de 6 km, sous les rues de Budapest (Hongrie)
La grotte emplie d’eau Molnár János
En plein centre de Budapest, de l’autre côté de la rue donnant accès aux bains thermaux de Szent Lukács, une petite mare garnie de nénuphars tout à fait anodine abrite un gigantesque trésor.
Sa discrétion est telle que même les habitants de la capitale hongroise n’en ont pas entendu parler. Peu de monde sait que sous les rues de la ville se cache un réseau de 6 kilomètres de grottes sous-marines, se trouvant entre 100 et 116 m au-dessous du niveau de la mer, posédant au moins deux entrées, et étudié depuis plusieurs années par des scientifiques venus du monde entier. Découverte à la fin du XVIIe siècle, elle est connue sous le nom de grotte Molnár János.
Pour comprendre que l’on se trouve au bon endroit, la petite marre aux abords de la rue Frankel Leó, baptisée « Malom », dispose d’une inscription sur un mur, représentant un plongeur. Une fois à l’intérieur, un couloir mène directement à la petite entrée de la grotte et il y est écrit « Happiness Factory ». C’est après celle-ci que les scientifiques et plongeurs aguerris s’équiperont pour leur aventure aquatique, dans une eau cristalline à 27 degrés, provenant des mêmes sources thermales que les bains de la ville. Autour d’eux, les vestiges d’une mer disparue, vieille de millions d’années.
Des parties de la grotte encore à découvrir
L’eau chaude et la présence de cette grotte ont la même racine : les sources thermales de la ville de Budapest ont conduit à ce que des galeries entières se forment sous les rues de la ville. Aujourd’hui, les scientifiques ont réussi à cartographier 5,8 kilomètres de parcours. Mais, selon eux, il y en aurait encore à découvrir, et la grotte sous-marine de Molnár János pourrait s’étendre sur 8 kilomètres au total. Pour que les plongeurs puissent se repérer et retourner dans les parties les plus enfouies, des lignes ont été installées, soigneusement tendues dans l’eau.
Ces lignes forment un réseau à part entière où l’on circule et rencontre des carrefours. En plus de faciliter les plongées, celles-ci permettent aussi de ne pas se perdre au cas où la visibilité serait nulle. Car derrière cette eau cristalline, « qui permet de voir aussi loin que la lampe torche nous le permet » racontait CNN dans un reportage, le moindre contact avec les parois fragiles de la grotte et la vase déposée se soulève et opacifie tout l’environnement. Mais l’exploration reste assez simple, racontent les plongeurs, alors que certaines salles sont remarquablement grandes.
Découvertes d’espèces uniques
Dans un reportage publié par Filmdjungel Studio, les spécimens d’espères trouvés dans la grotte Molnár János été filmés à faire l’objet de recherches dans l’université Loránd Eötvös (ELTE) de Budapest. Mais d’autres chercheurs venus de Miami, en Floride, s’intéressent aussi à ce que l’on trouve au sein de la grotte sous-marine hongroise. Il faut dire que l’université FIU (Florida International University) fait partie des plus avancées dans la recherche sur les crustacés.
Grâce à l’étude des génomes, les chercheurs confirmaient plusieurs découvertes d’espèces à part entière, et cherchaient à comprendre, avec elles, l’histoire de notre planète et de ses différentes espèces. Grâce à leurs points communs et leurs différences, les scientifiques arrivent à mieux comprendre celles qui se sont croisées il y a des millions d’années, avant d’être séparées à tout jamais, dans les entrailles de la Terre.
Plonger dans l’eau de la grotte Molnár János
À Molnár János, il n’est pas nécessaire d’être scientifique ou spéléologue pour venir découvrir les galeries. Cependant, la plongée requiert le niveau Advanced Open Water Diver de plongée, une certification délivrée par l’organisation internationale PADI, qui demande de longs mois de pratique (une centaine de plongées). Ce niveau permet d’explorer une grande partie de la grotte de Molnár János, mais limitera tout de même les visiteurs à une profondeur de 30 mètres maximum, là où la grotte s’étend jusqu’à 90 mètres.
L’exploration des coins les plus reculés des galeries reste donc exclusivement réservée à l’élite de la spéléologie sous-marine. On se contentera donc des vidéos qui en résultent, et des récits de plongées disponibles.