Depuis quelques années, les Peuples dits « Premiers » sont regardés d’un autre œil par de nombreux individus en quête de spiritualité et de vérité. Ces Peuples Premiers apparaissent sous un nouveau jour, doués d’une Humanité, d’une grandeur d’âme et d’une intelligence de la Vie qui surpasse de loin celle de notre culture moderne. Les Maasaï, par exemple, sont détenteurs d’une Tradition orale précieusement conservée, remontant probablement à l’Ancienne Egypte d’Akhénaton, et ont préservé la flamme d’une Sagesse authentique qui sera à n’en pas douter le second souffle nécessaire au réenchantement de l’Occident.
Les Maasaï
Le terme Maasaï dérive du mot Ilmao (Les Jumeaux) qui fait référence à leur Spiritualité fondée sur l’expérience que toutes choses sont reliées à d’autres pour former des paires d’éléments complémentaires. La Spiritualité maasaï se situe entre l’action inventive, fabricatrice de l’Occident et la méditation de l’Orient, et fait de l’Homme un Co-créateur.
Elle est très concrète à l’image de leur Déesse-Mère Enk’Aï, Réalité qui donne la vie à tout ce qui est, et non pas un concept philosophique ni une autorité céleste abstraite. Pour les Maasaï, hommes ou femmes, que j’ai appris à connaître et à aimer durant toutes ces années, seul compte le fait de s’harmoniser intérieurement et intimement à un quotidien qui est multiple dans ses aspects et manifestations.
Seul leur importe de coller au plus près à leur expression la plus sacrée de l’accomplissement individuel : « avoir le regard clair et la démarche alerte ! » reflétant l’extraordinaire liberté qui habite chacun et, avec elle, une attitude indépendante, franche et directe vis-à-vis des autres et du monde en général. D’où le fait que leur société se vive comme une réelle démocratie sans chef, à l’opposé de tout système de domination où prédominent les relations de commandement-obéissance. Peuple en permanence relié à la Terre nourricière entretenue et reproduite en permanence par la Déesse Enk’Aï, ils ne reconnaissent de statut supérieur qu’à leurs Iloïboni Kitok, à la fois grands prêtres, médiateurs divins, prophètes et « hommes-médecine de très grande renommée ». Car, même si ces derniers ne peuvent décider à la place des femmes et des hommes accomplis, leur grand prestige et le respect supérieur qu’ils inspirent proviennent de leur pouvoir de prier Enk’Aï au nom de tous.
Chaque homme, et chaque femme, a son propre chemin à suivre, mais afin de le connaître et ainsi ne pas empiéter sur celui de quelqu’un d’autre pour être complémentaire avec lui, il convient d’accomplir dans sa vie et en neuf étapes deux grands cycles initiatiques d’une durée respective de 25-30 ans. Le premier est celui de l’école de la Vie qui permet de découvrir son chemin, faire l’apprentissage intérieur de la dualité, et finalement trouver l’harmonie et le bonheur sans avoir eu à les rechercher artificiellement ; le second est celui de la transmission sans coercition, dans la mesure où avec l’âge et la maturité, l’on est naturellement devenu l’exemple vivant de la façon dont les jeunes générations doivent se comporter.
L’éthique orale maasaï que j’ai faite mienne continue quant à elle, malgré l’encerclement négatif qui les menace outrageusement, d’être fondée sur la Présence divine et l’amour de la Vérité. La Spiritualité qui nourrit chaque Maasaï leur inspire toujours aussi profondément le dégoût pour le mensonge, le faux témoignage et la convoitise, mais aussi le respect dû aux parents et aux anciens, l’hommage quotidien à la Beauté de la nature et à son enchantement, et enfin le constant remerciement individuel à Enk’Aï pour les bienfaits autant que pour les épreuves personnelles sur terre.
Accepterez-vous de faire un pas, un tout petit pas, pour vous transformer à votre tour et quitter l’ère des poissons nageant en sens inverse, symboles de la dualité ? Dans la confiance totale et la joie d’Être relié, je vous livre ci-dessous quelques clés maasaï toutes simples pour y parvenir.
