Relever le défi du corps vieillissant ! Et si on dansait ?

Conserver santé et harmonie du corps grâce à la Danse Malkovsky.

Vieillir : oui… mais…

Le corps vieillissant est devenu un problème pour nos sociétés où l’on vit de plus en plus longtemps. Mais dans quel état trop souvent ? Si la médecine moderne – et son arsenal de médicaments et de technologies de toutes sortes – permet l’allongement de la vie mais qu’elle ne garantit pas de pouvoir continuer à marcher seul sans risquer de chuter à chaque pas, si cette médecine ne garantit pas de ne pas avoir à utiliser un déambulateur pour assurer la sécurité de la marche, cela en vaut-il vraiment la peine ? 

Il n’y a qu’à regarder les reportages réalisés dans les EHPAD pour ne pas souhaiter soi-même terminer sa vie de cette façon. Des statistiques nous disent d’ailleurs que les résidents en EHPAD sont de plus en plus dépendants et même que la part des dépendants augmente, y compris parmi les résidents de moins de 70 ans ! Comme si on était “vieux” à  70 ans !

Cette perte d’autonomie nous est souvent présentée par la pensée “mainstream” comme une fatalité à laquelle il est impossible d’échapper et on considère comme normal d’avoir des difficultés à marcher à partir d’un certain âge. Qui ne connait pas, autour de soi, des sexagénaires qui se pensent “vieux”, tandis que d’autres, plus rares, continuent à être actifs. Bien mieux, nous danseurs libres, avons parmi nous des personnes ayant dépassé les 80 ans, même largement parfois, et qui continuent à jouir d’une belle autonomie et liberté de mouvements. Dans le même temps,  d’autres n’ayant même pas atteint la soixantaine attribuent leurs maux de dos ou de genoux à la “vieillerie” !!!  Les premières ne sont pas des êtres exceptionnels mais des personnes qui ont préparé leur 3ème ou 4ème âge en prenant globalement leur santé en main. Ce  qui est d’une importance capitale en particulier c’est l’exercice physique. Il est évident que plus tôt a lieu cette prise de responsabilité vis à vis de sa santé, plus les résultats seront là, même s’il est vrai que, quand on est en pleine possession de ses moyens, on n’y pense pas forcément. Et pourtant les êtres qui auront su anticiper et entretenir leur capital santé en se faisant du bien en récolteront les fruits. 

Conserver le plus longtemps possible toute sa liberté de mouvement est du plus grand intérêt pour chacun d’entre nous. Bien sûr,  sauf en cas d’accident de la vie, nos capacités de mouvement restent intactes dans les premières décennies, bien que travailler assis toute la journée à un bureau ou devant un ordinateur crée de nombreuses pathologies du dos en raison d’une mauvaise assise et de l’immobilité. Il est évident en revanche que plus on prend de l’âge, plus chacun d’entre nous se voit exposé – parmi bien d’autres pathologies liées à la non-réforme de son alimentation (adopter une alimentation faisant une très large place aux végétaux, bio de préférence, est primordial, on ne le dira jamais assez) – à des problèmes articulaires affectant majoritairement les genoux, les hanches, le dos, les épaules. Je ne rentrerai pas dans les détails de ces affections car, n’étant pas professionnelle de santé, mon objectif n’est pas de proposer des moyens thérapeutiques une fois que le mal est là mais de montrer comment une pratique comme la danse Malkovsky constitue une voie intéressante pour éviter le plus possible de tels problèmes avant qu’ils ne surgissent ou au moins de limiter leurs nuisances.

