il faut vraiment être disjoncté !
Pourtant, c’est ce que faisaient nos papys avant l’essor de l’agrochimie.
Tremblez, chantres des nitrates : les ondes du potager reviennent en force.
Coup de tonnerre au potager
« Ensemble des techniques visant à stimuler la germination ou le développement des plantes à l’aide de moyens électriques », nous apprend un des rares livres contemporains sur le sujet. Et ça marche, ça ? « La première année, j’avais planté des tomates, des topinambours, quatre conneries pour essayer, avec un décalage d’un mois de plantation sur les autres buttes, et bien ça avait rattrapé le retard, raconte Michel. Finalement, des topinambours, j’en ai eu deux cagettes pleines avec seulement deux ou trois pieds, j’hallucinais ! Ça m’a motivé, j’ai continué et l’an dernier j’ai eu de meilleurs résultats que dans les autres buttes en arrosant moins. Je le referai encore cette année, je pense mettre plein de petites antennes dans les autres buttes. » Comme l’antenne précitée, elles seront bricolées avec de la récup’ en s’inspirant de vidéos sur Internet, et testées empiriquement.
“Avant l’essor phénoménal de la chimie, l’utilisation de l’électricité et des ondes
promettait un avenir radieux à l’agriculture.”
L’agriculture vintage du futur
Dès le début de la domestication des courants électriques, en 1748, l’abbé Jean Antoine Nollet, précepteur du Dauphin et premier professeur de physique expérimentale à l’Université de Paris, remarque que les plantes poussent plus rapidement à proximité de capteurs électriques, et réalise des premiers essais. À sa suite, en 1783, l’abbé Bertholon, auteur de l’essai De l’électricité des végétaux, invente le premier outil d’électroculture : l’électrovégétomètre. Une science expérimentale est née.
Jusqu’à 1912, plus de 450 savants documentent la question. Cette année-là, la France héberge le premier Congrès international d’électroculture à Reims. Dans son discours inaugural, le délégué de l’Académie des Sciences s’enthousiasme pour cette discipline qui est « pleine de promesses pour l’avenir et mérite toute notre attention ». Les « fertilisateurs » de l’ingénieur Justin Christofleau, bardés d’antennes et de fils, se vendent dans le monde entier. Plus de 150 000 exemplaires sortent des usines jusqu’à la fin de la production en 1939, dont le très perfectionné Électro-magnétique-terro-céleste. À vos souhaits.
Et puis… plus rien, ou presque. Après-guerre, l’intensification de l’agriculture se fait exclusivement à l’aide de tracteurs et d’intrants chimiques. Organismes de recherche officiels, chambres d’agriculture, presse spécialisée, tout le monde oublie l’électroculture. Sauf une poignée de résistants basée à Pessac, en Gironde, qui reprend les recherches dans les années 60 et dénonce une campagne de discrédit menée par les industriels de l’agrochimie. Leurs descendants partagent aujourd’hui leurs expériences sur internet en s’adressant directement aux agriculteurs et aux jardiniers, soulevant curiosité, espoir ou scepticisme.
Pas besoin d’être une tête d’ampoule
Pourtant, quand on y regarde de plus près, ce n’est pas si farfelu ni si compliqué que ça : « On ne fait qu’amplifier des phénomènes électriques naturels », explique Yannick Van Doorne, un ingénieur agronome belge installé en Alsace dont le site internet fait référence dans le milieu de l’électroculure. Comme il le rappelle, les courants électriques sont déjà présents à faible intensité dans le sol (courants telluriques) et à plus forte dose dans l’air. C’est l’électricité des orages, qui peut atteindre plusieurs millions de volts. On peut citer aussi les rayonnements cosmiques (un flux continu d’ions venus principalement du soleil et dont l’atmosphère terrestre filtre la plus grande partie) et le champ magnétique terrestre, eux aussi parfaitement mesurables.
“L’électroculture agit comme une pompe électrochimique naturelle,
permettant d’attirer et de remonter l’eau du sous-sol vers les racines .”
