L’hydraste du Canada

Une plante essentielle dans notre pharmacie verte

Laissez-moi vous présenter aujourd’hui ma plante chou-chou de l’hiver, l’une des plus efficaces pour prévenir et traiter les principales infections auxquelles nous risquons d’être confrontés.
Les herboristes contemporains peuvent à peine contenir leur enthousiasme envers l’hydraste, un réel soigne-tout mais surtout un puissant antibiotique et un antiseptique efficace.
L’hydraste est également la plante préférée des homéopathes. Ils la prescrivent à leurs patients pour soigner l’alcoolisme, l’asthme, l’indigestion, le cancer, les hémorroïdes et les maladies du foie.

Je vous la présente donc l’hydraste

Noms communs :framboise de terre, racine à la jaunisse.
Nom botanique :hydrastis canaensis, famille des renonculacées.
Nom anglais :goldens al, Yellow root, Indian Tumeric, Eye root.
Parties utilisées :racine et rhizomes récoltés à l’automne.

L’hydraste du Canada est une plante sauvage qui pousse dans certaines parties des États-Unis et du sud de l’Ontario (Canada), mais qui est devenue une espèce en danger en voie de disparition car elle a été trop récoltée.
Elle est maintenant cultivée mais, étant une plante de sous-bois, ne peut se cultiver en pot, chez soi.

Usages anciens

Cette plante a une racine jaune que les Amérindiens emploient depuis des siècles, soit pour teindre leurs vêtements ou pour se teindre la peau d’une couleur, tirant sur le rouge, soit comme plante médicinale. Remède de première importance pour les natifs amérindiens ils s’en servaient pour toutes blessures, plaies saignantes, comme baume pour les yeux, contre le mal de gorge, les troubles digestifs, pour se rétablir et, contre les hémorragies, après un accouchement. Les Amérindiennes du Canada l’utilisent depuis des siècles pour la circulation des jambes ou, plus simplement, pour éloigner les insectes.

Les premiers colonisateurs l’adoptèrent et la plante connut un âge d’or après la guerre de Sécession ; les médecins éclectiques la recommandaient en :
• application externe pour soulager les hémorroïdes, les fissures rectales, la conjonctivite, l’eczéma, les furoncles, les blessures,
• application interne comme stimulant digestif, pour traiter les rhumes, l’amygdalite, la diphtérie, les problèmes utérins, l’hémorragie du post-partum, les troubles digestifs ainsi que comme tonique pendant la convalescence de toute maladie grave.

Sa demande monta en flèche la rendant l’une des plantes médicinales les plus coûteuses des États-Unis On la ramassa tellement qu’elle disparut presque du pays et comme elle devint rare, on la falsifia.
Elle est cultivée de nos jours mais coûte toujours très cher et la falsification reste toujours un problème d’actualité.

Usages modernes

L’engouement pour cette puissante plante de premiers soins rejaillit de nos jours pour en faire une des plantes antiseptiques les plus demandées et les plus vendues.

Elle contient au moins 2 importants principes à action antibiotique large spectre : la berbérine et l’hydrastine..

Les recherches en laboratoire ont surtout porté sur les effets séparés de la berbérine et de l’hydrastine. Très peu ont été effectuées sur la plante entière, dont les effets sont plus que la somme, de ses constituantes.

La plupart de ses mises en garde portent donc sur la berbérine.
Enfin, on confirme la plupart des ses usages traditionnels.

1. Antibiotique
C’EST SURTOUT grâce à cette propriété que l’hydraste est si populaire : utilisée au début des symptômes d’une infection, elle peut l’enrayer dans les heures qui suivent : dès les premières doses on ressent l’évolution de l’infection. Il n’est donc pas rare que la fièvre se manifeste un peu plus ; c’est normal, le système immunitaire est activé.

Grâce à son contenu en berbérine et hydrastine, elle est un puissant antimicrobien qui agira très efficacement à la manière d’un antibiotique, autant en interne qu’en application topique externe. Elle peut aider à combattre les infections bactériennes, fongiques et protozoaires. Elle tue de nombreuses bactéries qui causent la diarrhée, les protozoaires qui provoquent la dysenterie et de nombreuses études montrent qu’elle lutte également contre la bactérie du choléra.

C’est donc une plante à réserver comme première ligne d’attaque contre une infection soudaine (mal de gorge, gingivite, infections buccales et dentaires, laryngites, pharyngites, bronchites, sinusite, conjonctivite, infections vaginales bactériennes, prostatite, MTS ou sur une plaie pour éviter qu’elle ne s’infecte et dégénère).

Je vous cite le résultat de recherches concernant la berbérine
Divers essais in vitro et sur des animaux de laboratoire menés au cours des années 1970 et 1980 ont démontré que la berbérine avait une activité antibiotique à large spectre qui est parfois plus importante que celle des antibiotiques d’ordonnance classique, contre une impressionnante variété de bactéries, protozoaires et champignons pathogènes responsables de nombreuses infections courantes chez l’humain : staphylocoques, E Coli, chlamydia, diphtérie, salmonelle, choléra pneumocoque, pseudomonas, otites notamment, dysenterie, candidose.

On a récemment noté que les principaux alcaloïdes, outre la berbérine que renferment la racine et les rhizomes d’hydraste, possédaient des propriétés antimicrobiennes similaires.
Les recherches semblent indiquer que ces alcaloïdes, plutôt que de tuer les pathogènes, comme le font les antibiotiques classiques, inhiberaient leur adhésion aux tissus cellulaires, les empêchant ainsi de s’installer dans l’organisme.