Les douleurs… ces sonnettes d’alarme…

En fait, quand les douleurs sont là, les personnes qui refusent les solutions à double tranchant de la médecine conventionnelle et de l’industrie pharmaceutique ont recours à l’ostéopathie et à l’utilisation de produits naturels.  Et c’est une grande avancée car quelques décennies en arrière, rien de similaire n’était proposé aux patients par la médecine officielle. J’ai le souvenir d’une de mes grand-mères disparue dans les années 80 et que j’ai toujours vue marcher avec une canne, souffrir du dos, porter non des semelles orthopédiques mais des chaussures orthopédiques faites sur mesure et un corset. On ne lui proposait ni kinésithérapie ni osthéopathie. Elle était par contre abreuvée de médicaments antalgiques et autres anti-inflammatoires pour “calmer” ses douleurs, médicaments qui ont lésé tout son système digestif. De plus elle chutait régulièrement, ce qui était d’autant plus dramatique qu’étant très corpulente et n’ayant quasiment aucune conscience de son corps elle était incapable de se relever seule. Comme à l’époque l’usage du déambulateur était inexistante, elle en est venue à ne pratiquement plus bouger. Mais même actuellement, la pensée courante est que si on a mal à une articulation il vaut mieux ne pas la solliciter. 

On sait maintenant que pour ne pas en arriver à de telles extrémités (et pourtant le mal de dos frappe de plus en plus de personnes et de plus en plus jeunes ) il y a nécessité absolue de corriger les mauvaises postures corporelles qui au fil des ans abîment la colonne vertébrale et les articulations, qui font que l’on se voûte de plus en plus et que les vertèbres lombaires se pincent, se tassent. Pour éviter cela, il importe de développer la conscience de son corps tout en corrigeant ses mauvaises habitudes. Il est aussi fortement conseillé de continuer à pratiquer une activité physique… mais pas n’importe laquelle. Encore faut-il que ce soit une activité bénéfique au corps vieillissant. Autrement dit une activité qui n’endommage absolument pas les articulations et ne soit ni violente ni fatigante pour que la conservation des capacités motrices soit assurée au mieux. Les sports violents sont donc déconseillés, cela va de soi. Des études récentes montrent que la pratique de la danse offre bien des avantages, à l’exclusion toutefois des danses classique ou contemporaine incompatibles avec la protection des articulations de même que toute forme de danse acrobatique, pour des raisons évidentes là aussi. Même si, en dehors des danses précédemment évoquées, toute forme de danse est bénéfique, la danse Malkovsky occupe une place à part et offre des avantages supplémentaires.

La danse : des bienfaits pour le corps mais aussi pour l’esprit

Outre ses bienfaits pour le corps, la danse paraît en avoir également sur le fonctionnement du cerveau. Le vieillissement s’accompagne trop souvent d’une dégénérescence cérébrale, laquelle engendre des problèmes cognitifs mais aussi d’équilibre. Or, une équipe de chercheurs allemands nous dit, dans un article publié il y a quelques années dans le journal Frontiers in Human Neurosciences, que l’exercice le plus bénéfique pour le cerveau est justement la danse. Cette activité en effet combine un aspect sportif avec une dimension artistique, c’est à dire créative. Elle mobilise les capacités senso-motrices et la cognition… tout en minimisant les risques de se blesser. 

Plusieurs mois de danse ont permis d’améliorer l’équilibre des membres d’un groupe étudié par ces chercheurs ainsi que le volume de leur hippocampe, une région du cerveau touchée par le vieillissement normal et pathologique. La danse Malkovsky, déjà particulièrement intéressante par la diversité et la subtilité des mouvements qu’elle propose, ( des mouvements qui concernent le corps entier et non des pas comme dans la plupart des danses de salon), l’est surtout par la variété des musiques et des rythmes auxquels elle soumet les danseurs, ce qui aiguise aussi leur capacité d’écoute active de la musique. Tout cela maintient chaque danseur dans une présence à soi et aux autres et accroît la conscience de l’espace dans lequel il évolue. 

Augmentation du volume de l’hippocampe et amélioration de l’équilibre

D’après  les études de l’équipe allemande, plusieurs mois d’exercice ont permis d’améliorer le volume de l’hippocampe des danseurs, région du cerveau si importante pour la consolidation de la mémoire, l’apprentissage et le déplacement dans l’espace. Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen explique que l’hippocampe est une structure particulièrement plastique, où l’on trouve de la neurogenèse, c’est à dire la production de nouveaux neurones. Il a déjà été montré que l’exercice physique est associé à une augmentation du volume de l’hippocampe et qu’un hippocampe plus gros est lié à une meilleure mémoire. Mais avec la danse, on a observé une augmentation de volume dans davantage de régions de l’hippocampe qu’avec tout autre type d’exercices, tels le fitness, le stretching, le vélo d’appartement ou même la marche nordique. Cette augmentation de volume est particulièrement remarquable dans une région appelée subiculum, dédiée à la mémoire de travail et à la relation à l’espace. 

