Les huiles essentielles plus efficaces que les antibiotiques

Une invention qui pourrait révolutionner le monde de la médecine
Les huiles essentielles du chercheur marocain Adnane Remmal terrassent les bactéries ultrarésistantes, avant de supplanter totalement les antibiotiques

Adnane Remmal, un chercheur marocain, pourrait avoir grandement fait évoluer la science. Son invention lui a valu de remporter le prix du public de l’Inventeur européen 2017 décerné par l’Observatoire européen des brevets, pour la première fois remis à un scientifique africain. Ce dernier a peut-être trouvé la solution à l’inefficacité de certains antibiotiques face à la résistance des bactéries.

Certains antibiotiques sont devenus, avec le temps, inefficaces. Molécules naturelles ou synthétiques, les antibiotiques ont pour mission de détruire ou bloquer la croissance de bactéries afin d’empêcher les infections, mais au fil du temps les bactéries ont muté et ne sont plus inquiétées par certains antibiotiques. Cette résistance que antibiotiques, véritable menace pour notre santé qui entraîne 25 000 morts chaque année en Europe et 700 000 dans le monde, inquiète à juste titre le monde scientifique, si bien que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en a fait une priorité absolue.

Admane Remmal

Adnane Remmal, pharmacologue marocain, qui a fait ses études à l’université d’Orsay et à la faculté de Neker, a été récompensé le 15 juin par le prix du public de l’inventeur européen par l’Office européen des brevets, après 30 ans de recherches. Il a découvert un procédé révolutionnaire alliant antibiotiques et huile essentielle capable de lutter contre les bactéries les plus résistantes. Ses travaux, qui apportent une solution peu coûteuse à l’un des principaux défis de la médecine aujourd’hui, devraient révolutionner le marché. Et bousculer les Big pharma…

Adnane Remmal est le premier ressortissant du continent africain à être nominé, et a fortiori primé, par l’Office européen des brevets. Benoît Battistelli, président de l’office européen des brevets se félicite de ce sacre : « Avec son travail, il a montré qu’antibiotiques traditionnels et huiles essentielles naturelles étaient complémentaires. C’est une victoire méritée ».

S’il a fait ses études à Paris, Adnane Remmal s’est vu offrir la possibilité de poursuivre sa carrière en France, mais il s’y refuse, préférant rentrer au Maroc et faire bénéficier son pays de ses compétences. Devenu une sommité dans son pays, Adnane Remmal a vu les étudiants en biologie remplir l’université. C’est pour lui, une satisfaction supplémentaire : « réussir à intéresser les jeunes aux longues études et aux sciences est une source de joie pour moi. Les jeunes ont des idées, il faut les encourager » a-t-il expliqué.

Les plantes dans la tradition marocaine

« A force de mal utiliser les antibiotiques, la résistance (des bactéries) se développe », explique le chef du laboratoire de biotechnologie de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès, au centre du Maroc.

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la résistance aux antibiotiques constitue une « des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale ».

Pour la contourner, Adnane Remmal a imaginé une solution inspirée par la tradition marocaine d’utilisation médicinale des plantes. Origan, thym, romarin: les plantes qui contiennent les composants les plus efficaces contre les microbes sont très répandues au Maroc, grâce au climat méditerranéen.

Le chercheur a ajouté aux antibiotiques des « molécules naturelles provenant d’huiles essentielles », créant un nouveau complexe moléculaire.

C’est « comme si on camouflait l’antibiotique » avec les molécules d’huiles essentielles, détaille ce biologiste de 55 ans. La bactérie peine à le reconnaître et donc à développer un mécanisme résistant. « Elle redevient sensible à cet antibiotique boosté ». Et « grâce à ce nouveau médicament, on peut traiter un patient qui a un germe résistant », explique-t-il.

Sa découverte a été brevetée en 2014 par l’Office européen des brevets. Les essais cliniques ont débuté en 2016 et des tests complémentaires sont en cours. Le biologiste, qui a signé un contrat avec un laboratoire pharmaceutique marocain, espère obtenir fin 2017 l’autorisation de mise sur le marché dans le royaume.

Odeur de romarin
L’aventure d’Adnane Remmal a commencé à la faculté des sciences de Fès où il s’est lancé dans des études de biologie en 1980.

« Dans ma famille, il y avait beaucoup de respect pour les « savants », quelle que soit la discipline », se souvient le chercheur aux lunettes fines cerclées de métal. « J’ai aussi été marqué par mes cahiers d’écolier: sur la page de garde on y voyait Louis Pasteur penché sur un microscope ».

Après un doctorat obtenu à Paris en pharmacologie moléculaire, Adnane Remmal revient dans la ville impériale marocaine où il supervise les travaux d’une vingtaine d’étudiants.