Ce que les hackers du XVIIIe siècle ont remarqué, c’est l’étonnante vitalité des plantes que l’on soumet à une intensification de ces phénomènes, sans en deviner la cause. Aujourd’hui, on met notamment en avant l’électro-osmose, à savoir le déplacement d’un liquide sous l’action d’une force électrique. « L’électroculture agit comme une pompe électrochimique naturelle, permettant d’attirer et de remonter l’eau du sous-sol vers les racines », écrivent Maxence Layet et Roland Wehrlen dans Électroculture et énergies libres. Ce même phénomène d’électro-osmose serait à l’origine de l’ascension de la sève dans les plantes et dans les échanges d’éléments nutritifs entre les racines et le sol.
« De manière générale, tout ce qui stimule les courants électriques est bénéfique aux plantes et à la vie du sol », assure Yannick Van Doorne, qui avoue ne pas toujours comprendre ces phénomènes dans le détail et faire parfois des essais sans effets. « En même temps, se justifie-t-il, on a pas toujours besoin de savoir. Quand vous faites chauffer de l’eau dans une bouilloire électrique, vous ne vous posez pas la question de savoir comment ça marche ! » Un point pour l’empirisme. Balle au centre.
En prise avec le réel
Quand on rentre dans le champ de l’électroculture, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser les témoignages de récoltes faramineuses. Il y en a autant que d’outils différents, aux noms sortis d’un dialogue de Star Trek : enceinte coaxiale, orgonite, antenne Lakhovsky, quantatron cosmotellurique… Sans aller jusqu’à la stratosphère, on peut voir à Fréjus, dans le Var, le maraîcher Julien Guiraud faire pousser ses tomates sous une pyramide en tube de cuivre : « J’ai fait des tests sur radis, carottes et navets cultivés dans et hors de la pyramide, à quelques mètres dans des buttes de permaculture constituées de la même façon, explique-t-il. La santé et la dimension des légumes, en particulier du feuillage, étaient nettement améliorées sur les sujets cultivés sous pyramide. J’ai aussi pu comparer des plants de courgettes qui sont devenus rapidement plus gros que ceux cultivés à côté et plantés plus d’un mois avant. Ils étaient également bien plus résistants à l’oïdium en fin de saison. »
Dans le Lot-et-Garonne, Thierry Cavaillé utilise depuis deux ans une pyramide de cuivre de 5 mètres de côtés pour « charger » ses sacs de céréales avant de semer. Idem pour Laurence Auvray, qui a vu sa plus belle récolte de maïs en 2014 à Gosné, en Ille-et-Vilaine, après avoir laissé les grains deux mois sous une pyramide : « Au début, on l’a fait pour rire, et à la fin, ça a décuplé la récolte. On avait trois épis par pied quand les voisins en avaient un ; et au lieu de remplir un silo comme d’habitude, on en a rempli deux. Il en restait, on ne savait pas où le mettre ! » À Crosmières, dans la Sarthe, les maraîchers de l’Amap du Clos Vert ont planté en 2010 des antennes magnétiques cosmotelluriques le long de leur champ. Avant de récolter des carottes d’un kilo et des patates douces de 2 kilos et demi.
« C’est encore marginal mais ça se développe très fort, il y a un élan », assure Yannick Van Doorne, qui a fait du conseil en électroculture son métier depuis 2012 et a formé des centaines de personnes dans ses stages. « Dans le public de mes conférences, il y a 10 ans, ils étaient tous un peu moqueurs, raconte-t-il. Maintenant, quand il y en a un qui se moque, les autres le reprennent. Je n’ai plus de temps à perdre avec les gens à convaincre, j’ai assez de travail pour aider les convaincus à s’équiper. » Attention, les illuminés prennent leur revanche et l’exception pourrait bien, un jour, redevenir la norme : « C’est forcément de la base que ça repartira. Plus les engrais et pesticides deviennent chers, plus les agriculteurs vont expérimenter de nouvelles choses. C’est en période de crise qu’un nouveau système comme celui-ci, durable et écologique, peut émerger. ».
C’est aussi l’une des grandes découvertes de l’énergie libre et de ses applications mise au point à l’échelle planétaire par Nikola Tesla l’un des plus grands maitres inventeurs de tous les temps sur Terre. Enfin on y revient !…