Énergie-matière, selon l’Ayurveda
appelée Prana, à même de produire la matière…
Rétablir la bonne circulation de cette énergie
viendrait à bout de tous nos maux.
Lors de l’article précédent nous avons vu que l’Ayurveda est à la fois un système de santé, l’un des plus ancien au monde, et une philosophie de vie. Dans le sens ou appliquée de manière harmonieuse, ses principes deviennent un art de vivre, en rythme avec sa nature profonde (Vata-Pitta et Kapha) et celle qui nous entoure. Nous avons également abordé les principes de base, l’énergie-conscience à l’origine de la matière. Je vous emmènerai un peu plus loin dans cet article à ce sujet.
L’Énergie-matière
Puis nous avons continué avec les 5 éléments (Panchamahabuthas) et les tridoshas ou humeur : Espace+Air=Vata, Feu+Eau=Pitta et Terre+Eau=Kapha. Ainsi que le concept de santé selon l’Ayurvéda et du nécessaire équilibre entre les Doshas, Prakriti notre constitution Doshique donnée à la conception, et Vrikriti notre état du moment.
Au cours de cet article nous allons revenir sur différentes bases et conceptions de l’Ayurveda, comme l’Energie, l’Esprit, l’Âme, l’Ego, le Mental. Pour cela nous allons retourner vers la Création et le lien énergie-matière selon l’Ayurveda, une vision du macrocosme. Puis nous aborderons de système énergétique des nadis et chakras, Prana, Tejas et Ojas qui forme l’aspect énergétique du corps humain, notre microcosme.
Ceci va nous préparer pour mieux comprendre le rôle du corps comme support d’expériences de vie, et nous mener ensuite vers la découverte et la profondeur des massages Ayurvédiques. Ce qui fera l’objet du prochain article du mois d’Août.
Alors prêts pour continuer l’aventure de l’énergie vers la matière ?
Concepts primordiaux à la vie
Purusha et prakriti ou le chemin d’incarnation de la lumière-conscience vers la matière, fait partie des concepts primordiaux à la vie.
Selon les bases de l’Ayurvéda, toute matière est issue d’énergie. Ici, je vous invite à suivre le mouvement de la conscience-énergie vers la matière, autrement dit le processus d’incarnation, de création, selon l’Ayurvéda.
À l’origine cette énergie était pure conscience et unité (Purusha). Ce concept c’est le divin, certaines traditions l’appellent Dieu, énergie de vie, conscience, nature… À vous de mettre le mot qui vous correspond au mieux pour définir ce concept. Puis le mouvement s’est immiscé et a introduit la friction, échauffement et la chaleur. Cette énergie de conscience qui était en parfaite harmonie et union s’est alors mise en mouvement, séparée et divisée en deux aspects : féminin et masculin, yin et yang, appelé purusha, l’aspect masculin et prakriti l’aspect féminin, intelligence créatrice du non manifesté. Purusha et Prakriti ont donné naissance Mahat ou Buddhi, le principe de pure intelligence cosmique. Puis à Ahamkara, l’égo ou l’individualité avec la notion de moi.
Voici un tableau pour illustrer, trouvé sur www.swamij.com.
(cliquez dessus pour l’agrandir)
Trigunas
Ahamkara a ensuite donné naissance à un autre aspect énergétique appelé Triguna. Nous sommes toujours dans le monde du non-manifesté, conscience et énergie. C’est la Trinité de trois qualités différentes de l’énergie : Sattva, Raja et Tamas. Brièvement, Sattva est en lien avec l’aspect pur de l’énergie, c’est ce qui maintien la vie et pousse vers plus de conscience. Raja est l’aspect activité. Tamas est la partie la plus stable. C’est aussi l’aspect descendant de l’énergie vers la matière, le fruit de la dégradation des choses par le temps, appelé entropie négative.
- Sattva donne naissance à Manas, l’esprit qui lui engendre les cinq sens (l’ouïe, la vue, le toucher, le goût et l’odorat), et les 5 instruments (parler, prendre, bouger, procréer et éliminer).
- Tamas quant à lui donne naissance aux Panchamahabuthas : les cinq grands éléments littéralement, que nous avons détaillés dans le précédent article. Rajas lui soutien et équilibre Sattva et Tamas. Nous retrouverons les trigunas plus tard dans l’alimentation pour décrire le type d’énergie que sous-tend l’assimilation des aliments.
