De notre peau à nos cheveux, de nos dents à nos ongles, tout dans notre corps parle.
Quels que soient nos petits bobos, peau sèche ou grasse, boutonneuse, ridée, pores dilatés, cheveux ternes, ongles cassants, ce sont des signes de détresse que notre corps nous envoie, cri d’un corps mal nourri, exposé à la pollution, au stress.
L’impact de la publicité
Il est normal qu’on se préoccupe à la fois de retrouver une santé et aussi de l’image qu’on veut donner de nous-mêmes. Toutefois, la donne est biaisée par la publicité – alors qu’on est déjà des juges intransigeants par rapport à nous-mêmes ! Elle nous fait vivre nos « imperfections » comme une aberration, en nous faisant miroiter la solution idéale pour pouvoir enfin y remédier, afin de répondre au seul modèle acceptable de femme ou d’homme, incolore et inodore, avec lequel elle nous martèle du matin au soir.
Or depuis près de 20 ans, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes refusent le culte d’un modèle unique et réducteur, le déni de la beauté inhérente à chaque être. Ils se tournent de plus en plus vers eux-mêmes pour déterminer leurs vrais besoins en fonction de ce qu’ils sont, essayant d’écarter les besoins induits par la publicité. Pourtant, qui n’a jamais éprouvé un pincement au cœur, du ressentiment même, contre la couleur de ses dents ou les petites rides qui pointent ou la forme d’une lèvre… devant l’une ou l’autre de ces innombrables publicités ?
La publicité a, depuis longtemps, adopté une stratégie plus offensive qui joue sur nos émotions et s’ingère dans notre conception personnelle de la beauté et du bien-être.
Il est donc important de se poser la question : Recherchons-nous un soin pour obtenir un bien-être réel ou pour un camouflage de ce qu’on nous fait considérer comme inadéquat, inacceptable chez nous ?
« Ras le bol » des soins chimiques
Que l’on rejette le matraquage publicitaire est une chose. Mais que reproche-t-on aux soins chimiques ?
Tout d abord la violence d’un processus qui peut devenir irréversible en détériorant notre corps et en nous entraînant dans un cycle de dépendance. A titre d’exemple : le blanchiment chimique des dents qui attaque un peu plus l’émail chaque fois et la rend plus poreuse, nécessitant des traitements de plus en plus rapprochés, puis la pose de facettes… ou bien la pose d’ongles, qui après 1 mois de « belles mains », laisse des moignons d’ongles avec une matrice endommagée, d’où forte probabilité d’une prochaine pose avec les mêmes solvants toxiques… ou encore le botox dont l’innocuité est pour le moins controversée et dont l’effet liftant dure au plus 6 mois…est ce que l’obtention d’une lèvre « boudeuse » ou de cet aspect « sans ride » figé justifie vraiment l’utilisation de la toxine botulique ?
Le deuxième point est de donner un espoir souvent déçu, comme l’utilisation de patchs anti-cernes vendu avec la promesse que notre fatigue de quelques années disparaisse en une semaine, ou encore des produits hydratants qui avec les facilitateurs de pénétration chimiques donnent rapidement une peau éclatante…qui s’affaisse dès qu’on arrête l’utilisation du produit.
Autre paramètre de taille : en plus de la pression ressentie quand on ne répond pas aux standards de beauté que la publicité, elle nous présente la vieillesse, l’évolution de notre vie, comme une menace d’une dégradation inéluctable.
Il s’agit de conservateurs, solvants émulsifiants, édulcorants synthétiques, colorants chimiques, certaines saveurs et fragrances, excipients qui peuvent s’avérer allergènes, irritants pour la peau et les muqueuses internes et peuvent même interagir sur le métabolisme, les systèmes immunitaires, nerveux, endocrinien, reproducteur…
Pour ne citer que les plus toxiques : mercure, acétate de plomb (dans le rouge à lèvres par exemple) formaldéhyde, toluène, diméthylamine… Beaucoup de ces produits à haut risque sont interdits dans l’Union Européenne (phthalates dans vernis à ongles et fragrances, goudron de houille dans les teintures…).