Dans son laboratoire, certains d’entre eux s’affairent au milieu des microscopes. Une jeune fille injecte une solution dans une orange pour empêcher les moisissures de se développer; un étudiant à la barbe bien taillée scrute des échantillons vieillis de pommes de terre et d’oignons.

Des molécules aromatiques issues du thym, de la marjolaine, de l’eucalyptus…
Pour apporter une solution, Adnane Remmal a mis au point un système alliant antibiotiques et principes actifs issus d’huiles essentielles. Combinés, ceux-ci produisent un effet de synergie remarquable : non seulement les molécules aromatiques empêchent la résistance des bactéries à l’antibiotique, elles contribuent à les détruire encore plus efficacement ! Le chercheur l’a vérifié avec le carvacrol, une molécule antibactérienne présente dans le thym, la marjolaine et l’origan, et se consacre maintenant à un autre principe actif tiré de l’eucalyptus. 

Des huiles essentielles pour les animaux d’élevage

Grâce aux travaux effectués dans ce laboratoire, Adnane Remmal a remporté en 2015 un prix de la Fondation africaine pour l’innovation, après avoir mis au point des suppléments alimentaires pour bétail à base d’huiles essentielles.

Objectif : réduire le recours aux antibiotiques dans l’élevage intensif. Car dans beaucoup de pays, ceux-ci les utilisent couramment pour stimuler la croissance des animaux (une pratique interdite en Europe). Si bien que la moitié des antibiotiques produits aujourd’hui sont consommés par les animaux d’élevage, ce qui contribue lourdement au phénomène de l’antibiorésistance. Les vaches nourries aux huiles essentielles auraient également meilleur goût…

« L’origine de la résistance des bactéries vient principalement des animaux », décrypte le chercheur. « Les éleveurs ont découvert que s’ils donnaient des antibiotiques au bétail, les animaux grossissaient plus vite », souligne-t-il.

« Mais les bactéries résistantes sont transmises à l’homme par l’alimentation : donc si je voulais combattre la résistance chez l’homme, je devais trouver une alternative à ces antibiotiques pour l’animal », explique le chercheur.

Les entreprises sollicitées n’ayant pas voulu fabriquer ces additifs, le biologiste s’est lui-même lancé dans l’industrie.

L’usage massif des antibiotiques pour les animaux d’élevage contribue à l’émergence de cette résistance et annoncent des prévisions alarmantes. L’organisation dédiée au bien-être des animaux de ferme, la CIWF dresse un tableau noir en novembre dernier : d’ici à 2050, une personne toutes les 3 secondes pourrait mourir à cause de leur inefficacité.

Adnane Remmal a donc créé des compléments alimentaires à base d’huiles essentielles pour booster la croissance des vaches et la qualité de la viande. « L’éleveur est ravi parce que ça marche beaucoup mieux que les antibiotiques, tout en coûtant beaucoup moins cher », explique le chercheur, tandis que le consommateur est ravi de savoir que la viande qu’il consomme n’est plus bourrée d’antibiotiques. Selon les premiers retours, la viande aurait même meilleure goût.

Poil dense et pied agile
Des vastes locaux de son usine dans les environs de Fès se dégagent des senteurs d’herbes aromatiques. Dans une cuve de 3000 litres d’huiles essentielles, sont mélangés des composants solides naturels comme l’argile.

« Nous voulons remplacer les antibiotiques par des produits efficaces à base de substances naturelles, à moindre coût et qui ne présentent aucune toxicité pour le consommateur final », explique Mounia Okhouya, responsable recherche et développement.

Abderrahmane Eytrib, gérant d’une ferme de la région, utilise ces produits depuis deux ans. « On donnait beaucoup d’antibiotiques les années précédentes », ce n’est plus le cas cette année, se réjouit-il. Ses bêtes semblent en pleine forme, le poil dense et le pied agile.

Adnane Remmal et son équipe ne comptent pas s’arrêter là. Des brevets sont en attente de publication pour d’autres produits à destination agricole : biopesticides, antifongiques, antiparasitaires. Les recherches continuent aussi pour la santé humaine.

Origine de la recherche

Adnane Remmal raconte comment il a été amené à se pencher sur ce phénomène de résistance :

«En 1988, j’ai rencontré des chirurgiens qui m’ont expliqué qu’ils réussissaient souvent des opérations très sophistiquées, mais qu’à la fin, les patients faisaient des infections nosocomiales avec des bactéries multirésistantes et qu’ils n’arrivaient pas à les traiter avec les antibiotiques qu’ils avaient à leur disposition. Ce jour-là, j’ai décidé de dédier toute ma carrière à essayer de combattre ce phénomène de résistance et trouver une solution.»

Adnane Remmal se met alors en quête d’une substance capable de renforcer l’effet des antibiotiques ; il la trouve dans le carvacrol, un composé chimique contenu dans la marjolaine, le thym et l’origan, entre autres. « La quantité d’huile essentielle que nous devions mettre, donnée à un patient, était un peu élevée. Il y avait beaucoup de risques d’avoir des effets secondaires. Alors nous nous sommes dit que si nous ne pouvions pas utiliser les huiles essentielles seules, nous les associerions avec les antibiotiques pour voir si nous pourrions obtenir une bonne synergie.»