Ce même processus pris dans l’autre sens correspond à l’élévation de l’âme, de la conscience, de la réalisation de Soi, de son être profond, l’illumination des bouddhistes, l’état de non ego et de pleine conscience de la méditation. C’est le but du Yoga qui signifie union, entre le corps et l’esprit, puis avec le Soi profond ou son âme-conscience-énergie, union entre sa divinité intérieure et la divinité universelle, la conscience d’où nous sommes issus, qui en tous et dans tout. À l’image de l’air contenu dans nos poumons et sa relation avec l’atmosphère qui nous baigne tous. Il s’agit bien dans ces pratiques de mettre en veille les sens, les activités, pour contacter son esprit (Manas) et retrouver son individualité profonde (Ahamkara) pour la transcender et contacter Buddhi l’intelligence et le discernement, afin d’accéder Prakriti, le non-manifesté, océan d’énergie puis Purusha la pure conscience où se fondent et n’existent plus ni le temps, ni l’espace et ou le Moi laisse la place au Soi selon la conception freudienne, à notre âme profonde Ananda.
Dans cet espace en lien avec l’âme personnelle qui rejoins l’âme universelle, les qualités de l’énergie-conscience sont : omniscience (conscience de tout), omnipotence (tout pouvoir) et omniprésence (interpénètre tout)…voilà des adjectifs que l’on retrouve dans toutes les religions pour qualifier le concept de Dieu. Ci-après, un tableau pour récapituler ces parties de notre être et la différence entre le corps, l’esprit (conscient et inconscient), l’égo, l’intellect et l’âme.
Voilà pour les aspects macrocosmiques de l’énergie. Revenons à présent dans notre corps pour voir de plus près ce qui se passe au niveau énergétique.
Au niveau de notre corps
Dans notre corps humain, notre énergie vitale est appelée Kundalini. Son siège se situe au niveau du sacrum à l’arrière du corps et du pubis à l’avant. À mesure que cette énergie est stimulée et/ou que l’être humain s’éveille au niveau conscience-énergie, celle-ci monte à travers des canaux particuliers, les trois principaux nadis. Ida, le canal gauche, en lien avec le cerveau droit qui fait fonctionner l’énergie masculine, solaire, de polarité positive, Pingala en lien avec le cerveau gauche, relaie l’énergie féminine, lunaire, de polarité négative). Et Sushumna, le canal central, le plus important lorsque la kundalini s’éveille.
Notre corps est entouré de champs électro-magnétiques et la circulation d’énergie est assurée par un réseau de 72.000 nadis, regroupés dans les 12 méridiens secondaires et associés au fonctionnement d’un organe. Les principaux carrefours d’énergie ou « roues de la vie », au nombre de 7, sont appelés chakras principaux.
Chacun d’entre eux est en lien avec un élément, un son, une couleur, un fonctionnement physiologique, une glande endocrine, énergétique, émotionnel et psychologique de la personne.
Par exemple le chakra racine, de couleur rouge, de son « Ooo » et symbolisée par un carré au niveau du périnée et des pieds (sous-chakras), est en lien avec l’énergie de la Terre, la mère qui assure vitalité, sécurité et protection comme lorsque nous sommes venus au monde. Et synthétiquement, le second chakra, Svadisthana est en lien avec l’énergie sexuelle, le plaisir et la créativité, ainsi qu’à l’élément eau. Le 3e, Manipura, en lien avec le feu, représente la fonction digestive, le rayonnement de soi, son sentiment de valeur et d’estime de soi. Le 4e en lien avec l’élément air, Anahata est le cœur et l’affection ainsi que la respiration. Le 5e la gorge, l’expression de soi, de sa vérité et la pureté ; Le 6e chakra, frontal ou 3e œil en lien avec l’intuition et le calme de mental. Le 7e chakra coronal, en lien avec le sentiment d’Union avec la vie.
Ces énergies en mouvement sont aussi également en lien avec les astres, la partie de l’Ayurvéda qui est consacrée l’étude des astres et leur influence s’appelle le Jyotish. Il est pris en considération lors de diagnostics poussés et l’ajustement des remèdes lors de traitements.
Il existe également des chakras secondaires, ou carrefour mineur de circulation énergétique et des chakras tertiaires ou points d’acupuncture. De plus 107 points marmas, points de réflexologie stimulés en acupressure, font jonction entre le corps physique et les corps énergétiques ou subtils. La stimulation de ces points marmas constitue une thérapie psycho-corporelle en soi, appelée marma-tchikitsa. Nous y reviendrons plus tard dans la partie massage ayurvédique.
