La Myrtille

Comme je m’évertue à le dire et au risque de me répéter, Dame Nature est une source inépuisable de bienfaits. La pharmacopée connue de tous, n’est qu’une pâle imitation de ce nous offre la Nature. Nous allons le découvrir dans cette petite baie absolument savoureuse et goûteuse appelée Myrtille, brimbelles dans les Vosges ou bleuets pour blue berries au Québec. On lui prête également d’autres noms comme : airelle myrtille, gueule noire, mauret, raisin des bois.

La petite histoire de la myrtille ou bleuet

Selon une jolie légende de chez nous, les myrtilles seraient nées des grains du chapelet qu’un Ermite égrena avant de mourir sur la montagne de Saint-Claude, près d’Autun, en Bourgogne.

myrtilleMais plus sérieusement, la myrtille (Vaccinium myrtillus) que nous connaissons en Europe est originaire d’Europe du Nord et de l’ouest de l’Amérique du Nord. En revanche le bleuet est quant à lui une plante indigène d’Amérique du Nord. Ces espèces dont les principales sont Vaccinium myrtilloides et Vaccinium angustifolium auraient été dispersées grâce à la complicité des oiseaux très friands de ces petites baies. On compte de nos jours environ 150 espèces de ce petit fruit bleu foncé. Certaines sont plus comestibles que d’autres de part leur goût qui va de sucré à acidulé. Des générations de chasseurs-cueilleurs, que ce soit en Asie, Europe, Amérique de l’Arctique jusqu’aux Tropiques ont dû se réjouir de ces offrandes de Dame Nature qui en plus détenaient des propriétés thérapeutiques importantes.

Les peuples autochtones, les Amérindiens pensaient que de par la forme de la fleur en forme d’étoile à 5 branches, c’était un don du « Grand Esprit ». Les amérindiens (Algonquins, Ojibwés) d’Amérique du Nord récoltaient et consommaient le bleuet. Cru ou cuit, ils en faisaient ce que l’on appelle du pemmican (recette typiquement amérindienne constituée de graisse animale, de moelle animale, de viande séchée et réduite en poudre, ainsi que de petits fruits) et le conservaient dans de la graisse animale ou encore le faisaient sécher pour le consommer l’hiver. Ils faisaient, respirer les fumées de branches brûlées où utilisaient les fleurs de l’espèce Vaccinium angustifolium pour calmer les crises d’angoisses et les accès de folie. Ils employaient les feuilles pour la purification du sang, la colique infantile, après une fausse couche ainsi que pour induire le travail chez la femme enceinte.

myrtilleLes peuples du Nord de l’Europe eux aussi utilisèrent la myrtille, durant les longs mois d’hiver pour emmagasiner énergie et vitamines.
Les Grecs de l’Antiquité connaissaient la myrtille à laquelle ils prêtaient diverses propriétés médicinales. Ces propriétés thérapeutiques ont été vantées pour la première, par Dioscoride, toujours lui, qui la préconisait pour combattre les effets de la diarrhée. Au Moyen Âge Hildegarde de Bingen mentionnait les propriétés de la myrtille. À cette époque, les vertus de la feuille sont mises à jour dans le traitement des diarrhées, dysenterie et divers autres maux comme pour interrompre la lactation par exemple, soulager le symptôme du scorbut.

Lors de leur arrivée en en Amérique du Nord, les premiers colons en découvrant cette petite baie, le bleuet qui ressemblaient étrangement à la myrtille ils lui attribuèrent les mêmes vertus.
La baie de myrtille aurait par ailleurs une action sur la circulation sanguine. Elle aiderait notamment à soulager les problèmes liés à une mauvaise circulation.

Ce que l’on sait surtout aujourd’hui, c’est que ces fruits ont une action sur les problèmes de circulation sanguine et sur certaines maladies de l’œil.
Sur le plan historique ce que l’on retient surtout au sujet de la myrtille, ce sont ces aviateurs britanniques de la Royal Air Force qui consommaient des baies de myrtille et de la confiture de myrtilles pour aiguiser leur acuité pendant les vols de nuit. En effet, riche en flavonoïdes, elle facilite la régénération du pigment rétinien et améliore l’adaptation de l’œil à l’obscurité.