Être dans la Joie
La Joie naît de la joie aussi sûrement que la tristesse naît de la tristesse, vous diraient les Maasaï. Ils l’appellent respectueusement Encipaï. Pour eux, sans la Joie en soi on ne peut pas évoluer car elle est la condition même de l’existence et notre fondement à tous. L’avoir durablement en soi constitue par conséquent la première étape de toute véritable initiation. Rien d’étonnant à cela lorsque l’on réalise après coup que la Joie permet aux autres de s’ouvrir à la Vérité de la vie, et pour soi, de recevoir à travers eux des directives intuitives ou ne fût-ce qu’une idée de ce qu’il conviendrait de faire. Des coïncidences de plus en plus fréquentes surviennent alors pour nous mettre sur la bonne voie, c’est-à-dire sur notre chemin. La Joie, c’est pour ma famille maasaï : l’unité, et il est intéressant de noter que l’ultime étape de leur premier cycle initiatique consacre la complétude ⎯avec la révélation de l’Amour qui finalement n’est rien d’autre que la Joie en conscience. Il aura juste fallu pour y parvenir, grâce à la légèreté de la vraie vie qu’est la Joie, avoir eu le courage de surmonter les dangers de la séparation et de la dualité.
Il est d’ailleurs merveilleux de noter une convergence fondamentale chez ces êtres libres et pacifiques entre la Vérité intérieure (Esipata) qui est faite de joie pure, la Joie elle-même (Encipaï) qui provient directement du cœur, et l’Amour (Enyorrata) qui est le même pour tous. Pour eux, ces trois termes représentent une seule et même source à laquelle il est recommandé de s’abreuver sans compter. La Vérité consiste à ne pas calculer et à se laisser guider par les battements Joyeux de son cœur pour Aimer sans restriction : la Vie, l’Autre, tous les Etres de la Création. C’est un état d’Être facile à mettre en œuvre par tous.
Mais attention ! Pour parvenir à l’unité dans son propre cercle, seul le Cosmos peut apporter l’énergie du sexe opposé. Ça se passe néanmoins automatiquement, à condition de ne pas vous être vous-même coupé de cette connexion vitale. Ce qui est invariablement le cas si vous vous êtes contentés de compléter votre cercle en vous reliant à une personne qui elle aussi cherche à compléter le sien. Avoir la Joie en vous vous aidera à cultiver la patience !
Accepter les difficultés
La difficulté existe pour vous rendre conscient de l’authentique sens de la vie humaine. Elle est là pour vous aiguillonner vers l’éveil, car vos frustrations vous permettront de vouloir vous surpasser. Les Maasaï l’appellent Osina Kishon (la Souffrance-Don).
Sachez mes chers amis que j’en ai fait l’expérience et que je continue de le faire tous les jours. En faisant confiance à la Vie, je me suis rendu compte que je ressentais comme une Force protectrice en moi et autour de moi, quoique je fisse. Les Maasaï n’ont cessé de me répéter ce que j’avais toujours pensé tout bas sans oser en parler : ou bien tu crois en Enk’Aï et en ses Enfants (anges gardiens), et alors tu te sens protégé, intouchable ; ou bien tu désespères et tu tombes malade ! C’est vrai, je l’affirme, cette force protectrice inexpliquée a toujours été à mes côtés dans les moments les plus périlleux, voire désespérés, et j’ai appris des Maasaï qu’il n’y avait qu’une seule chose à décider : laisser faire Enk’Aï pour être en accord avec Elle. Est-ce la raison pour laquelle en moi, à leur contact, a toujours respiré l’infini, comme si j’avais détenu la vérité sans avoir eu à l’enfermer.