D’autres aspects énergétiques en jeu
Si nous revenons aux doshas, Vata, Pitta et Kapha dans leurs aspects sublimés ont aussi une correspondance au niveau de notre énergie vitale. Ce sont les concepts de Prana, Tejas et Ojas respectivement. Ils sous-tendent les fonctionnalités communes du corps et de l’esprit et nous maintiennent en santé. Ce sont les clefs de la vitalité, de la clarté mentale et de la résistance, endurance, nécessaires pour nous maintenir sain et confiant. Au niveau subtil ils se constituent des impressions qui nous arrivent à travers nos sens. Au niveau corporel, ils se forment à partir de l’essence de la digestion des nutriments, de la chaleur et de l’air.
- Prana : La force de vie. C’est le principe énergétique de l’Air comme force maitresse de toutes les fonctions du corps et de l’esprit. Il coordonne la respiration, les sens et le mental. Et au niveau plus profond les stades d’élévation de la conscience.
- Tejas : la fougue interne : l’énergie subtile du Feu grâce à laquelle nous digérons les impressions et pensées. Il sous-tend les capacités perceptives élevées (intuition, clairvoyance, clairaudience…).
- Ojas : Vitalité originelle. L’énergie subtile de l’Eau comme réserve d’énergie vitale, l’essence de la digestion de nourriture, des impressions et pensées. Au niveau subtil, ojas soutient le calme, et nourri tous les aspects de l’Âme.
Ce qui nous emmène à une histoire dans l’histoire, une parenthèse qui va nous permettre de faire le lien avec les doshas et leurs fonctions physiologiques au niveau de la digestion et les 7 tissus corporels appelés dhatus.
Les 7 dhatus et le rôle des doshas dans la digestion
Durant la digestion, les aliments sont véhiculés (principe de mouvement, Vata) vers un organe de raffinement (estomac, vésicule, intestin grêle…), où se déroule un processus de transformation enzymatique (aspect Pitta). Là, une partie est assimilée pour nourrir tour à tour les 7 tissus appelés dhatus (Rasa, rakta, mamsa, meda, asti, majja et shukra, dans l’ordre : le sang, la lymphe, les muscles, la graisse, les os, la moelle, et la semence ou hormones de reproduction). Puis ce qui reste de ce raffinement est humidifié par Kapha, pour être transporté vers l’organe de raffinement suivant. La même opération s’ensuit, jusqu’à nourrir les 7 tissus. La sublimation énergétique de ce processus créer les aspects de Tejas et Ojas qui viennent enfin nourrir le dernier des tissus Sukra, les hormones reproductrices ou la semence, véritables récipients de notre énergie vitale.
Le bon fonctionnement des 7 tissus est primordial au bon fonctionnement du corps humain. Comme tout procédé de transformation, il n’est pas efficace à 100 %, et des toxines sont générées tout au long de ce processus. Il est donc nécessaire qu’elles puissent être librement évacuées. Ces toxines appelées malas sont au nombre de trois : la sueur, l’urine et les selles.
Nous développerons lors d’un prochain article en lien avec l’alimentation, l’importance de la bonne élimination des toxines, pour que le corps ne se pollue pas avec ses déchets. C’est ici que viennent les pratiques de nettoyages avec les kryas, de détoxication et rajeunissement avec le panchakarma (les 5 actes de régénération).
Lors du précédent article, nous avions vu les aspects et caractéristiques des trois doshas, Vata, Pitta et Kapha, notre constitution d’origine (Prakriti) qui représente l’état de santé et notre équilibre. Et notre état du moment, à un instant t, appelé vrikriti avec les déséquilibres des humeurs qu’il comporte. Revenons à présent sur quelques notions de Vrikriti et comment la maladie évolue depuis le déséquilibre des dosha-humeurs vers les symptômes :
Vrikriti
- tissus, leurs sous-produits et organes associés (dhatus et upadhatus)
- canaux de circulation ou systèmes (shrotas)
- mental (menasika)
- feu digestif (Agni)
- appauvrissement du tissu affecté qui devient faible
- augmentation du dysfonctionnement jusqu’à ce qu’il devienne excessif
- viciation le rendant de mauvaise qualité.
Les six stades du développement de la maladie
Pour passer du déséquilibre à la maladie, la perturbation des doshas passe par 6 stades. Le passage de ces différents stades peut prendre quelques heures (ex – une fièvre due à une indigestion) à des années (ex – cancer).