Un peu de botanique

myrtilleLe mot myrtille vient du latin myrtus issu du grec murtos. Malgré cette ressemblance, la myrte et la myrtille n’ont aucune parenté biologique. En effet la myrte rappelle le goût du genévrier, mais se présente sous le même aspect, petit arbrisseau qui donne de petites baies.

La myrtille commune (Vaccinium myrtillus), fait partie de la famille des Ericaceae et se présente sous la forme d’un sous-arbrisseau vivace et rampant, de 20 à 60 cm de hauteur. Il forme des fourrés nains en dressant des rameaux verts et glabres, à section triangulaire et à angles très saillants. Ils portent des feuilles simples, caduques, finement dentées, d’un vert clair virant au rouge à l’automne avant de se détacher. D’avril à juin, s’épanouissent de petites fleurs qui font penser à de petites campanules renversées, roses ou blanc verdâtre, solitaires ou par paire. Le fruit est une baie comestible globuleuse, bleu noirâtre, légèrement pruineuse, à chair violette de saveur acidulée sucrée de 6 à 6 mm de diamètre qui sont en premier lieu vertes pour devenir violettes puis bleu noir. La récolte s’effectue de juillet à octobre selon les régions.

La culture et la récolte

myrtilleLa myrtille pousse dans les forêts et les zones montagneuses de 400 à 2500 m d’altitude. L’arbuste aime les sols riches en humus ou siliceux. Grâce à ses stolons souterrains, la myrtille peut coloniser d’impressionnantes surfaces.

Cet arbuste est souvent présent sur des sites où des feux de forêt se sont produits. C’est le cas au Québec, ou de grandes bleuetières sauvages se sont vraiment étendues après de grands incendies qui ont complètement décimé d’anciennes pinèdes notamment au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou après le déboisement systématique. Grâce à ses stolons souterrains, la myrtille peut coloniser d’impressionnantes surfaces.

De nos jours la myrtille sauvage (Vaccinum myrtillus) reste localisée dans les massifs de Vosges, Cévennes, Limousin. Ces zones doivent être entretenues pour permettre aux arbustes de se développer et de fournir une quantité suffisante de myrtilles.
Elles sont récoltées manuellement à l’aide de peignes spéciaux, puis sont ensuite vendues à des coopératives ou autres collecteurs.

Culture de la myrtille en France

myrtilleLes myrtilles cultivées en France appelées aussi « myrtilles arbus tives » sont toutes d’origines américaines. La Myrtille sauvage, fait l’objet de recherches aux USA en 1908, par le Docteur Cole. Le développement de ces travaux de sélection à partir des espèces sauvages, aboutit à la création de nombreuses variétés « domestiquées » (environ 70) présentant chacune des caractéristiques spécifiques, suivi en 1910, des recherches du botaniste américain Frederick Corville qui ont permis de sélectionner des myrtilles pour créer des variétés plus faciles à cultiver. Les premières cultures se font en Amérique du Nord vers 1920 puis seront introduites en Europe, notamment en Allemagne, qu’en 1933 et sa production a débuté en France au début des années 80. Néanmoins, en France, les premiers essais comportementaux ont été mis en place en 1972, à l’INRA d’Angers. Les premiers vergers d’essai ont été implantés en Limousin, puis en Anjou, dans les Landes et autres régions propices à cette culture.

À présent, l’Europe est le deuxième producteur mondial de myrtilles, derrière l’Amérique du Nord, la région du Québec et du Maine aux États-Unis produisant à elle seule 90% de la production mondiale. La production et la transformation du bleuet occupent une place de choix dans l’industrie agroalimentaire nord-américaine (fruits frais ou congelés, confitures, gelées, sirops, etc.)

Attention

Lors de la cueillette des myrtilles sauvages, il faut veiller aux myrtilles ramassées près du sol. Elles ont pu être infestées par les déjections animales, notamment celles de renards et peuvent transmettre à l’homme « l’échinococcose alvéolaire« . C’est un parasite qui s’attaque au foie. Autrefois c’était très grave et la personne infestée pouvait même décéder, mais aujourd’hui un traitement par « l’albendazole » peut stabiliser l’évolution. Pour réduire les risques de contamination, il est préférable de la manger cuite plutôt que crue, car ni le lavage ou la congélation, ne tuent le parasite. À la cuisson, il est détruit. Cela reste cependant assez rare, mais il faut prendre ses précautions et être vigilant.