L’équilibre a également été évalué puisqu’il est maintenant connu comme un indicateur de la qualité du vieillissement. Et dans les études, seuls les danseurs ont montré une amélioration de leur équilibre.

Cet effet sur l’hippocampe dû à la pratique d’une danse n’est pas surprenant car cette structure réagit à l’apprentissage de quoi que ce soit de nouveau. Ceci est particulièrement vrai pour la danse qui propose des chorégraphies sans cesse renouvelées où il faut mémoriser des enchaînements de mouvements et des déplacements dans l’espace. Il n’est pas impossible non plus de relier cet effet à la composante “plaisir” présente dans la danse. Les circuits de l’émotion étant étroitement associés à ceux de la mémoire, la danse apparaît comme émotionnellement positive et motivante. Avec la danse, on cumule les aspects plaisir et activité physique. 

Les plus de la danse Malkovsky

Un effet incontestable sur l’équilibre: rappelons que le point de départ de la pratique est de retrouver la marche naturelle, très proche de ce que préconise Jacques Alain Lachant, ostéopathe spécialiste du pied. Lors d’une de nos rencontres, JAL m’avait confié que la façon de marcher qu’il préconise et qu’il appelle marche portante permet en premier lieu de prévenir les risques de chute. Ceci est d’une grande importance puisque les chutes constituent la  première cause de décès accidentel chez les plus de 65 ans, plus de 2 millions de personnes âgées de plus de 65 ans chutant chaque année ! Soulignons que la chute impacte non seulement la condition physique mais également la condition psychologique, provoquant perte de confiance, peur de tomber à nouveau et repli sur soi. Or la danse Malkovsky familiarise le corps avec la séquence déséquilibre /rééquilibre: il sait alors mieux comment réagir lorsque une situation de la vie quotidienne l’amène à perdre l’équilibre.

La marche naturelle repose sur les points suivants:  regarder où l’on va et non par terre, créer un déséquilibre, établir la liaison croisée main/ pied pendant la marche ( m.g/ p.dr. et m.dr./p.g) et retrouver la verticale en se réceptionnant sur l’avant-pied. Tous ces éléments concourent à assurer un bon équilibre. 

Adieu raideurs, c’est la fluidité retrouvée !

Comme avec la danse Malkovsky tout le corps est impliqué, dont les épaules et la colonne vertébrale, aucune de ses parties ne se trouve exclue du mouvement. Toutes les articulations sont concernées et jouent en douceur, ce qui nourrit les cartilages et empêche leur disparition. Contrairement en effet à ce qu’on a toujours pensé, les recherches les plus récentes montrent que le cartilage ne s’use pas dans le fonctionnement normal de l’articulation mais plutôt par manque de mouvement. L’épaisseur du cartilage et la nutrition des tissus articulaires sont même assurées par le mouvement. En cas de douleurs articulaires, dont se plaignent souvent les personnes d’un certain âge, on sait maintenant que la pire des choses à faire est donc d’immobiliser le corps. Il faut au contraire bouger, d’autant qu’il a été mis en évidence que le mouvement, en plus de favoriser la conservation du cartilage, joue un rôle anti-inflammatoire pour des douleurs de type arthrose et que négliger une activité régulière en raison de douleurs accentue les symptômes. 

La conscience corporelle

La danse Malkovsky, c’est aussi une grande variété de déplacements ( avancer, reculer, aller vers la droite ou la gauche, virer, tourner sur soi) et de  gestes ( tendre la main vers un partenaire, dessiner courbes et spirales, jouer avec un foulard ou un bâton, lancer une balle en l’air ou à un partenaire, la faire rebondir, mimer les gestes du joueur de tennis, du pagayeur ou d’un travailleur manuel et bien d’autres encore). L’implication mains/pieds englobe alors la totalité du corps, en synergie. C’est avec tout son corps, de tout son être qu’on danse et c’est d’ailleurs ce qui est  intéressant pour qui recherche une pratique holistique du corps-esprit: quel que soit le mouvement travaillé, il met en jeu la totalité de l’être et nécessite la conscience de chacune de ses parties: regard, respiration, pieds, genoux, ventre, dos, épaules, bras et mains, le tout participant d’une dynamique immobilité/déséquilibre/rééquilibre/immobilité, ce qui requiert aussi la conscience relative au placement puis déplacement du poids du corps. 