- Sanchaya – accumulation des doshas dans leur site de production (système digestif)
- Prakopa – aggravation des doshas
- Prasara – diffusion des doshas en dehors de leur base
- Sthana Samshraya – localisation dans les points faibles de l’organisme
- Vyakti – apparition des symptômes
- Bhéda – maladie chronique et complications
Par exemple avec l’été la chaleur s’installe dans l’environnement, le fait de continuer un rythme de vie stressant avec de nombreux voyages, de garder une alimentation basée sur les fritures et excès de viande lors de barbecue bien arrosés de rosé (pas de rosée !) contribue à aggraver Pitta. Qui aura toutes les chances de se retrouver en excès dans le corps à la rentrée de septembre. Avec l’excès de stress de la rentrée, le changement de rythme de vie, l’aspect Vata (air-vent) attisera l’aspect Pitta (feu) et l’aidera à se propager. Il pourra se diffuser dans la peau, les muqueuses, organe ou articulation (selon les points faibles de la personne), qui s’assécheront et développeront un état inflammatoire. Si rien n’est fait pour endiguer ces symptômes, alors l’aspect chronique de la maladie s’installera durablement chez la personne.
Le diagnostic ayurvédique
- les doshas, tissus et systèmes déséquilibrés
- les lieux d’apparition des troubles, de naissance et d’habitation
- la force de la maladie et du patient
- la période de manifestation de la maladie (heure / saison / durée)
- la force de caractère du patient
- la force du feu digestif
- la prakriti
- l’âge du patient
- ses habitudes
- l’avancement de la maladie
Selon le diagnostic, me médecin ayurvédique prescrira le suivi d’un protocole thérapeutique personnalisé comprenant des massages, séances de sauna, une alimentation ayurvédique personnalisée, la pratique de postures de yoga personnalisées, la pratique de la méditation, des remèdes à base de plantes, animaux, minéraux, métaux. Egalement des conseils en hygiène de vie et alimentation lorsque la personne ne séjourne pas dans l’hôpital ou clinique.
Pour conclure
Nous venons de voir qu’à l’image du macrocosme, notre corps constitué de matière-énergie est en interaction constante avec notre état d’être émotionnel, mental, comportemental, et subit l’influence de l’énergie des astres, les saisons (qui agissent les énergies, le climat et la nourriture), notre respiration (prana), notre alimentation et digestion (Tejas et Ojas), au bon fonctionnement des 7 tissus et des 5 sens et des trois doshas.
Comme le corps est à la base de tout notre Être, c’est notre temple intérieur qui abrite notre divinité notre âme, ou conscience, ainsi que notre véhicule, qui nous permet de nous déplacer et expérimenter ce monde et cette vie.
Un esprit sain dans un corps sain
De là nous comprenons la relation entre corps et esprit. Un esprit sain dans un corps sain. Et toute thérapie efficace passe par ce lien corps-énergie-esprit. C’est pourquoi des pratiques corporelles telles que le Hatha Yoga vise par le relâchement des tensions corporelles, à atteindre un état de paix mental propice à la méditation, qui tend vers l’état de samadhi ou d’union (sens du mot yoga). Union entre le corps et l’esprit, union du principe masculin et féminin, union de Soi avec un grand tout, la nature, l’éveil spirituel ou de la conscience. En se rapprochant du corps, nous nous rapprochons du spirituel.
Fort de cette relation entre le corps et l’esprit, l’énergie et la matière, comme l’a démontré Einstein plus récemment, nous pouvons maintenant explorer le monde passionnant des massages ayurvédiques dans le prochain article. Et mieux comprendre pourquoi cet aspect énergétique est si précieux pour rendre possible la vie d’un point de vue matériel.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Energie-Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Pour en savoir plus :
Ayurveda, Connaissance de la Vie
Science de la vie héritée de l’Inde ancienne, l’Ayurveda est sans doute le système thérapeutique le plus ancien (certains livres datent de plus de 5.000 ans) et le plus complet du monde. C’est une méthode pratique et concrète, une médecine, philosophie et tellement plus selon les plus éminents spécialistes.
En plus de 3 heures, ils nous font découvrir cette science qui s’appuie sur le caractère unique de chaque individu pour équilibrer et harmoniser l’être humain dans sa globalité : le corps et l’esprit sont étroitement liés. Cette série dévoile la médecine, l’alimentation, la méditation, le yoga, l’architecture, l’astrologie et d’autres thèmes ayurvédiques.