolyte-Léon Denizard Rivail est décédé le 31 mars 1869 à Paris de rupture d’anévrisme. Sa sépulture est l’une des plus visitées et la plus fleurie – des fleurs fraîches sont déposées chaque jour – du cimetière du Père-Lachaise.
Sur le fronton du tombeau on peut lire : «Naître, mourir, renaître encore, et progresser toujours, telle est la loi».
Camille Flammarion prononça son éloge funèbre et affirma, comme Kardec, que « Le spiritisme n’est pas une religion, mais c’est une science… ».
Hippolyte-Léon Denizard Rivail, dit Allan Kardec
Il est un grand positiviste, pas du tout tourné vers le surnaturel. C’est du fait de cette capacité de pédagogue positiviste qu’il est sollicité pour superviser des séances de tables tournantes. Tout d’abord sceptique, il observe assidûment les manifestations des « esprits » par la méthode expérimentale.
Rivail a consacré les cinquante premières années de sa vie à l’éducation, lorsqu’il entendit parler pour la première fois des « tables tournantes », comme il le relate lui-même dans les œuvres Posthumes :
« C’est en 1854 que j’entendis parler pour la première fois des tables tournantes. Un jour, je rencontrai M. Fournier, le magnétiseur, que je connaissais depuis longtemps : il me dit : « Savez-vous la singulière propriété que l’on vient de découvrir dans le magnétisme ? Il paraît que ce ne sont plus seulement les individus qu’on magnétise, mais les tables qu’on fait tourner et marcher à volonté ».
– C’est fort singulier, en effet, répondis-je; mais à la rigueur cela ne me paraît pas radicalement impossible. Le fluide magnétique, qui est une sorte d’électricité, peut très bien agir sur les corps inertes et les faire mouvoir. Les récits que publièrent les journaux d’expériences faites à Nantes, à Marseille et dans quelques autres villes, ne pouvaient laisser de doute sur la réalité du phénomène. »
« A quelques temps de là, je revis M. Fortier, et il me dit : « Voici qui est bien plus extraordinaire : non seulement on fait tourner une table en la magnétisant, mais on la fait parler ; on l’interoge et elle répond.
– Ceci, répliquai-je, est une autre question ; j’y croirai quand je le verrai, et quand on m’aura prouvé qu’une table a un cerveau pour penser, des nerfs pour sentir et qu’elle peut devenir somnambule ; jusque là, permettez-moi de n’y voir qu’une histoire à dormir debout (…). ».
Rivail allait-il signer son premier ouvrage, fruit de ses études spirites : Le Livre de Esprits, sous son nom Denizart Hippolyte-Léon Rivail, nom connu dans les milieux académiques en raison de ses travaux précédents, ou sous un pseudonyme ? Il choisit de le signer sous le nom d’Allan Kardec. Nom qu’il portait selon la révélation d’un Esprit, dans une précédente incarnation au temps des Druides.
L’œuvre d’Allan Kardec
Il se consacre les quatorze dernières années de sa vie à la divulgation de sa doctrine qu’il qualifie de philosophie spiritualiste. Il la présente comme une évolution du christianisme, comme une troisième révélation divine, après celle de Moïse et de Jésus. Il veut aussi la fonder sur la science et la méthode
Ses études donnent naissance tout d’abord au Livre des Esprits, en 1857, puis :
– La Revue Spirite, dont le premier numéro paru le 1er janvier 1858 ;
– Qu’est-ce que le Spiritisme, en 1858
– Trois mois plus tard, il créa la Société Parisienne des Études Spirites
– Le Livre des Médiums, en 1861 ;
– L’Évangile selon le Spiritisme, en 1864 ;
– Le Ciel et l’Enfer, en 1865 ;
– La Genèse, les miracles et les prédictions, en 1868.
– Œuvres posthumes, textes inédits publiées par ses amis en 1890
Le phénomène Allan Kardec
Allan Kardec était tout le contraire d’un mystique ou d’un illuminé. C’était un homme très intelligent, surdoué même, à l’esprit très cartésien et rationnel qui ne s’intéressa aux manifestations des esprits qu’à l’âge de 50 ans, après avoir acquis une certaine notoriété comme pédagogue.
La doctrine du spiritisme codifiée par Kardec connu un véritable succès en France et attira de nombreux intellectuels comme Victor Hugo ou Camille Flammarion. Sa popularité déclina en Europe durant le XXème siècle, mais elle allait trouver sa terre de prédilection en Amérique Latine et tout particulièrement au Brésil.
Principales sources :
• Allan Kardec : Le Livre des Esprits
• Allan Kardec : Le Livre des Médiums
• Allan Kardec : Œuvres Posthumes
• Henri Sausse : Biographie d’Allan Kardec
• Mickaël Ponsardin : Lyon et le Spiritisme, ed. Philman
• Institut Français de l’Éducation : www.inrp.fr
• Larousse : www.larousse.fr
• Les Amis et Passionnés du Père Lachaise : www.appl-lachaise.net
• Wikipedia : www.fr.wikipedia.org