Cueillette de plantes sauvages comestibles

Cela fait maintenant un an que quasiment tous les jours, sur le soir après les consultations je sors avec mon saladier et mon couteau faire la cueillette de plantes sauvages comestibles, pour la salade du soir. Et j’ai envie de partager mon expérience même si j’avoue n’avoir pas pris le temps de faire les monographies que je comptais faire au fur et à mesure de mes trouvailles… Mais des écrits sur le sujet arrivent…

D’abord la cueillette des plantes sauvages :

Un moment de promenade rapide (10/15 minutes) mais un concentré de tranquillité et de méditation extraordinaire.

  • Cueillir chaque petite feuille avec précaution en faisant comme la chèvre qui coupe la feuille et en laisse un bout, pour que la plante puisse se régénérer (et même j’ai vu que çà la stimulait !), ne cueillir que le plus tendre et avec attention pour ne rien prendre qui ne soit nécessaire et ne pas avoir à trier de nouveau. 
  • Au fur et à mesure des jours, sur ce petit circuit d’à peine trois cent mètres qui suffit amplement pour une salade pour trois ou quatre, découvrir ce qui se cache derrière le vert de l’herbe, constater au fil de évolution de la saison, la croissance, la disparition puis la renaissance d’une espèce de plante à la faveur d’une pluie. 
  • Chaque soir, ce sont 20 à 40 espèces qui s’invitent dans la salade dont certaines étaient pour moi jusque là des mauvaises herbes qui envahissaient mon jardin (chénopode, amarante verte..) 
  • Le jardin est vu différemment, car en aucun cas il ne doit contenir que ce que j’y ai mis, j’ai laissé poussé cet été dans tous les sens et découvert une écologie complexe que je ne dois plus contrôler, mais juste orienter … 
  • Juste un petit coup de mou au moment de la sècheresse et de la canicule de cet été où la dureté des végétaux était quand même de mise, d’où l’intérêt d’envisager d’arroser le coin de pelouse le plus riche en variétés pour assurer en ces périodes …. et de regarder alors dans les arbres (jeunes feuilles de frêne par exemple).
  • A chaque pas une reconnaissance infinie se dégage pour cette manne végétale dont je me demande vraiment comment on fait sociétalement pour passer à côté !!

Principes de cueillette et précaution

Il reste qu’avant de penser cueillir quelque chose n’importe où ; il convient de respecter certains principes : 

  • S’assurer que l’on reconnait bien la plante sauvage que l’on s’apprête à ramasser, pour être sur de ne pas la confondre avec une autre …parfois moins bonne, voire toxique … par exemple, l’if à baie et le laurier rose ne seront pas tendre avec vous (mortels)…. En cas de doute, ne pas ramasser … ou se faire aider par quelqu’un qui sait.
  • Ne pas cueillir des plantes protégées ou situées dans des espaces protégés. 
  • Ne pas cueillir dans des endroits potentiellement pollués : bords de route, décharges, anciens sites industriels, bords de parcelles agricoles traitées à « donf »… pâtures d’animaux, lieux passants, etc … (ex. photo :)
  • Ne pas tout ramasser mais faire un prélèvement qui laisse à la plante ou au groupe de plantes que vous prélevez la possibilité de continuer à croître …. 
  • Ne cueillir que ce dont on a besoin dans l’immédiat … une grande partie de l’intérêt de la consommation de plantes sauvage réside dans la fraîcheur et la variété. 
  • Ne pas hésiter à laver sa cueillette voire à la désinfecter avec un peu de vinaigre (ou de javel, ou de permanganate … bien rincer après !!!).

Et après toutes ces phrases négatives qu’il faut bien dire une positive :
Faites vous plaisir en ramassant, après quelques cueillettes, vous ne regarderez jamais plus, une prairie, un chemin, un bois de la même façon.

La découpe :

Faire de petites lamelles avec les feuilles et fleurs trouvées pour rendre le mélange onctueux. repasser encore une fois la plante en conscience pour à nouveau constater la variété : pissenlit feuille et fleur, plantain feuille et fleur (a gout de champignon !), achillée, lierre terrestre, fleur de silène, pourpier, sauge, oseille sauvage et cultivée, mauve feuilles et fleurs, oxalis, fleur mâles de citrouilles, consoude, bourrache, livèche, ortie, menthe, fleur de marguerite, etc. Et alors des odeurs fines, douces, amères, fortes … se dégagent de la coupe, un repas avant le repas …

La dégustation !

Un petit peu d’huile et de vinaigre, une pincée de levure ou de spiruline, éventuellement quelques miettes de thon et… c’est parti pour un moment de jubilation. Si on ne visualise pas toujours ce qu’est une nourriture vide d’énergie par rapport à une pleine d’énergie… alors ici, il n’y a pas photo !!!

