La compassion et la charte de la compassion

Terme du XIIe siècle. Emprunté du latin compassio, « action de souffrir avec », de compati, « compatir ». Sentiment qui porte à reconnaitre et à prendre part à la douleur et aux souffrances d’autrui. La compassion serait l’aspiration à mettre fin aux souffrances d’autrui et à leurs causes. On peut aussi se porter de la compassion, ce qui sous-entend que l’on est détaché de soi-même.

Qu’est-ce que la compassion ?

Compassion vient du latin « compati », c’est « souffrir avec« .
La compassion n’est pas une émotion, il s’agirait plutôt d’une attitude qui nous porte à être sensible à la souffrance de l’autre. Devant la douleur d’autrui, nous vivons alors différentes émotions. Il peut s’agir de tristesse, de colère, de révolte, etc., toutes suscitées par ce que nous observons chez la personne qui pâtit. Dans la compassion, une sorte de fusion s’opère avec la personne qui se confie, ce qui entraîne un parti pris et des jugements de valeur allant dans son sens, sur le moment même. Ensuite, la personne qui aura compati réintègre ses propres valeurs.

Il faut distinguer la compassion de la sympathie.
Dans la sympathie, « ce qu’on éprouve avec l’autre« , nous nous mettons plus ou moins clairement et plus ou moins volontairement à la place de l’autre et réagissons comme si nous étions lui. Par exemple(*), une collègue vient de recevoir des menaces de son amant : je réagis fortement et lui dis comment je réagirais si j’étais elle. Il est clair que j’ai fait un rapprochement entre les deux situations et que mes réactions sont liées à mon propre vécu. La situation de ma collègue a servi de déclencheur à mon propre vécu.

La sympathie se distingue de la compassion aussi par le fait qu’elle porte sur différents sujets, positifs comme négatifs, alors que la compassion n’existe que devant la souffrance. Je puis m’identifier à ma fille qui a des difficultés de relation avec ses copains comme à mon fils qui ne vit que pour le foot.

Il faut également distinguer la compassion de l’empathie.
L’empathie vient du grec « pathos », c’est « ce qu’on éprouve dedans », c’est en quelque sorte la capacité de se mettre à sa place pour la comprendre « de l’intérieur ». L’empathie consiste à ressentir ce que d’autres éprouvent et à entrer en résonance avec eux. Lorsque nous rencontrons un être transporté de joie, nous éprouvons nous aussi de la joie. Il en va de même pour la souffrance.

Lorsque nous sommes empathiques, nous choisissons volontairement d’essayer de voir et de ressentir la situation comme l’autre ; nous adoptons volontairement son point de vue, incluant les réactions émotives qui en font partie. Mais nous restons toujours conscients qu’il s’agit de l’expérience de l’autre (ce qui n’est pas le cas dans la sympathie). Contrairement à ce qui se passe dans la compassion, dans l’empathie nous ne sommes pas nécessairement touchés (même si nous pouvons l’être), car nous restons dans la neutralité.

Pour être capable de compassion, il faut savoir être empathique.
C’est en effet parce que nous saisissons ce que vit l’autre que nous sommes amenés à être touchés. Si nous n’en avions aucune représentation, il nous serait impossible d’être émus.

Ne pas confondre compassion et pitié.
Il existe une très grande différence entre les deux… La pitié est un sentiment, une émotion, elle est une forme d’empathie déguisée.
La majorité des personnes qui ont pitié pour une autre s’approprient des sentiments qui ne leur appartiennent pas. La pitié n’apporte rien à autrui si ce n’est que de renforcer le sentiment de souffrance chez cette personne. Elle renforce même trop souvent l’ego de celui qui a pitié…

Tout est sujet d’expérimentation dans cette vie… et il est nécessaire de savoir ce qu’est la souffrance pour comprendre le bonheur, et réciproquement. Chacun vit sa propre expérience et de le concevoir, permet plus facilement de compatir… La pitié n’est pas un acte d’Amour…

La compassion est amour

La Compassion est Amour pur… Tout est issu de l’Amour…
C’est un acte d’Amour inconditionnel, c’est-à-dire, donner son Amour à toutes personnes et ne rien attendre en retour, je dis bien À TOUTES, sans distinction de race, couleur, langue, religion et j’en passe…
Et ici, aucun sentiment n’entre en ligne de compte puisque l’Amour est une énergie très puissante… l’Amour EST, c’est tout…

La pitié est issue de notre mental…
La Compassion est issue du Cœur…

Si la compassion est bien la forme incandescente de l’amour, on peut dire qu’elle se tient au cœur de toutes les grandes religions, et probablement de toute philosophie humaniste.

