Du rose, pour mettre l’injustice au vert.
Il y a l’Inde, une terre ou une nation, l’Inde fière, riche, colorée, il y a l’Inde qui fait rêver. Il y a des régions, des endroits où certains vivent avec moins d’un euro par jour. Au nord de l’Inde, il y a la région d’Uttar Pradesh, où la pauvreté est extrême. Et dans cette région de l’Inde sublime et douloureuse, il y a le “Gulabi Gang”.
Interview de Sampa Pal par France2
Du rose, pour éviter les bleus aux corps.
Du rose, pour dire une colère noire.
Sampat Pal et son gang refusent ces situations, et veulent se battre pour rétablir les droits, la dignité de ceux qui souffrent injustement. « Dans les cas de violence domestique, nous allons parler au mari pour lui expliquer qu’il a tort. S’il refuse d’écouter, nous faisons sortir la femme et alors nous le battons. Au besoin, nous le battons en public pour l’embarrasser. Les hommes ont l’habitude de croire que les lois ne s’appliquent pas à eux, mais nous faisons le forcing pour que ça change totalement. » Elles acquièrent rapidement une solide réputation dans la région, et leurs actions arrivent à améliorer certains cas : l’an passé, elles ont pu ramener à leurs maris respectifs onze femmes qu’une belle-mère intéressée avait mises à la porte, parce que leurs dots étaient insuffisantes.
Il y a des différences de traitements entre hommes et femmes, dans cette région comme dans bien d’autres du monde. Là-bas, le taux d’alphabétisation des femmes est à 23,9 % pour 50,4 chez les hommes. Il y a 846 femmes pour 1 000 hommes, alors qu’à l’échelle internationale le taux se renverse, 105 filles pour 100 garçons. D’une part la violence rythme nombre de quotidiens, d’autre part le système des castes de l’Inde renforce le dictat du plus fort. L’organisation sociale et culturelle place les femmes en queue de file, et fait d’elles les premières victimes de toutes les discriminations. Elles forment une catégorie subordonnée qui représente pourtant quasiment la moitié de la population. Et le gang des saris roses apporte, sinon des améliorations régulières et flagrantes dans leurs quotidiens, une émulation et un espoir qui sont la condition sine qua non à un avenir meilleur.
Du rose, pour moins de rires jaunes.
Du rose, pour toutes ces épouses grises.
Il y a des vies terribles. Des cultures différentes, où règne parfois le déséquilibre, la misère ou l’ignorance. Mais il y a aussi, encore, des êtres courageux qui luttent. Il n’y a pas de profit personnel. Il y a l’Inde, que l’on peut rendre plus égalitaire. Il y a des combats qui méritent d’être menés. Il y a des forces insoupçonnées, chez certaines femmes. Il y a une intelligence et un respect inavoué, chez certains hommes. Il y a des colères qui fondent des insurrections, et des violences orchestrées pour illustrer la souffrance. Il y a une bonne humeur, une volonté, une force de caractère et de partage chez Sampat Pal, qui sont la lumière d’une initiative rare et importante.
Laetitia Barth
Oui, avec peu de moyens mais de la motivation, on peut faire beaucoup…
Bel exemple de débrouillardise et d’entre-aide face a l’adversité. Merci pour cet article.
Merci pour cet article brillant !
Ceci est un bel exemple de ralliement de la masse. Il est temps que se brise le silence de la hiérarchie de l’esclavage générationnelle qui n’existe pas seulement en Inde.
Du rose pour dire une colère noire, magnifique. Il est tant que les femmes puissent s’affirmer dans tous ces pays où l’autorité de l’homme sous prétexte de la religion elle-même détournée par l’homme les avilies et les contôle. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas un film magnifique sur la condition des femmes en Afghanistan récipiendaire d’un Golden Globe en 2003 : Osama.