La myrtille et notre santé

La myrtille est très peu énergétique avec 50 kcal pour 100 g et très peu sucré et riches en fibres.
Toute la plante, de la racine, aux feuilles et fruits a des propriétés curatives distinctes et reconnues.

Les propriétés de la myrtille

Un trésor pour la Vision
Les baies de myrtille sont riches en bioflavonoïdes plus particulièrement en anthocyanidines (400 à 500 mg/100 g) qui favorisent la production de rhodopsine ou pourpre rétinien, présent dans les bâtonnets, qui sont avec les cônes l’un des deux types de cellules photoréceptrices présents dans la rétine. Cette substance est essentielle à la vision nocturne et a pour effet d’augmenter l’acuité visuelle.

Circulation sanguine
Ces pigments anthocyaniques présents dans la myrtille sont également très bénéfiques sur la microcirculation veineuse. Elles sont recommandées contre l’insuffisance veineuse, les varices, la couperose, les hémorroïdes et les troubles de la circulation veineuse liés à la ménopause. Les flavonoïdes complètent cette action et apportent une action antiseptique et anti-inflammatoire à côté des composants phénoliques aux propriétés anti-oxydantes.

Antioxydant
myrtilleLes myrtilles ont un contenu élevé en antioxydants. Les antioxydants jouent un rôle important, celui de gendarmes face aux radicaux libres qui sont impliqués dans l’apparition des maladies cardiovasculaires et neuro-dégénérative, du vieillissement de la peau et de certains cancers en plus de stimuler le système immunitaire.

La vitamine E, est un antioxydant très important, protecteur des cellules du corps, notamment les globules rouges et les globules blancs (cellules qui font partie du système immunitaire) qui aurait des effets protecteurs contre les maladies cardiovasculaires, le diabète et l’hypertension.

Infections urinaires
Dans ce cas, une étude in vitro a démontré qu’une fraction des flavonoïdes de la myrtille pouvait empêcher la bactérie E. Coli (la cause des infections du système urinaire) d’adhérer aux parois du canal urinaire.

La myrtille est une grande source de A, B, C et P de même que divers acides organiques et oligo-éléments tels que : chrome, cuivre, magnésium, manganèse et zinc.

La consommation d’extraits de myrtille améliore également la rétention d’eau et soulage les crampes dues à une mauvaise circulation.

Applications thérapeutiques

Les racines (en automne)
Utilisées en décoction et en compresses, ces dernières ont des propriétés antiseptiques, ce qui en décoction puis en compresse permet de lutter contre les infections bactériennes de la peau.
Leur vertu astringente remédie aux inflammations chroniques de l’intestin, de même qu’aux diarrhées.

Les feuilles (au printemps) (poudre, gélules, ou décoction 30 g de fleurs séchées dans 1 l d’eau).
Elles contribuent à lutter contre les infections urinaires, intestinales et cutanées. Le bacille et le colibacille dit d’Elbert, responsable de la typhoïde n’y résistent pas. Leurs pouvoirs hypoglycémiants et vasculoprotecteurs (dus à une teneur riche en chrome) sont des atouts précieux contre le diabète. La diminution significative du taux de glucose dû au pigment bleu foncé (de la famille des anthocianidines), en fait une véritable « insuline végétale ».

Liqueur de myrtilles
Faire macérer 250 g de baies dans un litre d’eau-de-vie pendant 20 J, au chaud. Remuer chaque jour, passer, filtrer.
Contre la diarrhée prendre une cuillerée à soupe le matin, à 16 heures et au coucher.

On retiendra donc que la consommation des myrtilles est un véritable bienfait pour notre organisme.

Pour notre vue
Améliore la vision nocturne, en augmentant la capacité à mieux voir dans l’obscurité,
Protège contre les dangers d’une exposition prolongée aux écrans d’ordinateur ou de télévision,
A une action en faveur de la microcirculation oculaire, comme l’hamamélis,
Diminue la fatigue visuelle,
Prévient de la dégénérescence maculaire, comme le bleuet
Prévient et apporte une correction des cataractes,
Prévient contre les glaucomes

Pour notre bien-être
Prévient du cancer et des maladies dégénératives,
Protège les tissus du cerveau,
Prévient de l’athérosclérose, des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux,
Améliore des troubles de la circulation du sang comme les varices, les hémorroïdes ou la phlébite,
A une action bénéfique contre la diarrhée
A une action sur la fragilité capillaire
A une action bénéfique dans le traitement des infections urinaires et des calculs rénaux.