2. Stimulant immunitaire
La berbérine tue non seulement les microbes, elle renforce également le système immunitaire en augmentant le nombre de globules blancs qui absorbent les micros organismes responsables de la maladie.

Ce dernier effet est le plus intéressant. L’hydraste possède un effet impressionnant. Son impact globulaire au niveau lymphatique sur les macrophages est si important, que lorsque l’organisme est infecté, le patient peut s’attendre à observer une augmentation de la température corporelle (fièvre) de même que des sueurs abondantes.

Il semble que certains des alcaloïdes de cette plante, dont la berbérine, auraient pour effet de stimuler l’activité des macrophages. Ceux-ci ont pour fonction de détruire les cellules cancéreuses et les tumeurs, en les englobant pour ensuite les absorber et finalement les digérer.

3. Inflammation des voies biliaires
On a démontré que la berbérine pouvait stimuler la sécrétion de la bile et de la bilirubine : une étude clinique portant sur des patients souffrant de cholécystite chronique a démontré qu’un traitement à la berbérine faisait disparaître les symptômes de la maladie en 24 à 48 heures.

4. Inflammation des voies urinaires
Les alcaloïdes de l’hydraste se concentrent dans la vessie et peuvent par conséquent entrer en contact avec les pathogènes qui s’y trouvent ce qui expliquerait son efficacité pour le traitement des infections urinaires.

5. Santé des femmes
Certaines études sur des animaux révèlent que la berbérine semble détendre l’utérus, cette découverte confirme l’usage traditionnel que l’on faisait de cette plante pour interrompre le débit menstruel excessif et l’hémorragie du post-partum.
Les herboristes lui reconnaissent aussi une propriété hémostatique pour arrêter tous saignements excessifs.

Utilisation

Par voie interne :
15 à 20 gouttes de teinture mère aux 2 heures pour 24 heures au début des symptômes d’infection

Par voie externe :
Gargarisme ou rince-bouche : avec l’infusion de Teinture mère diluée de moitié pour les inflammations des muqueuses de la bouche, pharyngite, maux de gorge.

Inflammation des voies nasales : bain nasal : aspirer par le nez, une narine à la fois, puis recracher par la bouche, 3 à 4 fois par jours avec la TM diluée.

Congestion oreille moyenne : extrait liquide pour inflammation et congestion de l’oreille moyenne ; mélanger quelques gouttes de TM à un peu d’huile d’olive et verser dans l’oreille infectée, de 3 à 4 fois par jour.

Douche vaginale : 20 gouttes dans 2 tasses d’eau bouillie et tiédie.

Compresses oculaires : avec l’infusion de TM contre toutes suppurations et infections des yeux.
Compresses imbibées d’une infusion de TM sur des surfaces atteintes si inflammations cutanées abcès ou blessures.

Personnellement je l’utilise surtout comme antibiotique dans des infections soit en interne ou en externe. De temps à autre, je l’utilise comme stimulant hépatique pour les foies lents. Mais pour cette indication, j’aurai essayé l’artichaut avant.

Teinture-mère
La teinture mère se vend en boutique de produits naturels seule ou en association avec l’échinacée. La prise en association peut être utile dans les premiers symptômes au début de la saison mais n’est pas à répéter car l’effet de l’échinacée diminue avec l’usage prolongé.

Il est possible d’extraire soi-même la teinture-mère à partir de la poudre de racine qui se vend en gros chez les producteurs de plantes médicinales pour les thérapeutes. C’est ce que je fais pour fabriquer moi-même ma teinture-mère.

Précautions
L’hydraste est une plante dont il ne faut pas abuser : on l’utilise au besoin pour un maximum de 2 semaines, à raison de 2 à 6 traitements par jour.
A doses très élevées, la plante pourrait provoquer des convulsions et une hyperstimulation du système nerveux central.
Un usage prolongé à des doses élevées pourrait provoquer une élévation des taux de globules blancs, et interférer avec le métabolisme de la vitamine B.

Contre-indication

Grossesse et allaitement : certains alcaloïdes de l’hydraste pourraient en théorie provoquer des contractions utérines et devraient donc être évités durant la grossesse.
L’hydraste pouvant passer dans le lait maternel, on pourrait craindre qu’il affecte le foie du nouveau né et provoque un ictère.

Jaunisse et troubles du foie : la berbérine pourrait exacerber cette maladie puisqu’elle ferait augmenter, pense-t-on les taux de bilirubine qui sont déjà anormalement élevés chez les individus atteints de jaunisse.

Interactions

Avec des plantes : elle est un antagoniste de l’eucalyptus.
Avec des médicaments : elle pourrait en théorie ralentir la dégradation de certains médicaments au niveau du foie. Cependant, aucun cas clinique n’a été rapporté à ce jour.

En Conclusion

C’est une plante d’une très grande utilité thérapeutique qui peut être utilisée en prévention ou en traitement d’un grand nombre d’infections.

En voyage, c’est une "indispensable" prête à servir aux moindres signes de gastro-entérite, de rhume ou d’infections de plaies.

Considérant les effets de l’hydraste pris à forte dose, il est donc préférable de demander conseil à un praticien expérimenté pour ce qui est de la dose et du mode d’emploi.

Finalement, il sera toujours prudent de consulter un médecin si les symptômes d’infection persistent après 1 semaine.

Suzanne Bouchard
Naturopathe diplômée, membre de l’APNN :
Expérience et formation :
– Infirmière, Herboristerie, Naturopathie, Soins énergétiques.
– Bilans de santé et élaboration de plans de d’action individualisés avec les personnes.
tél. : 418-286-6353
courriel : suzanne.bouchard@ globetrotter.net