L’engouement pour les soins naturels
Généralement déçus des soins chimiques et de leurs effets secondaires, beaucoup se sont tournés vers des produits naturels, plus doux, respectueux de l’être humain et de l’environnement.
Une nouvelle conception du soin et de la beauté a pris place petit à petit, qui associe beauté à santé et plaisir, dans le respect de l’être humain et de la planète.
Autant que la qualité du produit lui-même, la philosophie qui va avec le produit et l’éthique de la compagnie comptent. Ingrédients sans additifs chimiques décrits avec transparence, partage de connaissances traditionnelles, commerce équitable avec retour aux producteurs de matières premières (généralement du tiers-monde), pas d’expérimentation animale, emballages recyclés… chacun de ces éléments a son poids pour ces consommateurs.
La relation même au produit va changer. Il s’établit une interaction avec le produit choisi. Il prend vie entre nos mains et ce n’est plus seulement un outil d’hygiène. On l’expérimente comme un vecteur de tendresse pour soi-même. On choisit de faire de sa toilette quotidienne un moment privilégié, où on prend consciemment soin de soi. La salle de bains devient un lieu de volupté.
Opter pour les soins naturels relève donc, initialement, d’un choix délibéré. Il ne va pas sans certains changements dans notre hygiène.
Caractéristiques d’un soin naturel
1 – Les principes actifs dans les soins naturels
Il s’agit principalement d’argiles, d’huiles végétales de 1ère pression à froid, d’huiles essentielles de qualité, de plantes (certifiées bio et non OGM), des produits de la mer (sel, algues, boues), des produits de l’abeille (cire, gelée royale, propolis, miel). A signaler à ce sujet que les artisans des pays sous développés n’ont pas les moyens de se payer des certifications et qu’une certification bio pour des plantes sauvages poussant dans des zones désertiques ou semi-désertiques n’est pas toujours pertinente au nord comme au sud.
Si les soins chimiques posent certains problèmes, les soins naturels n’ont pas réponse à tous nos maux et l’utilisation incorrecte de certaines plantes, huiles essentielles, argiles présentent aussi des risques. (brûlures, allergies, etc.)
Les argiles : effet absorbant, adsorbant, antiseptique, cicatrisant, antiacnéique, anti-inflammatoire, bactériostatique, fongistatique, hémostatique, excellent reminéralisant pour les dents et les os. calme et cicatrise les ulcères.
Argiles les plus courantes : vertes, blanches, rouges, roses, jaunes, grises, ghassoul saponaire
Les huiles végétales 1ère pression à froid : effet émollient, hydratant, restructurant, régénérant cellulaire, antirides, protège contre les agressions extérieures, antioxydant
Huiles les plus efficaces (non exhaustif) : huile d’olive, huile d’argan, huile de pépins de raisins, huile d’avocat, huile de rose musquée, huile de germe de blé, beurre de Karité…
Les plantes : effets variables. Liste non exhaustive des plantes les plus utilisées
Aloès – gel : anti-inflammatoire, anti-bactérien, astringent, émollient, cicatrisant, régénérateur cellulaire, exceptionnelle capacité de rétention d’eau.
Bleuets – fleurs : anti-inflammatoire des yeux, astringent, antipelliculaire
Henné : antipelliculaire et cicatrisant, utilisé pour colorer les cheveux, comme autobronzant et pour les tatouages.
Matricaire : cicatrisante, antirides
Noyer (écorce) : antiseptique puissant, blanchissant naturel des dents, anti-hémorragique, astringent utilisé traditionnellement contre les ulcères de la bouche et la mauvaise haleine.
Origan et thym : antiseptique, active la circulation, anti-inflammatoire
Pamplemousse extrait de pépin (Citrus paradisii) : conservateur et antibiotique 100% naturel, bactéricide, fongicide, antiviral naturel.