Une véritable pharmacopée a elle seule.

Le saviez-vous

Autrefois, les baies de Myrtille étaient utilisées comme colorant pour teindre les étoffes en rouge. À l’époque Romaine, elles remplaçaient le rouge du pourpre réservé à la haute société.

La myrtille en cuisine

La myrtille peut se consommer fraîche où utilisée en pâtisserie pour réaliser des tartes et divers gâteaux. La traditionnelle tarte aux myrtilles est la plus connue qu’elle soit alsacienne, savoyarde ou vosgienne, elle reste une gourmandise très appréciée en France. Outre-Atlantique le muffin aux myrtilles est un classique de la pâtisserie nord-américaine. On peut également utiliser les myrtilles pour faire des confitures, des sirops, des sorbets, des tisanes, de l’eau-de-vie, des liqueurs et même du vin.
Dans le cadre d’un plat sucré-salé on pourra fort bien associer une confipote de myrtille à un magret de canard par exemple.

Quelques recettes avec la myrtille

Tarte aux myrtilles

Ingrédiens

  • myrtille1 pâte brisée (maison)
  • 1 pâte brisée faite maison pour moi
  • 200 g de farine
  • 100 g de beurre
  • 5 cl d’eau
  • 1 pincée de sel
  • 500 g de myrtilles (fraîches ou congelées)
  • 80 g de sucre en poudre
  • 80 g de poudre d’amande
  • 10 cl de crème
  • 2 œufs

Préparation

  • Préchauffez le four à 200°
  • Dans un cul-de-poule mettez la farine et la pincée de sel.
  • Travaillez la farine et le beurre du bout des doigts.
  • Incorporez l’eau et malaxez-bien jusqu’à obtenir une boule.
  • Filmez avec du film alimentaire et laissez reposer environ 30 mn.
  • Étalez délicatement la pâte au rouleau et foncez un moule à tarte, piquez avec une fourchette.
  • Réservez.
  • Répartissez les myrtilles sur la pâte, sans décongeler les myrtilles si elles sont congelées.
  • Battez les œufs entiers avec le sucre et la crème.
  • Versez sur les myrtilles.
  • Enfournez 35 à 40 mn environ à 210°.

Panna cotta aux myrtilles

Ingrédients pour 4 verrines

  • myrtille400 ml de crème (j’ai pris de l’allégée à 12%)
  • 40 g de sucre en poudre
  • 4 g d’agar-agar
  • 40 ml d’eau
  • ½ gousse de vanille
  • 100 g de myrtilles
  • coulis de myrtilles

Préparation

  • Portez à ébullition la crème, le sucre et la gousse de vanille fendue en deux.
  • Ajoutez l’agar-agar, remuez ,et poursuivez la cuisson quelques instants.
  • Versez dans des verrines transparentes et réservez au réfrigérateur pendant 1 heure le temps que la panna cotta se solidifie.
  • Répartissez ensuite une cuillère à soupe de myrtilles et du coulis de Myrtille.
  • Remettez au frais jusqu’au moment de servir.
Jackie Thouny
Conseillère en loisirs culinaires, Voiron (Isère) France

Principales sources

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4 Commentaires
  1. Jocelyne dit :

    J’adore la tarte aux myrtilles, la confiture de myrtille, mais sous prétexte de lutter contre la diarrhée, ça constipe!

  2. martine dit :

    Intéressant cet article.

  3. Jackie dit :

    Merci ma Jacqueline.En ce qui me concerne, j’Adooooooore tout simplement.

  4. Jacqueline Drevet dit :

    La myrtille est un fruit que l’on trouve très facilement en Franche-Comté (j’y suis) et le bluet, un fruit vosgien (du moins pour la France et j’y suis aussi…) alors oui, je m’en régale souvent quand la saison est venue…
    Ton article est excellent de précision… je ne connaissais pas tout loin de là… merci à toi
    Jacqueline

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