L’abeille noire d’Ouessant réimplantée partout en Europe

L’enjeu est de taille : un tiers de notre nourriture dépend directement des abeilles. Or, depuis plusieurs années, des millions d’abeilles disparaissent partout dans le monde. En sauveuse, l’abeille noire d’Ouessant s’exporte aux quatre coins de l’Europe pour remédier à cette disparition redoutée du premier pollinisateur de la planète.

Ouessant, réserve naturelle de la biosphère

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Abeille noire de l’île d’Ouessant

Ouessant est labellisée « réserve naturelle de la biosphère » depuis les années 1980. Cette île, la dernière à l’ouest du continent européen, jouit en effet d’une qualité environnementale exceptionnelle et mérite bien son titre de haut lieu de protection de la biodiversité.

L’île d’Ouessant est devenue le sanctuaire de l’Apis mellifera mellifera, une espèce d’abeille productive et en bonne santé, protégée à la fois de la pollution et des hybridations dues aux importations d’abeilles étrangères.

À l’initiative de quelques apiculteurs bretons, les abeilles d’Ouessant sont protégées. Depuis 1978, ils veillent à la sauvegarde de cette abeille noire, considérée comme une part du patrimoine local, mais aussi l’une des rares espèces en Europe à n’être porteuse d’aucun virus ou maladie.

Ni culture, ni pesticide
Juste des fleurs sauvages, de la bruyère, et un bon air insulaire qui lui épargne toute contamination avec ses congénères désorientées … C’est dans le Finistère, à la pointe de la Bretagne, bordée par la Manche et l’océan Atlantique, que l’abeille noire d’Ouessant prospère depuis les années 1980. Cette espèce d’abeille résiste à la mortalité hivernale qui décime partout ailleurs les ruches pour la plus grande désolation des apiculteurs, des botanistes … et des gourmands !

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Ile d’Ouessant

L’île d’Ouessant peut être fière d’être dotée du Label de réserve naturelle de la biosphère, depuis les années 1980. Cette île, la dernière à l’ouest du continent européen, jouit en effet d’une qualité environnementale exceptionnelle et mérite bien son titre de haut lieu de protection de la biodiversité. Elle est même devenue LE sanctuaire de l’Apis mellifera mellifera, une espèce d’abeille aussi industrieuse et productive qu’en bonne santé, protégée à la fois de la pollution et des hybridations dues aux importations d’abeilles étrangères.

Si la côte est découpée par les caprices de la mer, l’herbe couchée et la terre écorchée de rochers griffés par les vents, il y fait doux, loin des rumeurs de la ville et du reste du monde. Y poussent la scille de printemps, le silène maritime, la jasione du littoral, la criste marine et la bruyère… des fleurs que butine, en toute quiétude, l’Abeille noire !

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Apis mellifera sur une fleur de Scabiosa atropurpurea

« Le continent est trop éloigné pour que la petite butineuse puisse survoler la mer ou que des colonies étrangères lui rendent visite, et puis comme il n’y a plus de culture sur l’île, elle n’est pas contaminée non plus par les produits phytosanitaires ou autre insecticide comme ceux abondamment répandus sur les cultures intensives du continent », explique Ondine Morin, animatrice de visites culturelles à Ouessant et dont le frère est apiculteur.

C’est au retour des beaux jours, explique Ondine Morin, lorsque les fleurs commencent à sortir de terre, que l’abeille noire d’Ouessant reprend la collecte du pollen, tôt le matin et même par mauvais temps car sa taille, ses ailes et ses longs poils lui permettent de travailler dans le vent ! « Son miel de printemps a une couleur chêne clair, celui d’été une couleur ambre clair et celui d’automne, brun foncé. C’est un miel de bruyère, à la fois fort et doux, à l’image même de notre île !... », ajoute-t-elle.

Aujourd’hui, on peut voir les effets bénéfiques de cette conservation ; dans une colonie, on estime la perte à la fin de l’hiver à environ 3 % lorsqu’elle peut atteindre 30 à 40 % sur le continent.

Une abeille robuste qui n’a que des atouts

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Apis mellifera

Issue d’une race pure d’un écotype local breton de l’Abeille Noire d’Europe occidentale (Apis mellifera mellifera), la reine vivrait 7 à 8 ans quand sa cousine d’Europe atteint difficilement 4 ans. Ceci en dit déjà long sur cette race d’abeille noire d’Ouessant, mais elle a bien d’autres atouts, qu’elle sait faire valoir puisqu’elle est demandée un peu partout sur le continent européen.

Elle doit son nom à sa couleur sombre liée à la présence de ses nombreux poils. Sa couleur favorise l’absorption de la chaleur du soleil. Les poils permettent le transport du pollen dans les intempéries. Ses ailes et ses muscles sont robustes, ce qui lui permet de sortir au vent. Une créature parfaitement adaptée aux milieux tempérés dont elle est issue.

Elle se caractérise également par sa grande taille et sa capacité à emmagasiner des provisions de graisse lui permettant de bien gérer la rigueur hivernale. Elle peut prospecter le pollen jusqu’à 3 km autour de la ruche.

L’abeille noire d’Ouessant a son propre conservatoire sur l’île, exclusivement consacré à l’espèce.

« Elle sort plus tôt le matin et rentre plus tard le soir. Mais surtout, elle fait tout le travail en deux mois alors que l’abeille jaune démarre doucement au printemps et achève la miellée à la fin de l’automne –ce qui déroute les apiculteurs au début », explique Jean-Luc Hascoët, salarié du conservatoire.