Rose : émolliente, hydratante, tonifiante, antiallergique, astringente, contracte les pores et stimule les tissus, anti-inflammatoire, antiseptique, anti-rougeurs, aphrodisiaque, idéale pour toutes les peaux, c’est la Reine des fleurs.
Thé vert de Chine (feuilles) : tonique, excellent draineur général, antioxydant, anti-inflammatoire et astringent, antirides.
Les huiles essentielles et teintures mère (liste non exhaustive)
HE Anis : stimulant général, antispasmodique, stomachique (améliore fonction gastrique), calmant, antiseptique.
HE Arbre à thé – melaluca : antiseptique puissant (anti-bactérien et antifongique),
HE Bergamote : antiacnéique, antiseptique, antispasmodique, antidépresseur, cicatrisant, antifongique, désodorisant.
HE Cannelle : (écorce Ceylan) tonique, hémostatique, antispasmodique, puissant antiseptique, antalgique, aphrodisiaque.
HE Citron : astringent, tonique, antiseptique, nettoyant, antiallergique, anti-inflammatoire, anti-rhumatismal, atténue les taches de rousseurs ou de vieillesse, aide peaux grasses, ongles cassants, mains gercées.
HE Clou de Girofle : anesthésiant, antiseptique.
HE Coriandre : anti-inflammatoire, tonique, antiseptique, antispasmodique.
HE Eucalyptus globuleux : tonique, astringent, balsamique (vertus d’un baume), relaxant, antifongique, anti-inflammatoire.
HE Géranium : assouplit la peau, équilibre sécrétion de sébum, active la circulation sanguine et l’élimination de toxines, antiseptique propriétés apaisantes et astringentes cutanées.
HE Lavande : anti-inflammatoire, antiseptique, analgésique, fébrifuge, active la régénérescence cellulaire.
HE Petit grain : tonique, apaisant, désincrustant (taches et points noirs sur la peau), régénérant cellulaire.
HE Romarin : revitalisant, tonique de la peau et des yeux, réchauffe la peau, astringent, détergent du système pileux anti-bactérien, antioxydant.
HE Sauge : astringent, calmant, œstrogène-like puissant (ménopause et accouchement).
HE Ylang-Ylang : régulateur de la production de sébum, anti-infectieux.
TM Calendula : régénérant, tonifiant, cicatrisant puissant, hypotenseur superficiel, léger effet tenseur, améliore le teint.
TM Camomille romaine : anti-inflammatoire (chamazulène), tonique, antalgique.
TM Propolis : puissant antiseptique (flavonoïdes), vitamines, minéraux, oligo-éléments.
Les produits de l’abeille (4 principaux)
Cire d’abeille : émulsifiant naturel, émolliente, hydratant, apaise la peau
Gelée royale : revitalisant, rééquilibrante, antibiotique, anti-inflammatoire, anti-sénescence, antifatigue. Riche en acides gras insaturés et en substances hormonales.
Miel : antiseptique puissant, calmant, anti-inflammatoire
TM Propolis : puissant antiseptique (flavonoïdes), vitamines, minéraux, oligo-éléments
Les produits de la mer
Algues marines : reminéralisant, stimulant, raffermissant et amincissant, anti-infectieux
Boues marines : effet astringent, stimulant, raffermissant et apaisant.
Sel de mer : Qu’il provienne de la Mer Morte ou d’ailleurs, l’effet antiseptique, astringent, reminéralisant est très important.
2- Qu’en est-il de la législation régissant les soins naturels ?
On pourrait s’attendre à ce qu’elle soit permissive compte tenu de la nouveauté de ce type de produits sur le marché. Or, dans un temps relativement court, l’Europe d’abord et l’Amérique du nord ensuite ont mis en place une nomenclature scientifique homogène et des pratiques de fabrication normalisées.
En parallèle, les associations de défense de consommateurs veillent au grain pour que le label « soin naturel » ne soit pas frelaté et qu’il rende réellement compte de la qualité du produit. Certains considèrent, à juste titre, comme une victoire le fait d’avoir obligé, via les associations de défense de consommateurs, des grandes marques et des multinationales à exclure certains produits chimiques toxiques de leurs soins corporels**.