Pour vulgariser sa découverte, le scientifique s’essaie à une comparaison astucieuse : «Les antibiotiques, c’est comme une clé qui va ouvrir une serrure. Si par contre un jour la bactérie subit une mutation qui fait que la clé n’entre plus dans la serrure, la porte ne s’ouvre pas et la bactérie devient résistante. Nous avons démontré que les huiles essentielles ne sont pas des clés qui ouvrent des serrures ; ce sont plutôt des gros marteaux qui cassent les portes

« J’estime que les maladies infectieuses sont les plus menaçantes dans le monde, particulièrement dans les pays en voie de développement. C’est la raison pour laquelle j’ai consacré mes recherches à ce problème », a déclaré le professeur lors de la remise du prix.

Le traitement sera proposé à un prix abordable dans les régions à faibles revenus. Adnane Remmal espère donner le coup d’envoi de l’industrie pharmaceutique marocaine grâce à la fabrication de son « antibiotique boosté » comme le premier médicament développé et fabriqué au Maroc.

La récompense

Le biologiste marocain Adnane Remmal remporte le Prix de l’inventeur européen 2017.

« Le simple fait d’être nominé est un miracle pour un petit chercheur marocain comme moi », déclarait modestement en avril dernier au HuffPost Maroc Adnane Remmal, professeur de biologie à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès.

Pourtant, s’il a été sélectionné, c’est bien parce qu’il a mis au point un médicament qui permet de lutter contre la menace grandissante des microbes résistants aux antibiotiques en utilisant l’activité antimicrobienne des plantes, et notamment des huiles essentielles.

Ce fut une nouvelle consécration le 15 juin, à Venise, puisque le chercheur a remporté le prix du public lors de la cérémonie de remise du Prix de l’inventeur européen 2017.

Le professeur Remmal a recueilli le plus grand nombre de voix du public lors d’un vote en ligne. « Les votes en faveur d’Adnane Remmal confirment l’importance de sa contribution à la lutte contre la résistance de plus en plus forte des bactéries aux antibiotiques », a déclaré Benoît Battistelli, Président de l’Office européen des brevets (OEB). « Il a montré que les antibiotiques traditionnels et les huiles essentielles naturelles pouvaient être combinés pour décupler leurs effets. Avec son travail, il contribue largement à développer la recherche pharmaceutique dans son pays natal, le Maroc », a poursuivi le président de l’OEB.

Mise sur le marché attendue d’un médicament 100% marocain
Afin de lutter contre la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques, un phénomène qui inquiète de plus en plus l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le chercheur marocain a mis au point une nouvelle méthode pour renforcer les antibiotiques avec des huiles essentielles. Si Adnane Remmal trouve en 2005 un « business angel » prêt à financer son dépôt de brevet, ce n’est qu’en 2015 que le chercheur mène ses premiers tests cliniques sur des patients atteints d’infections urinaires, avec l’aide du laboratoire pharmaceutique marocain Sothema qui a accepté d’investir pour transformer le principe actif découvert par Remmal en médicament. Les essais seront concluants: « Après un traitement de six jours, l’urine des patients ne contenait plus aucune bactérie », explique le chercheur, qui espère la mise sur le marché début 2018 de ce premier médicament 100% marocain.

La trouvaille lui avait déjà valu le Prix de l’innovation pour l’Afrique en 2015. Avec le prix du public qui lui a été remis aujourd’hui pour cette 12e édition du Prix de l’inventeur européen, Adnane Remmal a su se distinguer parmi 15 autres finalistes en recevant le plus grand nombre de voix sur plus de 119.000 votes enregistrés, soit deux fois plus que l’année passée (56.700).

Les laboratoires s’en mêlent

Les laboratoires ont du souci à se faire. « Certains de mes thésards (étudiant en doctorat) travaillent pour les big pharmas. Ils m’ont rapporté que j’étais sous microscope, très surveillé par les grands labos ». À plusieurs reprises, certains laboratoires pharmaceutiques ont tenté de lui racheter son brevet, en vain. À termes, les principes actifs d’huiles essentielles pourraient bien remplacer les médicaments traditionnels.

Jean-Paul Thouny
Thérapeute énergéticien, formateur - Voiron (Isère) France

Principales sources

• Bio à la une : www.bioalaune.com
• Capital : www.capital.fr
• Conso Globe : www.consoglobe.com
• EPO : www.epo.org
• France Soir : www.francesoir.fr
• Huffpost Maroc : www.huffpostmaghreb.com
• La Dépèche : www.ladepeche.fr
• 20 minutes : www.20minutes.fr

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