Les atouts de l’abeille noire d’Ouessant
  • Capacités d’adaptation et rusticité : grande taille et accumulation importante de provision de graisse permettant de gérer la rigueur hivernale. Capacités de prospection de nourriture : jusqu’à 3 km de rayon.
  • Grande stabilité sur le cadre. Comportement doux et serein sur les îles, s’opposant à un caractère plus agressif sur le continent.
  • Lignée de race pure, indemne du varroa et de la loque américaine et de toutes viroses.

Le conservatoire de l’abeille noire d’Ouessant

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Naissance d’une Apis mellifera

Voici 25 ans qu’un apiculteur, M. Georges Hellequin eut l’idée, oh combien prémonitoire, de protéger lʼAbeille Noire Bretonne sur son île : Ouessant.

Rejoint par des apiculteurs continentaux, une association fût constituée.
Les successeurs, héritiers ont œuvré pour en faire un Conservatoire reconnu et une référence pour la recherche scientifique apicole.

Les missions
Protéger et garder une abeille présentant des qualités génétiques et sanitaires.
Le Conservatoire de l’Abeille Noire à Ouessant poursuit une mission d’utilité apicole, environnementale et scientifique, comprenant 4 objectifs :
  1. Protection sanitaire et préservation de la diversité génétique de l’Abeille Noire écotype breton , importée sur l’île,
  2. Sélection et élevage de reines à destination de l’apiculture continentale dans le but de réactiver la génétique de cette race et intervenir ainsi dans la logique de la biodiversité,
  3. Fournir aux recherches scientifiques apicoles un animal biologiquement sain, incontournable.
  4. Intervenir dans des actions apicoles spécifiques : « abeille sentinelle de l’environnement », « plan de sélection régional ».
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Ruches d’abeilles noires, sur l’île d’Ouessant

Les lieux
L’ïle d’Ouessant offre sa protection. Séparée du continent par 18 Km de mer, rempart naturel aux incursions inopportunes d’abeilles continentales polluées, malades ou porteuses d’une génétique indésirable.
Le Stiff : Locaux annexes au phare appartenant au Conservatoire du Littoral contiennent les espaces de vie de l’association et la miellerie ; un lieu ouvert au public : exposition du Conservatoire du Littoral et Ouessant de A à Z.
Menez Meur : en partenariat avec le Parc Régional d’Armorique, le Conservatoire gère un rucher continental dans le Parc Naturel de Menez Meur, dans le cadre du plan de conservation des races locales (Conseil Régional).

Les acteurs
L’abeille noire « écotype breton », de race pure, importée, soignée, protégée par les soins des apiculteurs bénévoles du Conservatoire depuis 25 ans, est la seule abeille saine en Europe. Elle est devenue un patrimoine de l’île. La maintenir en l’état (génétique et sanitaire) représente un défi auquel se consacre, au jour le jour, l’équipe du Conservatoire.

L’association
L’Association conservatoire Abeille Noire bretonne « Kevredigezh Gwenan Du Breizh » existe depuis 1987. Elle assure la gestion des ruchers conservatoires d’Ouessant et la diffusion des reines et essaims élevés sur l’île pour alimenter les élevages du continent.

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Apis mellifera

Cette année les réservations de reines et d’essaims ont eu lieu à partir du 18 février. Le 28 février, la totalité des 40 essaims et des 70 reines ont été réservés par les adhérents. Fait marquant, nous avons limité l’acquisition du nombre de reines à 3 au lieu de 5 pour qu’un maximum d’adhérents puissent en bénéficier… Hélas encore, tout le monde n’a pu être servi.

Elle a pour objet de maintenir et renforcer la protection sanitaire tout en préservant la diversité génétique du patrimoine actuel de l’abeille noire écotype breton. L’association participe à des actions spécifiques : « abeille sentinelle de l’environnement » initié par l’UNAF, « Plan de sélection régional ».

Le conservatoire d’Ouessant est un outil capital à la recherche scientifique apicole, car il est capable de fournir une abeille noire non hybridée, unique en Europe, exempte de virose et de parasite, évoluant dans un environnement sain et diversifié. Cette abeille pure sert ainsi de témoin blanc à de multiples expérimentations françaises et européennes.

Carte d’Europe des mortalités d’abeilles

abeille noireÀ l’écart de l’hécatombe, un village d’irréductibles hyménoptères résiste aux invasions. En dix ans, en France, le taux de mortalité hivernal des abeilles est passé de 3 ou 5 % à plus de 30 %. Ce qui signifie 300 000 à 400 000 ruches décimées chaque année. À quelques encablures des insecticides, pesticides neurotoxiques et virus du continent, l’île d’Ouessant, au large des côtes finistériennes, est le sanctuaire de l’abeille noire.

En noir : taux de mortalité en 2007 et 2008, présentés au congrès scientifique de Zagreb en mars 2009 (source : carte issue de Pour la Science, n° 379, mai 2009).

En rouge : taux de mortalité pour les années 2006 et 2007 obtenus par l’Efsa à la suite d’une enquête auprès des pays membres (source : The Efsa Journal 154, 1-28).

Principales sources :

Jean-Paul Thouny
Thérapeute énergéticien, formateur - Voiron (Isère) France
Vous pouvez reproduire librement cet article et le retransmettre, si vous ne le modifiez pas et citez la source : www.energie-sante.net
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