Selon le bouddhisme
Selon le bouddhisme, l’amour altruiste est une attitude qui consiste à souhaiter que les autres soient heureux et à rechercher les causes véritables du bonheur. La compassion est définie comme le désir de mettre fin aux souffrances d’autrui et à leurs causes. Un tel amour altruiste peut imprégner l’esprit au point qu’on peut en venir à ne rien souhaiter de plus que le bien-être de ceux qui souffrent. La compassion n’est rien d’autre que l’amour donné à ceux qui souffrent. Un tel amour compatissant peut neutraliser la détresse et l’impuissance engendrée par l’empathie appliquée seule, et produit des dispositions d’esprit constructives telles que le courage compatissant.

Selon le christianisme
Pour les spirituels chrétiens la compassion c’est à la fois ressentir quelque chose vis-à-vis d’un souffrant et essayer de le soulager. S’il ne fait que ressentir sans réagir (ou réagir sans ressentir tel un médecin « froid ») il n’est pas qualifié de compatissant.

Cultiver la compassion réclame des efforts. Cette qualité fait partie intégrante de la “ personnalité nouvelle ” que doivent revêtir les chrétiens. Ensuite, la compassion a le pouvoir de maintenir l’unité et elle contribue à régler les conflits, à diminuer les frictions. Elle permet de dissiper les malentendus et elle ouvre la voie au pardon. La compassion rend plus aisée l’application de ce conseil de Paul aux chrétiens : “ Continuez à vous supporter les uns les autres et à vous pardonner volontiers les uns aux autres, si quelqu’un a un sujet de plainte contre un autre. ” — Colossiens 3:13.

Selon l’islam
« L’image des croyants dans les liens d’amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : dès que l’un de ses membres est malade, tout le reste du corps souffre d’insomnie et de fièvre. » Mouslim

Une des pratiques oubliées ou «Sunna» du Prophète de l’Islam est celui de la compassion pour tous les êtres, y compris les animaux. Cela signifie non seulement de traiter les animaux avec compassion dans nos vies quotidiennes, mais en s’assurant que toute la viande que nous mangeons provient d’un animal qui a été bien traité.

Selon le judaïsme
« La compassion est le sentiment d’empathie que la douleur d’un être suscite dans un autre être, et au plus élevés et au plus humains les êtres sont, plus vivement ils seront à l’écoute de la note de souffrance qui, comme une voix du ciel, pénètre le cœur, ce qui apporte à toutes les créatures une preuve de leur parenté dans le D.ieu universel. Et quant à l’être humain, dont la fonction est de montrer du respect et de l’amour pour le monde de D.ieu et toutes Ses créatures, son cœur a été créé si tendre qu’il ressent le monde entier…de sorte que la nature-même de son cœur doit lui apprendre qu’il lui est nécessaire avant tout de se sentir le frère de tous les êtres, et reconnaître la revendication de tous les êtres à être aimé par lui et de jouir de sa bienfaisance. »

« tout comme une mère a de la compassion pour la vie de tous les enfants sortis de son ventre, nous aussi, nous nous devons d’avoir de la compassion pour toutes les créatures de D.ieu avec qui nous partageons une origine commune. » Rabbi Samson Raphaël Hirsch

Pourquoi la compassion ?

Ce sont les émotions vécues dans la compassion qui nous donnent de l’information. En extrapolant sur l’exemple ci-dessus(*), on pourrait imaginer que je souffre parce que j’aime cette personne. S’il s’agissait d’un inconnu (un accidenté que j’assiste), mon bouleversement pourrait être avant tout d’ordre existentiel : un désarroi devant la vulnérabilité des êtres vivants… S’il s’agissait du chagrin d’un père face à son enfant mourant, je vivrais sans doute de la révolte devant l’injustice de la vie, etc.

La compassion est utile pour consoler d’un chagrin ou pour écouter la plainte d’un tiers. Elle ne doit pas perdurer. Afin d’en éviter les effets pervers, recul et neutralité doivent s’en suivre et l’empathie prendre le relais.

Karen Armstrong

En février 2008, Karen Armtrong, ancienne religieuse catholique, qui s’est surnommée “monothéiste indépendante”, se voit attribuer le prix TED qui récompense chaque année trois personnalités exceptionnelles en leur offrant une somme de 100 000 dollars US et la possibilité de réaliser un « vœu pour changer le monde ».