**Associations de défense du consommateur en Amérique du nord
Toutefois, le risque de récupération par les « grandes surfaces » est très présent et, s’il a certains aspects positifs, puisqu’elles rendent accessibles ces soins à un plus grand nombre, il requiert une vigilance active pour que l’appât du gain n’empêche la majorité de disposer de produits de qualité.
Bien que basé sur des valeurs saines, le marché en essor des soins naturels (produits d’hygiène et cosmétiques) est devenu en quelques années une véritable jungle où, une fois de plus, la force du marketing va parfois primer sur la qualité.
3–Prix de ce choix
Les soins naturels, bien que contenant de nombreux agents de conservation naturels (huiles essentielles, antioxydants, antiseptiques), n’ont pas la même longévité qu’avec un agent chimique de conservation. Ils se conservent donc moins longtemps (1 à 2 ans au lieu de 5 ans). Par conséquent, ils doivent être produits en quantité moindre avec des conditions spécifiques de stockage en magasin, ce qui se répercute sur le coût. De plus, ce sont des petites entreprises qui ont répondu les premières à ce besoin. Le volume étant limité, leur coût de production était forcément plus important.
Toutefois ces PME connaissent des changements : ou elles ferment, ou elles se développent et/ou elles sont rachetées par des multinationales. Celles ci ont compris l’ampleur du marché et s’offrent en prime, après avoir dans un premier temps opposé une lutte ouverte à ce nouveau marché qui venait détrôner le leur, un volet « vert » authentique.
Ces nouvelles habitudes de consommation sont certainement plus accessibles pour les femmes qui sont depuis longtemps habituées à prendre soin d’elles. Pour les hommes, pour qui l’approche de l’esthétique est plus récente, ils font face à un double apprentissage. D’une part, ils doivent accepter de prendre soin d’eux-mêmes, sans que cela ne soit l’apanage des femmes. D’autre part, ils doivent se familiariser avec ce nouveau concept de soins.
Ce qui nous amène à la question suivante : les soins peuvent-ils être les mêmes pour les femmes et les hommes ? On est tenté de répondre oui, que les hommes ont autant droit que les femmes au bien-être corporel. C’est vrai pour la majorité des soins à part les produits de rasage et les produits hormonaux spécifiques à chaque sexe ou certains maquillages.
Depuis une dizaine d’années, l’homme se sensibilise au plaisir d’avoir une peau vivante, des cheveux en santé. Il ose passer du temps à choisir le produit qui va prendre vie dans son quotidien et qu’il n’utilisera plus de façon machinale, mais bien pour prendre soin de lui-même et trouver le bien-être auquel il aspire désormais.
Hélas, si les femmes sont depuis très longtemps la proie première de la publicité, les hommes sont en passe de devenir sa cible préférentielle. Ils font depuis 5 ans environ l’objet d’études de marché très serrées où on leur a donné un qualificatif : l’homme metrosexuel. Que cela ne vous détourne pas, Messieurs, de votre nouvelle ouverture. Vos partenaires semblent apprécier cette évolution. Votre bien-être, votre peau élastique, votre visage détendu font leur bonheur autant que le vôtre.
En conclusion, bien que la publicité et les multinationales se soient emparées de ce marché en plein essor, les valeurs morales et scientifiques des personnes qui l’ont initié pourront, avec un peu de vigilance, limiter les phénomènes de récupération et veiller à ce qu’une qualité de vie soit effectivement accessible pour le bien de tous.
Pour en savoir plus
L’argile qui guérit
de Raymond Dextreit – Éditions de la Revue Vivre en Harmonie (1980)
L’argile, médecine ancestrale
de Philippe Adrianne – Éditions Amyris (2003)
Les huiles végétales
de Chantal et Lionel Clergeaud – Éditions Amyris (2003)
L’aromathérapie exactement – Encyclopédie de l’utilisation des huiles essentielles
de Pierre Franchomme et Danimel Pénoël – Éditions Roger Jollois (1996)