Autre rôle bénéfique de la danse Malkovsky, celui sur le cerveau. Parmi les exercices proposés, il y a les nombreux jeux avec une balle, qu’on la fasse rebondir, qu’on la lance en l’air pour la rattraper ensuite ou qu’on l’échange avec un partenaire, le tout en relation précise avec la musique. Si les scientifiques ont enregistré de nettes améliorations dans le fonctionnement cérébral chez les personnes pratiquant des jeux de balle, avec la danse Malkovsky, le bénéfice semble augmenté par l’exercice de ces jeux en musique. En effet lancer, attraper, jongler en accord avec une musique exige une présence à soi et et une attention extrêmes qui ne laissent aucune place à la dispersion et à la dissociation entre le corps et la conscience objective. Si on pense à autre chose, on n’attrape pas la balle! La répétition des mouvements et la musique stimulent alors conjointement la mémoire visuelle, auditive que kinésiologique. 

L’économie d’énergie. Le caractère répétitif des mouvements place le danseur dans une sorte de boucle cinétique dans laquelle il n’y a plus d’effort à faire car chaque appui au sol génère une onde énergétique qui traverse tout le corps. Les mouvements se réalisent alors sans effort, muscles détendus, ce qui permet de trouver une relaxation dynamique. 

Mieux respirer. En fait, les mouvements se réalisent à partir et autour de la respiration qui n’est plus simplement un acte physiologique. Le corps entier se dilate et se reploie. Chaque motif de mouvement commence avec l’inspir et se termine dans l’expir, l’inspir suivant donnant naissance au mouvement suivant.  

Rappelons pour finir que la danse en général et la danse Malkovsky en particulier n’accomplissent pas de miracles. Le maintien de la meilleure santé possible repose aussi sur l’adoption d’une bonne alimentation, faisant une large place aux végétaux et limitant les produits de l’industrie agroalimentaire. 

Grâce à la danse, chacun peut continuer à mieux vivre.

Anne-Marie Bruyant
Professeur de Danse Libre - Mezy-sur-Seine, France
Courriel : abruyant@aol.com

Pour en savoir plus :

La danse libre, sur les traces d’Isadora Duncan et de François Malkovsky
d’Anne-Marie Bruyant – Éditions Christian Rolland (2012)

L’Américaine Isadora Duncan (1877-1927) a révolutionné la danse du XXe siècle en rejetant radicalement le langage et la formation de la danse classique au profit d’une danse plus naturelle et spontanée. Bien que les plus grands danseurs et chorégraphes qui lui ont succédé aient reconnu son rôle majeur dans l’évolution de la danse, la voie qu’elle a ouverte a été désertée par tous ceux qui occupent le devant de la scène. Inspiré par la danseuse aux pieds nus, François Malkovski (1889-1982) fut le génial inventeur d’une pédagogie permettant au corps de retrouver et conserver sa liberté de mouvement afin d’exprimer les émotions humaines.

La danse libre a quitté la scène et ses spectacles, mais elle a intégré la vraie vie. Elle s’offre maintenant à quiconque ressent le désir de « danser sa vie », allumé par Isadora Duncan, pour vivre mieux et plus intensément. Cet ouvrage est né de la rencontre entre la pratique de la danse libre de l’auteur et les « Dialogues avec l’Ange » de Gitta Malash. S’est alors ouvert pour Anne-Marie Bruyant le chemin qui permet à l’âme de s’exprimer à travers le corps et à celui-ci d’écouter le chant du monde. Par ce livre, elle partage son expérience de la danse libre et propose au lecteur d’emprunter cette voie inspirante sur les traces d’Isadora Duncan et de François Malkovski.

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