TED est l’acronyme de Technology, Entertainment, Design (Technologie, Divertissement, Design). Créé en 1984, ce prix consistait au début en une conférence qui rassemblait des acteurs de ces trois sphères. Depuis, il s’est étendu à d’autres domaines.

Considérée comme une des personnes les plus provocantes et originales par ses réflexions sur le rôle de la religion dans le monde moderne, Karen Armstrong a exprimé le vœu de créer une Charte pour la compassion, un document qui mettrait l’accent sur les principales valeurs partagées par toutes les religions du monde et tous les codes moraux, qu’elle appelle « la Règle d’or ». Voici comment elle décrivait ce projet à la communauté de TED : « Mon vœu est que vous m’aidiez à créer, à lancer et à diffuser une Charte pour la compassion, rédigée par un groupe d’éminents penseurs issus des trois traditions abrahamiennes : le judaïsme, le christianisme et l’islam, et qui se fonderait sur les principes universels de la justice et du respect. »

Un travail collaboratif

La participation à l’échelle de la planète, pour un travail collaboratif de rédaction, représentait la première difficulté de création de cette Charte de la compassion. La collaboration née de ce projet a donné lieu à une discussion qui se poursuit encore, alors que la rédaction de la Charte est achevée et que le projet est en ligne sur le site www.charterforcompassion.org

Pendant l’automne 2008, des milliers de personnes, des quatre coins du monde ont contribué à cette Charte qui transcende les idéologies religieuses et les différences nationales et est le fruit de la réflexion de grands penseurs issus de traditions différentes, menées avec passion, intelligence, conviction intellectuelle et espoir, en envoyant des suggestions par internet.

Le « Conseil des consciences » chargé d’élaborer et de rédiger la Charte pour la compassion, sur la base de ses suggestions, a réuni d’éminents penseurs et représentants religieux, entre autres, le Cheikh Ali Gomaa, Grand Mufti d’Egypte, le rabin David Saperstein du Religious Action Center of Reform Judaism, le Sâdhu (NdT : “le renonçant”) Chaitanya, leader spirituel 4d’Arsha Vijan Mandiram, le Dalaï-Lama, Peter Gabriel et l’archevêque Desmond Tutu, ancien archevêque de la ville du Cap (en Afrique du Sud).

Parmi les partenaires du projet de la Charte, outre TED, on compte notamment le Tanenbaum Center, le World Council of Religious Leaders, le Al-Ghazzali Center et l’Institute of Religion, Culture and Peace.

Les douze étapes de la compassion selon Karen Amstrong :
  1. Apprendre ce qu’est la compassion
  2. Observer notre propre monde
  3. Avoir de la compassion pour nous-mêmes
  4. Cultiver l’empathie
  5. Développer l’attention
  6. Agir
  7. Voir combien notre savoir est infime
  8. Veiller à notre façon de nous parler
  9. Avoir de la sollicitude à l’égard de tous
  10. Connaître
  11. Reconnaître
  12. Aimer nos ennemis

La Charte de la compassion nous invite à traiter l’autre comme nous souhaitons nous-mêmes être traités, et à mettre en œuvre une forme de compassion active : à nous engager à développer une plus grande attention empathique, traiter l’autre dans un esprit d’équité, et soulager les souffrances. Téléchargement ICI

Compasion : manifeste révolutionnaire pour un monde meilleur

Dans la dynamique de la Charte de la compassion, Karen Armstrong publie Compassion – Manifeste révolutionnaire pour un monde meilleur aux Editions Belfond dans la collection L’Esprit d’ouverture.

Ce livre n’est pas une incantation ni une présentation théorique de plus sur les vertus de la compassion,  mais une explication argumentée de l’universalité de cette éthique, et une invitation pratique à la mettre en œuvre, pour nous et pour les autres.

Grande spécialiste des religions, Karen Armstrong profite d’une connaissance intérieure des différentes traditions spirituelles pour nous montrer comment cette aspiration universelle, présente aussi bien dans tous les cultes que dans toutes les philosophies éthiques et spirituelles, a été délaissée au fil du temps.

 Elle nous invite à redécouvrir cette perspective de bienveillance sur le monde en proposant un programme en douze étapes, en clin d’œil à celui des Alcooliques anonymes : l’égoïsme est une addiction dont on peut s’émanciper ! D’étape en étape, elle montre comment intégrer cette valeur dans notre quotidien, la faire rayonner en nous, dans notre environnement immédiat, personnel et professionnel, puis, pas à pas, à d’autres échelles…

Charte de la compassion : téléchargement ICI

Jean-Paul Thouny
Thérapeute énergéticien, formateur - Voiron (Isère) France
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