« Planter »
Dans la vie, tout est constamment changeant et nouveau. Pour s’adapter à ce qui Est, il convient donc de garder en permanence en soi une grande simplicité, une grande ouverture ainsi qu’une certaine naïveté créatrice. Lors de « La Plantation » (Eunoto), la plus prestigieuse de toutes leurs cérémonies, le « Planteur » désigné « plante » un tronc d’olivier sauvage au centre de la maison des rituels. Elle symbolise la cohésion d’une génération mais surtout l’équilibre, la complétude et l’unité intérieure de chaque guerrier. Le « Planteur » et l’arbre « planté » constituent le rappel du Tout qui dissout toute forme de dualisme.
Rechercher le bon ordre
Pour les Maasaï, il faut être prêt à se débarrasser de ses peurs, si l’on prétend vouloir se transformer et savoir qui l’on est réellement. Il faut être prêt à laisser faire les choses, à se laisser aller. Pas à se laisser aller au sens de n’en avoir plus rien à faire mais au contraire au sens de se débarrasser de ce que tout homme craint le plus : lui-même, pour redécouvrir la force du divin en lui et le laisser agir.
Il vous faudra tout simplement « être à l’écoute du bon ordre » (aingoru enkitoo), pratique courante de la plus haute importance chez ce peuple premier. Chaque être mûr s’y abandonne tout simplement et ce plusieurs fois par jour et a fortiori lorsque l’exige l’Ici et Maintenant, en faisant le vide en lui pour se connecter à Enk’Aï. En agissant ainsi, il trouve toujours le bon ordre car il ne doute pas qu’il recevra Ses instructions et Sa plénitude au travers du cordon ombilical qui le relie à Elle. Apprenez à observer en silence. Enk’Aï colore tout ce qui Est jusque dans le moindre détail. Le Réel est éternel, il est mouvant aussi et se vit dans le partage. Le bon ordre, vous le trouverez non pas dans les dogmes ni dans un horizon religieux vague et distant, mais dans la qualité de l’instant coloré par Enk’Aï.
Pour en savoir plus
Les neuf leçons du guerrier maasaï, suivi de : Les clés de la spiritualité maasaï
de Xavier Péron – Éditions Jouvence
En rencontrant Kenny un jour de mars 1983, en plein coeur du pays maasaï, au Kenya, Xavier Péron ignorait qu’il allait bouleverser sa vie. Au bout d’une incroyable initiation qui a duré trente ans, l’auteur a triomphé de ses peurs, de ses doutes, mais aussi de ses chagrins amoureux.
Sans qu’il l’ait recherché, sa révélation lui a permis de rencontrer le véritable Amour, et de devenir, tel son alter ego maasaï, un authentique guerrier pacifique. Ce roman initiatique s’adresse à tous ceux qui aspirent à la Liberté, à la Sagesse, et à l’Amour. Il dévoile pour la première fois l’héritage spirituel unique de ce peuple emblématique d’Afrique.
Pour les Maasaï, chacun a la capacité d’être son propre maître. À la découverte de ces neuf leçons de vie, le lecteur possédera toutes les clés pour se retrouver en paix avec lui-même.
«La destinée de chaque être humain est dépendante de la volonté de la Déesse Enk’Aï ; celle de Xavier a été de lui permettre d’écrire ce livre phare pour éclairer la vôtre. Que ses mots vous bénissent.»
Xavier Péron, enseignant-chercheur en anthropologie politique et expert des peuples premiers, voue sa vie aux Maasaï. Il a publié sur ce peuple célèbre et méconnu à la fois, de nombreux articles et leur a également consacré six ouvrages ainsi que deux films documentaires. Il a été maître de conférences en Sorbonne puis à l’île de La Réunion jusqu’à la fin des années 1990. Il se consacre depuis à son chemin initiatique. Il vit actuellement à Angers (France).
Tres très bonne année 2021 pour vous, pour les peuples indigènes .
Je vais acheter votre livre,
Depuis un an, je me suis inscrite à une association SURVIVAL, qui s’occupe de tous les peuples indigènes.
Il ne faut pas oublier que nous sommes que de passage sur terre, mais pour la majorité de la population mondiale qui vit dans le déni, le réveil pour eux sera brutal.
Bonne journée à vous
cordialement.
Christine LORRAINE