Ainsi certains marchent complètement en arrière de leurs appuis, donnant l’impression d’aborder la vie à reculons, ce qui traduit pour le moins un manque d’enthousiasme, en tout cas une difficulté à s’engager, qui ne saurait être sans répercussions dans leurs interactions avec les autres humains.
Le blocage du haut du corps donne lui l’image d’un individu incapable d’exprimer, voire de ressentir des émotions, et qui se prive donc d’une partie considérable de ce qui doit constituer l’expérience de la vie terrestre.
Marcher s’apprend
On pense couramment que marcher est une activité innée, qui se passe de tout apprentissage autre que celui fait par chaque enfant lors de ses premiers pas.
Pour Jacques Alain Lachant, la réalité est tout autre et il pense que marcher s’apprend. Il s’agit dans un premier temps d’éviter, et ce dès l’enfance, de « prendre » un certain nombre de défauts qui vont, au fil du temps, constituer notre « façon » de marcher mais également se répercuter sur la totalité de notre squelette, induisant des micro-effets compensatoires, sources de problèmes plus graves.
J’invite chacun à se reporter au livre de Jacques Alain Lachant pour avoir de plus amples connaissances sur le sujet. Il ressort en tout cas de cette réflexion qu’il existe une autre façon de marcher, non pathogène cette fois et qu’il nomme marche portante.
La marche portante dans la danse Malkovsky
Ce que l’on apprend en premier au cours de ce travail concerne le posé du pied sur le sol. Quand on regarde la façon dont les gens marchent dans la rue, on constate que chacun pose d’abord le talon, retroussant légèrement la pointe du pied vers le haut. C’est justement cela que critique l’ostéopathe car ce modus operandi suppose que le marcheur lance les jambes en avant.
Il s’agit donc de poser en premier la plante du pied, qui en est la partie la plus charnue, une sorte de coussinet comme en possèdent de nombreux quadrupèdes non pourvus de sabots, à commencer par les chats et les chiens.
Pratiquer l’équilibre mouvant
Un déséquilibre se produit lorsque le pied heurte un obstacle qui l’empêche de se poser. Cela projette le haut du corps en avant, au point de provoquer éventuellement une chute.
Le déséquilibre survient aussi lors d’un élan. D’abord « l’élan du cœur »: quelque chose ou quelqu’un m’attire et j’ai envie (preuve que je suis « en vie ») de le rejoindre au point de me lancer dans le vide (l’espace devant moi).
Ainsi je m’élance vers mon objectif….créant un déséquilibre que je rattrape en posant le pied. Le même processus se répète à chaque pas.
Laisser balancer les bras
À chaque pas, le corps retrouve sa verticalité avant tout nouveau déséquilibre nécessaire pour effectuer le pas suivant.
Résultat : chaque partie du corps est à sa place et tout joue en harmonie. La respiration est libérée.
Quand la marche s’effectue de cette façon, l’ensemble du corps est impliqué.
Il devient impossible de marcher uniquement avec les jambes en laissant le haut du corps bloqué et inerte. Cela donne l’impression au marcheur d’aller de l’avant, avec en plus une sensation de légèreté, de dynamisme et d’euphorie.
Plus d’accablement, plus de peur. Pas de fatigue. La vie n’est plus un fardeau mais Joie. C’est l’être qui ose s’affirmer, montrer qui il est pour devenir Qui il Est.
Pour en savoir plus :
La danse libre, sur les traces d’Isadora Duncan et de François Malkovsky
d’Anne-Marie Bruyant – Éditions Christian Rolland (2012)
La danse libre a quitté la scène et ses spectacles, mais elle a intégré la vraie vie. Elle s’offre maintenant à quiconque ressent le désir de « danser sa vie », allumé par Isadora Duncan, pour vivre mieux et plus intensément. Cet ouvrage est né de la rencontre entre la pratique de la danse libre de l’auteur et les « Dialogues avec l’Ange » de Gitta Malash. S’est alors ouvert pour Anne-Marie Bruyant le chemin qui permet à l’âme de s’exprimer à travers le corps et à celui-ci d’écouter le chant du monde. Par ce livre, elle partage son expérience de la danse libre et propose au lecteur d’emprunter cette voie inspirante sur les traces d’Isadora Duncan et de François Malkovski.