L’absorption de chaque fourchettée de salade est unique, il n’y en a pas deux pareilles, à chaque bouchée on se sent remplir de saveurs, de textures, de couleurs et d’énergie, chacune ses minéraux différents, tous frais cueillis.

Surtout plein d’énergie, chaque bouchée est ronde et une petite assiette le soir (et sans pain …) suffit à éprouver une satiété correcte et deux assiettes font de vous le pacha heureux de son repas… repus et… léger !

Conclusion :

Emphatique ? Essayez tout simplement.
Comme on résume dans les recettes de cuisine : 

  • Pour une salade pour 4 : 
  • Temps d’acquisition des ingrédients 15 mn maximum 
  • Temps de préparation : 15 mn maximum 
  • Coût : voisin du zéro absolu, voire je dirai que çà rapporte ; pas de l’argent bien sûr mais çà redonne un petit gout d’autonomie et de réappropriation de sa nourriture ….

Il ne me reste qu’à me préparer à quand même trouver mon bonheur en hiver…

Ci-contre une fleur mâle de courgette, délicieuse et colorée, mais notez les mauvaises herbes entre les tiges de courgette : de l’amarante verte et du chénopode …. deux pourvoyeurs de feuilles et de graines en quantité, alors peut être les laisser tranquilles pour qu’ils arrivent à maturité plutôt que de les arracher ?
Et d’autres variétés de plantes sauvages comestibles pour une autre salade à venir…

L’hiver arrive… mais la cueillette des plantes sauvages continue !

À l’orée de l’hiver dernier je m’inquiétais de savoir si la cueillette serait possible tous les jours en quantité suffisante… cette année, je suis serein !

Bon, c’est vrai, bien que la région soit de piémont montagneux (450 m d’altitude), nous sommes plus au sud que Nice et malgré une dizaine de bonnes gelées à -6/-8 °C, l’hiver a été très clément. « El niño » est passé par là et la conclusion à tirer est très avantageuse cet hiver.

Mais en fait, ma conclusion, que je vous livre des maintenant, est que sauf gelée qui durerait la journée entière ou couverture de neige, l’abondance est au rendez-vous tous les jours. Bien sûr, ma petite promenade méditative ne s’est pas faite le soir dans le noir après le travail de la journée mais après le repas de midi, dans une petite respiration digestive souvent ensoleillée et en tous cas tonifiante.

Mais, et surtout, j’ai beaucoup appris sur chacune de mes compagnes les plantes.
Dans les talus : 

  • L’achillée millefeuille a toujours été là, faisant la grimace quand les matinées étaient gélives mais poussant de petites feuilles vert tendre des que le temps se radoucissait. 
  • Le plantain lancéolé faisait une rosette à plat et dés que le soleil a radouci les après midi et que les jours se sont faits plus longs, on a vu apparaitre de belles petites feuilles dressées. 
  • La pimprenelle, dont j’avais cru qu’elle était rare cet été, cet hiver a profité de la disparition des plantes plus imposantes pour exploser dans tous les talus de la ferme. 
  • L’oseille sauvage a aussi profité de la place accrue et a pu être trouvée en abondance cet hiver. 
  • La ciboulette sauvage de même. 
  • Le laiteron maraîcher fut présent en abondance de même que le mouron des oiseaux, la véronique petit chêne, la potentille. 
  • Les cardamines ont fait leur apparition, cardamine hérissée mais aussi et surtout la cardamine à feuille de radis, une endémique de nos Pyrénées et qui est présente en très grande quantité près du ruisseau de la ferme (cf photo ci-dessous). Ce fut une excellente surprise que de découvrir ce trésor insoupçonné et …délicieux ! 
  • Les orties, les oxalis, le lierre terrestre, la mauve, tout en ayant régressé fortement, ont subsisté dans des petites niches abritées et ont participé quand même à la cueillette hivernale, surtout les orties, toujours prêtes à offrir une petite tête aux premiers rayons de soleil insistants !!!

Et puis dans le jardin :

  • outre les sauvages abondantes (mouron, véronique, potentille) 
  • la roquette et le cresson alénois, la moutarde japonaise, le chou frisé sibérien, quelques choux de Bruxelles, l’oseille, et maintenant quelques feuilles d’épinard…

Bref, peut-être un rallongement du temps de cueillette de 10 à 20 mn !
1/2 h en savourant les rayons du soleil, mais une qualité au rendez-vous et une salade du soir toujours aussi magnifique !!!

Source :

Thomas Oak pour l’Assiette Sauvage

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Commentaires (1)
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  • agnes andersen

    Merci pour ce super article. Par contre, j’ignorais que la véronique était comestible. Personnellement, j’utilise souvent le trèfle (en petite quantité) pour remplacer la viande. Et chaque fois, je me dis : si les gens savaient ! La nature est la plus belle des richesses, gratuite et à nos pieds. Il suffit de se baisser ! Heureusement que des passionnés comme vous nous le rappellent !